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Parcours autour du Musée d'Orsay (VII ème)

             8 février 2018

Cette semaine, "Pourvu qu'on ait livre's" réitère son incursion dans les beaux quartiers mais cette fois du côté de la Seine.

Durant cette période de crue exceptionnelle, le quartier était encore plus animé que d'habitude. Aux ministres et touristes s'ajoutaient de nombreux photographes en herbe et des parisiens curieux !

 Entre les ministères, le Palais Bourbon et le siège du PS, nous aurions pu faire un parcours très "politique" mais comme certain manque à l'appel, nous vous offrons plutôt un parcours littéraire avec Degas, Paul Valéry, Françoise Sagan et David Hockney.....

Un musée...

Musée d'Orsay

1 rue de la Légion d'honneur, 75007 Paris

 

Un très bel endroit à fréquenter régulièrement, au gré des expositions temporaires mais aussi pour prendre le temps d'apprécier les 4000 œuvres présentées en permanence.

 

Le musée d'Orsay a été inauguré en 1986. Il est installé dans l'ancienne gare d'Orsay, construite de 1898 à 1900. C'était alors le terminus de la Compagnie du Chemin de fer de Paris à Orléans, construit pour accueillir les visiteurs et les délégations pour l'Exposition Universelle de 1900.

 

Aujourd'hui musée national, le lieu a gardé le charme d'une ancienne gare avec sa grosse horloge et le vaste hall. Ses collections présentent l'art occidental de 1848 à 1914, dans toute sa diversité : peintures, sculptures, arts décoratifs, arts graphiques….

Le musée possède la plus importante collection de peintures impressionnistes et post impressionnistes au monde avec près de 1100 toiles !

Une expo...

“Degas Danse Dessin” Hommage à Degas avec Paul Valéry

28 novembre 2017- 25 février 2018

 

Une belle et intéressante expo. Le guide n'est autre que le grand poète et ami de Degas,

Paul Valéry !

C'est à travers son regard et en suivant le fil de son livre, “Degas Danse Dessin” qu'on découvre l'œuvre de l'artiste et ses sujets de prédilection : la danse et les chevaux.

La première partie de l'exposition pose les bases de l'amitié qui unit Degas et Paul Valéry.

Des photos des cercles amicaux communs qui vont favoriser leur rencontre : Mallarmé, Berthe Morisot…

On peut aussi voir ou plutôt admirer les Carnets de Paul Valéry, prémices de son entreprise éditoriale

Le reste de l'exposition est entièrement consacrée à l' œuvre de Degas.

Ses nombreux dessins, qui prouvent qu'il a assidûment suivi le conseils de Jean Auguste Dominique Ingres : “ faites des lignes... beaucoup de lignes, soit d'après souvenir soit d'après nature”.

En ce qui concerne les thèmes, la section 3 sur la danse m'a plus touchée que la section 4 sur le cheval. Toiles, dessins et sculptures captant un mouvement de danse ou même un instant de préparation, dégagent une émotion particulière.

Enfin il ne faut pas manquer “la petite danseuse de 14 ans”. Si vous avez lu le livre de Camille Laurens, qui lui rend un bel hommage, vous aurez envie de la voir. Si vous ne l'avez pas lu, vous aurez envie d'en savoir plus sur son jeune modèle...

Petite balade sur les quais....

Après le musée, on peut prendre l'air en flânant sur le quai Voltaire. Une belle vue sur le jardin des Tuileries et le Louvre qui se trouvent sur le quai d'en face.

Ponts et bouquinistes renforcent le charme de l'endroit.

C'est aux alentours du 16e siècle, avec des petits marchands colporteurs que naît la tradition des bouquinistes.

En 1649, un règlement interdit les boutiques portatives et l'étalage de livres sur le Pont-Neuf.

Ce règlement est établi, d'une part sous la pression de la corporation des Libraires, mais aussi parce que le pouvoir de l'époque est attaché à limiter les marchés parallèles qui échapperaient à la censure.

II faut attendre Napoléon et l'embellissement des quais, entrepris à cette époque, pour que les bouquinistes s'installent du quai voltaire au pont Saint-Michel.

Les pouvoirs publics les reconnaissent et ils obtiennent le même statut que les commerçants publics de la ville de Paris.

Pour se restaurer...

Le Drop café

36 rue de Bellechasse

Nous sommes géographiquement tout près de notre parcours “rue de Grenelle” du 13 novembre 2017.

Les prix ne sont pas moins ministériels que ceux que “Pourvu qu'on ait livre's” avait déjà indiqués pour ce quartier.

Le Drop café fait plutôt exception en proposant des plats à des prix moins élevés que ses voisins. Dans un décor et une ambiance de bistrot d'antan, on est bien accueilli et on mange bien. Seul bémol, c'est un peu petit.

 

Des croquess à 10 ou 12 €, des burgers à 15 €, excellent café gourmand à 8€

Une librairie...

La librairie Albin Michel, 229 boulevard Saint-Germain, 75007 Paris

 

Les petites librairies sont souvent très charmantes, les grandes, comme celle présentée ici, sont... envoutantes !

Il n'y a pas de mystère, quand il y a de la place, de nombreux livres sont mis à l'honneur. Présentés par la première de couverture, ça en jette ! On pourrait rester ici pendant des heures. Étant donné le large choix d'ouvrages, vous ne ressortirez pas les mains vides.

Trois livres...

La petite danseuse de 14 ans, de Camille Laurens

stock, 2017

 

Elle est célèbre dans le monde entier, mais combien connaissent son nom ?

On ne sait que son âge, 14 ans, et le travail qu'elle faisait.

Dans les années 1880, elle dansait comme petit rat de l'Opéra de Paris. Elle a été renvoyée après quelques années de labeur, le directeur en ayant eu assez de ses absences à répétition.

C'est qu'elle avait un autre métier et même deux, parce que les quelques sous gagnés à l'Opéra, ne suffisaient pas à la nourrir. Elle était modèle et posait pour des peintres, des sculpteurs. Parmi eux, il y avait Edgar Degas.

 

 

Un très beau livre, intelligent et sensible. Ce n'est pas un roman puisque Camille Laurens, même si elle émet des hypothèses de vie de cette petite danseuse, refuse d'inventer sa vie, de broder autour des éléments connus.

C'est le récit d'une quête, l'auteur veut voir au-delà de la sculpture, qu'on peut admirer à Washington, Paris, Londres ou New York ...Camille Laurens souhaite découvrir ce qu'était la vie et la destinée de Marie Geneviève Van Goethem.

La narration de cette quête est émouvante, l'auteur nous entraîne dans son désir de savoir. C'est aussi l'occasion de replonger dans l'histoire de notre société.

Deuxième moitié du 19e siècle , on oscille entre les milieux artistiques avec Degas et populaires avec sa jeune modèle. Il est donc question du travail des enfants. Victor Hugo se bat à cette époque,  pour une diminution du temps de travail mais on est encore loin de l'interdiction.

 

Marie-Geneviève Van Goethem, issue d'une famille très pauvre, multiplie les “petits boulots”. À cette époque, entre dans cette catégorie la fonction de petit rat de l'Opéra.

On est aux antipodes de la belle image du fast de ce milieu prestigieux. Les jeunes filles y sont exploitées, gagnant peu et subissant des conditions d'entraînement terribles.

Parallèlement, le monde artistique semble ambigu dans ses rapports à l'art et à l'humain.

D'un côté, Degas se préoccupe plus de sa sculpture que de son modèle, d'un autre côté les critiques, ou même le public, confondent sans état d'âme,  l'objet et le modèle.  Plaquant sur Marie Geneviève des traits de caractère décelés sur sa représentation : la laideur de la pauvreté, le vice...

Camille Laurens nous offre de passionnantes pages d'histoire sociale à travers une destinée individuelle, mais ô combien représentative d'une société : classe populaire, vie des enfants, image des femmes au 19e siècle.

On peut difficilement rester indifférent ou insensible à ce livre.

Jours brûlants à Key West

de Brigitte Kernel, Flammarion 2018

 

Avril 1955, Françoise Sagan, 19 ans est en tournée promotionnelle aux États-Unis. Fatiguée par le rythme Intense de cette tournée, elle ne veut plus quitter sa chambre d'hôtel.

Tennessee Williams qui est en train de corriger “La Chatte sur un toit brûlant” l'invite alors à le rejoindre à Key West où il demeure. Il n'est pas seul. Franck Merlo, son amant vit aussi au 1431 Duncan Street ainsi que Carson McCullers,  l'auteure du roman culte ”Le cœur est un chasseur solitaire” dont l'état de santé est inquiétant, qui vient de s'y installer pour un temps indéterminé.

 

Un livre qui plaira à ceux qui aiment être plongés au plus près des grands noms de la littérature. Ceux qui préfèrent les histoires à leurs auteurs s'abstiendront.

J'ai toujours trouvé la personnalité de Françoise Sagan plus intéressante que ses romans ! C'est avec plaisir que j'ai retrouvé le “charmant petit monstre”.

 

Loin de Saint-Germain-des-Prés, c'est dans la chaleur de Key West, avec toute sa légèreté et fraîcheur, que nous allons la suivre sur les 15 jours où sa seule présence va bouleverser la vie de ses hôtes.

Le roman est construit comme un témoignage. Ce sont les entrevues de Frank Merlo en 1963, juste avant de mourir, à une écrivaine qui nous sont comptées ici.

Des quatre, c'est Franck Merlot le moins connu artistiquement.

Acteur, il laisse peu de films derrière lui et restera surtout dans les mémoires comme le compagnon, durant 15 ans, de Tennessee Williams.

Brigitte Kernel lui rend ici un bel hommage, faisant de lui le personnage principal de cette histoire.

L'auteure brosse des portraits sensibles de chacun.

La fin de l'histoire d'amour entre Merlo et Williams, le caractère parfois épouvantable de Carson McCullers, et le trouble que la jeune Sagan sème chez chacun, créent un certain suspense.

Bon, il me faut vous prévenir tout de même, ce suspense n'est pas insoutenable et il n'y a pas de grandes révélations !

En tous les cas, malgré un peu trop de répétitions (peut-être pour faire durer le plaisir !?) ce roman offre un moment de lecture agréable, intelligent et sensible.

 

Vie de David Hockney

de Catherine Cusset, Gallimard, 2018

 

À mi-chemin du roman et de la biographie, Catherine Cusset dresse un portrait intime du peintre anglais vivant le plus connu.

Né en 1937, dans une petite ville du nord de l'Angleterre, David Hockney a dû se battre pour devenir un artiste.

 

Une lecture agréable et enrichissante pour qui s'intéresse à la peinture.

Trois aspects courrent tout au long du livre : la recherche créatrice, le contexte (lieu, époque...) et la vie intime du peintre

Si les deux premiers aspects sont plutôt réussis, le troisième laisse parfois perplexe et sujet à caution.

Catherine Cusset prévient le lecteur dès la première page quant à la construction de son livre. Les événements sont vrais mais elle a inventé sentiments, pensées et dialogues.

Les sentiments amoureux prêtés par l'auteur à David Hockney sont la plupart du temps difficiles à suivre voire peu intéressants sauf en ce qui concerne sa première grande histoire d'amour avec Peter.

La vie artistique de David Hockney est plus riche.

C'est une vie entière de création et de recherche artistique. Portraits, paysages, petits formats, très grands formats, peintures, photos, décors de théâtre ….il a tout fait, cherchant inlassablement à aller au bout de ses idées.

“Vie de David Hockney” nous fait également traverser continents et époques : entre Londres et Los Angeles, d'une société étriquée au microcosme gay , des années sida au Patriot Act qui l'amène indirectement à retourner vivre en Angleterre.

 

Voilà un livre bien écrit qui reflète (peut-être un peu trop ?) l'admiration de l'auteur pour son sujet et qui à mon avis doit être lu avec une petite dose de recul.

Deux films...

3 Billboard, les panneaux de la vengeance

de Martin McDonagh avec France McDormand, Woody Harrelson, Sam Rockwell

1h 56, drame, Grande-Bretagne

 

Après des mois sans que l'enquête sur la mort de sa fille ait avancé, Mildred Haye prend les choses en main, affichant un message controversé visant le très respecté chef de la police, sur trois grands panneaux à l'entrée de la ville.

 

Plus drame que comédie, c'est l'ironie qui fait le sel de ce film et qui permet, par la même occasion de faire baisser la tension causée par la bêtise humaine et l'ultra violence. II y a des frères Cohen dans ce film, à la différence que chez ces derniers, la rédemption si chère à l'esprit anglo-saxon, n'est pas de mise. C'est peut-être ce qu'on regrette ici !

 

Cela dit, le film est outrancier à souhait. Les victimes ne sont pas toutes de “belles” personnes. Mildred Haye n'est ni une mère modèle, ni une citoyenne très attachée aux libertés individuelles.

 

D'un autre côté, les désignés salauds ne le sont pas forcément.

 

On est donc loin des stéréotypes américains avec les bons, les méchants et le super-héros.

L'Amérique profonde est décrite dans toute son horreur : racisme, homophobie, impunités policières, violence à tous les niveaux. On aimerait que cela soit une caricature mais... j'en doute !

Ce film pose de sérieuses questions sur la société américaine et si on sourit parfois, on en ressort passablement troublé.

“Pourvu qu'on ait livre's” a plutôt apprécié ce fuking film qu'il faut voir en fucking VO, dans un fucking cinéma indépendant !!

C'est en effet le mot le plus prononcé dans le film ! Il est mis à toutes les sauces et ses traductions sont diverses et variées qu'on parle de quelqu'un, d'un lieu, d'un cheeseburger ou d'un pull ...

Wonder Wheel de Woody Allen

avec Kate Winslet, James Belushi, Justin Timberlake, Juno Temple

1h41, drame, USA.

 

 

Wonder Wheel croise les trajectoires de 4 personnages, dans l'effervescence du parc d'attraction de Coney Island, dans les années 50.

 

Pour les fans de Woody Allen, le dernier film sorti n'est jamais le meilleur !

Difficile pour un cinéaste aussi prolifique d'être toujours au top !

Si Wonder Wheel n'est pas le meilleur sur l'ensemble de sa carrière, il est tout de même assez réussi.

La qualité de l'image est très soignée, les couleurs sont parfaites, faisant de cette production un bel hommage au cinéma des années 50.

 

Parallèlement, on est dans un véritable drame grec. Les jeux de lumière appuient cet aspect de théâtralité. La psychologie des personnages est largement fouillée.

Comme toujours, le verbe à une large place (si ce n'est la première) et on assiste à une véritable séance de psychanalyse.

Tous les sentiments humains sont passés au peigne fin : l'ennui, la déception, la jalousie, les regrets...

Kate Winslet est parfaite, catalysant à une seule, toutes les névroses chères au cinéaste.

 

Le dernier quart du film s'avère toutefois un peu long. On préssent largement ce qu'il va se passer mais cela dure juste pour.... durer !

Personne n'échappe à la règle tacite sur la durée théorique d'un film. Avec le cinéma d'aujourd'hui, il semble qu'on puisse faire long, toujours plus long mais rarement plus court que les 1h40 réglementaires !

... pourquoi pas ?

... vraiment pas mal

... à ne pas manquer

... à fuir !

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