top of page

Parcours spécial :  "Des femmes artistes"

 1 mai  2020

Pourvu Qu'on Ait Livre's a eu envie de vous proposer un parcours sur trois artistes féminines.

Le point commun entre Frida Kahlo, Camille Claudel et Dora Maar, n'est certainement pas uniquement d'appartenir au sexe dit « faible » !

Ce sont trois femmes qui, nous semble-t-il, sont redécouvertes du grand public pour ce qu'elles sont, c'est-à-dire des artistes à part entière et pas uniquement pour les symboles dans lesquels on les a enfermées.

Elles sortent de l'ombre d'un homme et ce n'est pas anecdotique.

Frida Kahlo n'est pas qu'un portrait sur un sac en tissu, ni même que l'épouse du grand peintre mexicain Rivera.

Camille Claudel n'est pas que la maîtresse de Rodin. Dora Maar n'est pas que « la femme qui pleure » de Picasso.

 

Les musées sont fermés et ce n'est pas par sadisme que nous vous en proposons ici. Les liens permettent la visite virtuelle de chez soi…. c'est moins sympa, il manque le petit café avant et le petit resto après... mais c'est mieux que rien.

Bonne lecture

Frida Kahlo

frida5.jpg

Une belle évocation de Frida Kahlo de Julie

Une expo...

frida.jpg

Visite virtuelle de l'expo

Un film...

frida2.jpg

Frida de Julie Taymor avec Salma Hayek, Alfred Molina, Geoffrey Rush,

2h 00, biopic, drame, Mexique Canada.

 

 

« Un film qui retrace la vie mouvementée de Frida Kahlo, artiste peintre mexicaine du 20e siècle qui se distingua par son œuvre surréaliste, son engagement politique en faveur du communisme et sa bisexualité. Le film se concentre également sur les relations tumultueuses de Frida avec son mari, le peintre Diego Rivera »

 

Un beau film pour une belle femme. Salma Hayek est parfaite dans ce rôle, on n'imaginait pas Frida autrement. Le film retrace les grands événements de la vie, hors du commun, d'une femme à la fois politisée et artiste à part entière.

 

Il est bien évident, qu'en deux heures, il est impossible d'explorer toute la vie de Frida Kahlo, tant cette vie a été tumultueuse, riche en épisodes heureux comme terriblement malheureux.

Le film est plutôt bien fait, ne pouvant pas tout développer, il balaie l'ensemble du parcours de Frida et ne met en lumière que certains axes. On peut regretter ces choix mais cela reste très subjectif, selon qu'on soit sensible à l'artiste ou à la féministe, à la Frida libre ou au contraire à l'amoureuse passionnée de Diego Rivera.

En tous les cas, le film de Julie Taymor montre l'essentiel. Le point de départ étant ce terrible accident de bus qui laissera à Frida un corps brisé qui la fera souffrir tout au long de sa vie. Allongée durant de longs mois, la peinture devient un réel moyen d'exister.

Contrairement à beaucoup de femmes artistes, la peintre ne sacrifie rien. Elle veut l'art et l'amour. Son mari, Diego Rivera, l'artiste mexicain le plus connu, la fera largement souffrir par ses multiples infidélités.

Par contre, dans le domaine de l'art, il l'a dès le départ, avant même leur relation, considérée comme une artiste à part entière. Frida artiste, ne vivra jamais son art dans l'ombre de son mari.

Je ne vais pas vous faire la liste des différentes étapes de la vie de Frida, évoquées dans le film. Elles sont connues ou vous aurez le plaisir de les découvrir.

On peut, sans divulgâcher, souligner le bel esthétisme du film. Les couleurs éclatantes sont le reflet de la force et de la vitalité de Frida. Les scènes dans lesquelles les tableaux de l'artiste sont animés sont très belles et d'une grande originalité.

 

Les admirateurs de Frida Kahlo seront heureux de passer un agréable moment à ses côtés. Ceux qui ne la connaissent pas auront certainement envie de poursuivre cette découverte.

Un livre...

IMG_3824.JPG

Rien n'est noir de Claire Berest

Stock, 2019

 

"Frida parle haut et fort, avec son corps fracassé par un accident de bus et ses manières excessives d'inviter la "muerte" et la "vida" dans chacun de ses gestes. Elle jure comme un charretier, boit des trempées de tequila, et elle ne voit pas où est le problème.

Frida aime par-dessus tout Diego, le peintre le plus célèbre du Mexique, son crapaud insatiable, fatal séducteur, qui couvre les murs de fresques gigantesques.”

 

Un bel hommage à Frida Kahlo qui a largement été une femme hors norme. La vie de cette femme est un poème : souffrance, passion, liberté, création... et c'est un peu comme un poème qu'est écrit ”Rien n'est noir”. C'est beau mais parfois l'aspect poétique, l'accumulation de métaphores et d'images m'ont semblé trop forcés.

Comme un tableau, les grands événements de la vie de Frida sont introduits par une nuance de couleur : bleu, rouge, jaune, noir. On suit avec une certaine passion le destin de cette femme dont le corps ne sera que douleur.

À 18 ans, elle est victime d'un terrible accident de bus, décrit magistralement par Claire Berest. Colonne vertébrale fracturée en trois endroits, clavicule cassée, des côtes brisées, la jambe droite fracturée en 11 endroits, pied droit broyé, épaule gauche démise, bassin fracturé, abdomen transpercé... après cette énumération, on ne peut qu'être admiratif face à cette femme qui malgré tout veut danser, aimer, créer !!

On assiste à la naissance d'une artiste. Frida peint comme un passe-temps et il lui faudra des années pour se vivre comme une artiste peintre.

Car avant tout, elle ne se sent que l'amoureuse de Diego Rivera.

Si beaucoup de moments de sa vie sont intenses voire dramatiques, il n'en sont pas moins empreints d'humour. On s'amuse d'une Frida, colorée de ses jupons mexicains, avec ses fleurs dans les cheveux, lançant, mine de rien, des provocations à la table des Rockefeller. On sourit de la voir détester André Breton qu'elle perçoit comme un petit dictateur du surréalisme.

Si Claire Berest nous peint une Frida au caractère bien trempé, on regrette de ne pas autant voir la Frida féministe et très politisée.

 

Dans ”Rien n'est noir”, on retient surtout l'amoureuse complètement dépendante de sa passion pour Diego. Il me semble que c'est un peu restrictif.

En téléchargement en version numérique sur de nombreuses plateformes. Évitez le grand méchant A

Camille Claudel

Un musée...

Musée Camille Claudel

10 rue Gustave Flaubert

10 400 Nogent Sur Seine

Quel plus bel hommage que de faire un musée Camille Claudel à l'endroit même où ses talents de sculptrice ont été découverts ?

Ouvert en mars 2017, c'est un très beau musée, spacieux, lumineux, il offre à voir de magnifiques sculptures.

L'organisation de la visite aiguise la curiosité car avant d'admirer les œuvres de Camille Claudel, on nous propose les clés pour mieux comprendre l'artiste et son époque.

Les différentes salles sont thématiques : de Marius Joseph Ramus à Alfred Boucher, formation et techniques en sculpture, l'âge d'or de la sculpture française, les représentations du mouvement, l'atelier de Rodin et enfin ...celle pour qui on a fait le déplacement !

L'audioguide vous permettra de replacer chaque oeuvre dans son contexte historique ou plus personnel : de “la Vieille Hélène” à “la Petite Châtelaine”, de “la Valse” à “l'Implorante”........

Rien de plus normal que Camille Claudel partage son musée avec d'autres artistes. Si elle savait sculpter dès son plus jeune âge (vers 13 ans) et avant même d'avoir un professeur, c'est Alfred Boucher qui a découvert son talent et l'a poussée vers Paris puis vers Rodin.

Alfred Boucher (1850-1934) est un sculpteur et un peintre. Son père, ouvrier agricole,  s'installe à Nogent sur Seine en 1859, au service du sculpteur Joseph Marius Ramus. Remarqué par ce dernier, Alfred Boucher deviendra son assistant et sera présenté à Paul Dubois, sculpteur  renommé, natif de Nogent sur Seine, qui l'encouragera dans sa vocation d'artiste.

Nogent sur Seine semble un vrai vivier de sculpteurs talentueux !

Il faut visiter ce beau musée :

Si vous aimez la sculpture.

Si vous voulez en apprendre plus sur la sculpture.

Si vous aimez Camille Claudel.

Si vous voulez découvrir Camille Claudel.

Si vous êtes féministe..........

Ou tout simplement si vous voulez passer une journée à la campagne !

Expo Camille Claudel

Expo Camille Claudel

Voir

Trois livres...

IMG_3866.JPG

Une femme, Camille Claudel, sculpteur, de Anne Delbée,

Fayard, 1998

 

"À la fin du 19e siècle, une jeune fille de 17 ans qui veut être sculpteur, c'est inconcevable voire scandaleux. Or Camille se lance dans l'aventure à corps perdu. Un jour de 1883, elle rencontre Auguste Rodin. Le maître accepte de la prendre comme élève. Bientôt il deviendra son amant. Suivent quinze années d'une liaison passionnée et orageuse d'où Camille sortira épuisée et vaincue...

Elle mourra en 1943, à l'asile de Montdevergues, après un terrible internement qui aura duré 30 ans."

Si les toutes premières pages sont très littéraires, voire se perdent dans les méandres de la littérature... les suivantes sont passionnantes et ce jusqu'au bout !

Il faut dire que Camille Claudel est un personnage hors norme. Son désir de sculpter l'habite depuis sa plus tendre enfance et très vite on sent que folie et création sont si intimement liées, qu'il ne faudra qu'un pas pour basculer dans la première.

À 13 ans, “elle est grande, élancée... mais ses yeux lui font peur, une volonté de fer que rien ne peut briser. On pourrait la tuer qu'elle ne changerait pas d'avis”

Camille avance à contre-courant de cette fin de siècle.

Une femme doit être coquette, elle a de la terre sur sa robe.

Une femme doit se marier, elle ne vit que pour sculpter.

Une femme ne doit pas avoir d'amant, elle sera la maîtresse de Rodin durant 15 ans.

L'auteure nous fait vivre totalement tous ces aspects de la vie de Camille Claudel.

De plus, c'est avec un grand intérêt qu'on assiste à la création (conditions, contexte...) des plus belles sculptures de l'artiste : les Causeuses, la Valse...

Il en est de même pour Rodin avec les Bourgeois de Calais, la Porte de l'Enfer ou encore son Monument à Balzac.
Les chapitres sont séparés d'extraits de lettres que Camille adresse à son frère depuis l'asile, du coup à chaque moment de l'histoire, on ne peut oublier que tout cela finira mal .

Comment supporter d'être en permanence dans l'ombre du maître alors qu'elle sculptait comme Rodin, avant même de savoir qui il était !

Un très beau livre, un beau portrait qui rend hommage à une artiste trop longtemps dans l'ombre.

En téléchargement en version numérique sur de nombreuses plateformes. Évitez le grand méchant A

IMG_3867.JPG

Camille et Paul de Dominique Bona

Grasset, 2006

 

"Fièvre, passion, génie. C'est sous les signes de feu de la création et de la destruction qu'ont vécu les Claudel : Camille le sculpteur, Paul le poète. Cette biographie évoque leurs rapports fusionnels. Camille, intransigeante, affronte les incertitudes de l'art et de la vie de bohème.

Paul trompe son mal de vivre dans les voyages et l'exotisme, en Chine, au Brésil au Japon."

Un travail de recherche historique et littéraire remarquable. Un livre passionnant.

Avec les Claudel, c'est toute la vie sociale et artistique du tournant du 20e siècle qui se déroule sous nos yeux.

Dominique Bona retrace les épisodes de leurs vies tourmentées, de leur naissance à la mort.

Leur enfance dans une famille où les tensions sont fréquentes.

Camille et Paul seront soutenus par leur père, prêt à tout pour les aider à développer leur art mais se verront refuser l'amour de leur mère, qui jusqu'au bout leur préférera leur sœur Louise, plus conforme à ses attentes classiques.

Leurs vies sont romanesques, car tout est excessif chez eux. Camille ne fait rien sans passion : la sculpture, l'amour , la rupture.

Paul pour s'éloigner ira jusqu'en Chine ! Il ne se contentera pas de se tourner vers la religion, il se fanatisera.

Malheureusement pour Camille, l'égalité homme-femme n'est pas de mise.

Certes, elle et son frère sont des génies mais Camille aura à souffrir d'être une artiste dans un domaine d'homme.

Au fil des pages, je n'ai pu m'empêcher de prendre fait et cause pour Camille et ressentir douloureusement toutes les injustices qu'elle a subies.

Parallèlement, je me suis mise à détester Paul. Son fanatisme religieux est insupportable et “ses amers regrets” d'avoir abandonné sa sœur dans un asile d'aliénés durant 30 ans sont bien tardifs et inutiles.

Un livre à lire absolument, si on veut en savoir plus sur cette grande artiste qui était Camille Claudel, trop longtemps oubliée.

En téléchargement en version numérique sur de nombreuses plateformes. Évitez le grand méchant A

Bande dessinée, Camille Claudel de Éric Liberge et Vincent Gravé,

édition Glénat, 2012

Paris en 1951, Paul Claudel est interrogé par des journalistes à propos du destin exceptionnel de sa sœur, disparu 8 ans plus tôt, la sculptrice Camille Claudel. Son frère raconte son génie mais aussi sa folie.

 

Cette biographie, sous forme d'une bande dessinée est un très bon travail.

La première de couverture est absolument magnifique. Certains dessins sont de véritables petits chef-d'œuvres qui auraient leur place auprès des sculptures de Camille Claudel.

Cet ouvrage rend un bel hommage à la femme qui a combattu jusqu'à l'extrême pour être reconnue et vivre de son art.

C'était un pari osé de vouloir raconter la vie si riche et si tumultueuse de Camille Claudel en 70 planches... le pari est réussi !

Deux films...

Camille Claudel 1915 de Bruno Dumont

avec Juliette Binoche, Jean-Luc Vincent

2013, 1h35, biopic, France.

 

La Vie recluse de Camille Claudel, internée par sa famille en 1914, dans un asile du sud de la France.

 

Un film austère !

Pour aller au bout, il faut s'accrocher un peu et être un minimum préparé quant au contenu du film.

On n'apprend rien sur le travail de Camille Claudel, artiste, on suit ce qui sera son quotidien durant 30 ans, dans un asile et c'est terrible. Peu d'acteurs professionnels, les pensionnaires sont de véritables malades psychiatriques et les sœurs, leurs infirmières hors caméra !

Du coup, on a souvent l'impression de suivre un reportage sur l'internement.

Juliette Binoche joue très bien. On sent le désarroi du Camille mais aussi ses déséquilibres.

En cela, le film pose parfaitement bien la question qui forcément nous effleure : les délires paranoïaques de Camille Claudel méritaient ils qu'elle vive cet enfer durant 30 ans ?

 

Il n'en reste pas moins qu'il est difficile de ne pas s'ennuyer à regarder la pauvreté du quotidien de Camille Claudel dans cet asile : se faire à manger, contempler avec des plans sans fin le mur du cloître ou le paysage balayé par le Mistral.

De même qu'il est difficile de ne pas être heurté et mal à l'aise à l'observer subir les cris des pensionnaires qui l'entourent.

VOD : http://www.allocine.fr/film/fichefilm-196715/telecharger-vod/

Camille Claudel de Bruno Nuytten avec Isabelle Adjani; Gérard Depardieu

 

 

Camille Claudel voue ses jours et ses nuits à sa passion, la sculpture. Soutenue par son père,  la famille s'installe à Paris. Engagée comme apprentie par Rodin, ils deviennent vite amants. Camille devient son égérie et ravive son imagination. Parallèlement, elle travaille de plus en plus pour lui…

 

Il me semble bien qu'il y a une vingtaine d'années, ce film m'avait assez plu.

C'est beaucoup moins le cas aujourd'hui. Un de nous deux a mal vieilli !!?

Après avoir lu un certain nombre d'ouvrages sur Camille Claudel, j'ai eu du mal à me départir de certains faits absents du film. De même, je ne suis pas parvenue tout à fait, à faire abstraction des images je m'étais créée par la lecture.

J'ai bien conscience que ce film a été couronné par plusieurs César.

Pourtant j'ose l'écrire, certaines scènes sont très mal jouées aussi bien par Adjani que par Depardieu.

Peut-être parce que certaines confrontations n'ont pas eu lieu et que l'on fait dire aux acteurs des choses qui ont été écrites, dans des correspondances, dans les mémoires de proches... ?

De plus la bande-son est insupportable. Couvrant parfois les voix, elle irrite le plus souvent par son style ampoulé. On essaie de nous servir du grandiose où on aimerait de la sobriété.

Malgré tout, certains passages sont très émouvants. C'est à chaque fois avec plaisir que l'on retrouve les plus belles œuvres de Camille Claudel et de Rodin.

 

Dora Maar

Une expo...

IMG_1223.JPG

Dora Maar, l'œil ardent

Centre Pompidou

 

Née en 1907 d'un père croate, architecte et d'une mère française, Henriette Dora Markovitch a vécu durant son enfance à Buenos Aires.

Devenue Dora Maar, elle commence sa carrière d'artiste comme photographe de mode.

Cette exposition est la plus grande rétrospective présentée en France.

C'est une très belle illustration de son travail découvert à travers les livres (voir dans la rubrique Livres : “Je suis le carnet de Dora Maar” et “Guernica 1937”.)

On suit avec plaisir le parcours d'une véritable artiste qui aurait pu laisser un plus grand souvenir dans l'histoire de l'art, si l'ombre de Picasso et ses dérives n'avaient pas été si prégnantes.

Le Centre Pompidou, avec plus de 500 œuvres et documents, couvre toutes les époques de l'artiste : la mode, l'adhésion au groupe des surréalistes, son engagement (photographies des milieux populaires à Barcelone, Londres et Paris).

 

Sa rencontre avec Picasso l'amène à la peinture. Ses œuvres, d'abord très marquées par le cubisme, vont se modifier après leur rupture.

 

Dans la dernière partie de sa vie, Dora Maar s'oriente de plus en plus vers l'abstraction et finit par mêler photographie (qu'elle avait abandonnée) et peinture.

Cette ultime travail, quelle n'avait montré à personne, semble surtout s'apparenter à des recherches picturales.

 

Une expo riche et très intéressante.

Visite exclusive de l'exposition Dora Maar

Visite exclusive de l'exposition Dora Maar

Lire la vidéo
podcast dora maarExpo Dora Maar
00:00 / 59:30

Un Podcast de France Culture

Un livre...

P1010378 - Copie (2).JPG

Je suis le carnet de Dora Maar de Brigitte Benkemoun 

stock, 2019

 

“Il était resté dans la poche intérieure du vieil étui en cuir acheté sur Internet. Un tout petit répertoire, comme ceux vendus avec les recharges annuelles des agendas, daté de 1951.

A : Aragon, B : Breton, Brassaï, Braque... À chaque fois, leur numéro de téléphone, souvent une adresse. Vingt pages où s'alignent les plus grands artistes de l'après-guerre. Qui pouvait bien connaître et frayer parmi ces génies du 20e siècle ?”

 

Un livre qui commence comme une enquête littéraire et qui se transforme en roman biographique d'une grande originalité.

L'enquête littéraire n'est qu'une amorce, son intérêt n'est pas dans ”à qui appartient ce carnet ?” puisque le titre du livre nous le dit mais plutôt dans “comment remonter la piste ?”

L'auteure nous embarque dans ses recherches : ses joies, ses déceptions, son obsession deviennent les nôtres.

Une fois établi qu'il s'agit du carnet de Dora Maar, on pénètre dans une recherche biographique passionnante. Ce livre n'est ni chronologique ni thématique, les entrées se font à partir des noms trouvés dans le répertoire.

Chacun de ces noms sera l'occasion d'explorer un pan de la vie de Dora Maar.

Éluard qui viendra à son secours lorsqu'elle perdra pied. Dubois,préfet, un espèce” d'anti Papon” oublié par l'histoire.

À la lettre P, un plombier grâce à qui on découvre l'aménagement de l'atelier de Picasso, rue des Grands Augustins.

Ce livre nous fait évoluer dans un monde d'artistes qui m'a captivée. L'art semblait alors bouillonnant, on cherche, on intellectualise, on débat...

Les retours sur les années d'occupation révèlent pour certains les engagements, pour d'autres une passivité douteuse.

 

En cheminant dans ce répertoire, c'est le portrait de Dora Maar qui se dessine sous nos yeux. Une femme complexe chez qui on observe une transformation sans vraiment comprendre pourquoi, chaque piste ne reste qu'une hypothèse.

Comment cette femme d'extrême gauche qui a brandi le poing contre le fascisme de Franco a-t-elle pu finir sa vie dans un sentiment religieux radical, antisémite, exposant Mein Kampf dans sa bibliothèque ?

Comment cette femme artiste, photographe et peintre, a-t-elle pu se laisser détruire par sa passion pour Picasso ?

L'empathie qu'on ressent pour “la femme qui pleure” se transforme petit à petit en dégoût pour cette vieille recluse qui sombre dans le mysticisme.

 

Si on n'a pas toutes les réponses, on découvre progressivement une artiste qui n'a pas été que la maîtresse de Picasso.

Ce dernier, une fois de plus, joue bien son rôle de génie mais semble bien vachard dans ses amitiés et amours

 

“Je suis le carnet de Dora Maar” est un très bon livre pour qui veut croiser Picasso, Eluard, Aragon, Cocteau, Giacometti, Prévert... et j'en passe !

En téléchargement en version numérique sur de nombreuses plateformes. Évitez le grand méchant A

... pourquoi pas ?

... vraiment pas mal

... à ne pas manquer

... à fuir !

bottom of page