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Parcours au Pied de la Tour (Montparnasse) 

22 mars 2018

Aujourd'hui, Montparnasse est pratiqué comme un quartier de magasins et de sorties : restos, cinés, théâtres...

Ce parcours veut souligner qu'il a été aussi un quartier d'artistes. Avant Montmartre c'est au pied de la Tour actuelle et dans ses environs qu'on pouvait croiser peintres et sculpteurs. Du temps de Camille Claudel, il y avait encore dans le quartier des granges qui pour quelques sous se sont transformés en ateliers.

Pour raviver la mémoire de cette époque, il faut se rendre dans l'allée du 21 avenue du Maine. Le lieu est absolument charmant et on aimerait qu'il soit un peu plus vivant. De 1915 à 1918 il y avait ici la “cantine des Artistes” fréquentée par Picasso, Modigliani, Chagall, Matisse, Soutine, Braque, Apollinaire...

Aujourd'hui, ces lieux ont été réhabilités en ateliers d'artistes et espaces d'expositions.

 

À noter, également dans le coin, le musée de la Poste, actuellement fermé pour rénovation. Il continue à proposer des expositions de qualité “hors-les-murs” (voir notre parcours Colonel Fabien saison 2007-2017)

Depuis le 7 avril 2016, le musée de la poste confie la palissade de ses travaux à des street- artistes. En ce moment, c'est le travail de Tarek Benaoum, autour de représentation de facteurs de toutes les époques. Des bulles d'expressions, au calligraphies très esthétiques y sont placés.

Un musée...

Le musée Bourdelle

18 rue antoine-Bourdelle, 15e

 

Un beau petit musée, assez peu fréquenté alors que, non seulement il vaut le détour, mais qu'en plus l'entrée est gratuite !

Le hall des plâtres est très impressionnant. Les sculptures y sont d'une dimension gigantesque. On reste sans voix devant le “Monument au général Alvear” (1913-1923). La sculpture finale est élevée sur une des places centrales de Buenos Aires. L'oeuvre a été commandée par la République argentine en hommage au chef de l'indépendance du pays. La statue équestre est posée sur un piédestal de 14 m !

Le jardin est,  quand a lui,  charmant, l'atelier est très émouvant. Le lieu reste imprégné de la mémoire d'une époque mais surtout du labeur d'un artiste.

Contigüe à l'atelier, une pièce est consacrée aux explications plus pédagogiques sur les différentes étapes de la conception d'une sculpture.

Une vidéo et des panneaux mettent en lumière le travail d'équipe nécessaire à la sculpture.

Antoine Bourdelle, aujourd'hui moins connu que Rodin, mérite pourtant qu'on s'intéresse à son travail. Né en 1861, mort en 1929, Antoine Bourdelle a eu pour maître Falguière, célèbre sculpteur.. En 1893, il entre comme praticien dans l'atelier de Rodin. Il le quitte en 1908 et affirme son style.

Antoine Bourdelle n'aura de cesse de créer et d'enseigner son art. Il aura pour élève Giacometti.

Pour se restaurer...

La Forge, 63 boulevard de Vaugirard 15e

 

On y dine dans un cadre chaleureux et convivial. On navigue entre le chalet de montagne et les spécialités alsaciennes. Le service est sympathique et efficace. Flamenkuche aux alentours des 10/12 €

Une librairie...

La librairie Odessa

20 rue d'Odessa, 14e

 

C'est très petit, mais cette librairie a le mérite de résister alors même qu'à quelques dizaines de mètres, “ L'oeil écoute” a définitivement mis la clé sous la porte.

 

La librairie Odessa est une librairie de quartier très sympa avec un accueil agréable et professionnel.

Deux livres...

L'enfant perdue de Elena Ferrante

Gallimard, 2018

 

À la fin de “Celle qui fuit et celle qui reste”,  Lilla montait son entreprise d'informatique avec Enzo et Elena réalisait enfin son rêve : aimer Nino et être aimé de lui.

 

On nous promettait une fin en apothéose... ma déception a été à la mesure de cette promesse.

Le parcours est long, au troisième volume mon intérêt s'était assez largement émoussé, je n'attendais plus qu'une vraie conclusion et j'ai eu l'impression de n'avoir qu'une pirouette.

J'ai trouvé toute la première partie ennuyeuse et agaçante. Les Amours de Nino et Elena sont cousus de fil blanc et seule cette dernière reste aveugle alors même que le lecteur a déjà tout compris !

 

La seconde partie est nettement meilleure. Les différents personnages de la saga redeviennent un subtil moyen de brosser un tableau passionnant, à la fois social et politique, de l'Italie.

On suit avec intérêt et effarement la vie du “quartier”, ses codes, sa violence, la difficulté d'en sortir totalement.

Ce n'est pas qu'une enfant qui est perdue, mais aussi des illusions et des espoirs.

On observe, dans les pages de Ferrante, les violences entre fascistes et communistes, l'instabilité politique liée aux manigances des uns et des autres, et l'omniprésence de la mafia à tous les niveaux.

Il me semble que c'est surtout cette toile de fond qui fait la qualité de cette saga. L'histoire de l'amitié fusionnelle et complexe entre les deux héroïnes était très bien appréhendée dans le tome 1.

Dans les ouvrages suivants, les successions de brouilles, éloignements, rapprochements, deviennent dangereusement monotones.

“L'amie prodigieuse” reste le meilleur des quatre volumes car liant harmonieusement, sphère privée et publique.

Le chagrin d'aimer de Geneviève Brisac,

Grasset, 2018

 

“On écrit pour comprendre ce que l'on ne comprend pas. Quand j'écrivais “Vie de ma voisine”, mon héroïne me parlait de sa mère. L'amour d'une mère. Je mesurais mon ignorance dans ce domaine. Ma mère n'en savait ni les mots, ni les gestes.

Je suis donc partie sur les traces d'une petite fille grecque et arménienne et de sa mère, danseuse orientale et apatride, à Paris dans les années 20. Ma mère ne voulait rien savoir de son passé. Il a fallu que j'enquête et que je l'invente. Que je trouve les mots pour la retrouver. C'est ce livre,  “le chagrin d'aimer”.

Après avoir beaucoup aimé son précédent ouvrage, mon sentiment est en demie-teinte pour celui-là.

Certains passages m'ont laissée perplexe, l'identification des personnages et des références m”échappant totalement.

Cependant, entre ces moments de flou, j'ai beaucoup apprécié le style et le propos.

Geneviève Brisac tisse avec humour, tendresse, incompréhension, et parfois même exaspération, un subtil portrait de sa mère.

Ce court récit intimiste dévoile une femme plutôt originale. On mesure la difficulté pour sa fille, de se construire face à l'égoïsme et à l”exentricité d'un tel personnage !

Malgré tout, on ne peut s'empêcher de sourire en imaginant cette “passionnaria” de la cigarette, qui a en horreur les bébés, mais aussi de “tous ces imbéciles d'adultes qui bétifient devant eux”.

Geneviève Brissac cherche les raisons qui poussent cette femme à ne pas entrer dans son rôle de mère  et qui semble plus faite pour la féminité que pour la maternité.

L'auteur en a souffert mais il n'y a absolument pas d'apitoiement dans ces pages.

C'est un portrait lucide et, au fond, assez aimant,  d'une femme dont au final, on ne comprend pas bien les fondements de son côté fantasque et narcissique.

Un théâtre...

Le Guichet Montparnasse

15 rue du Maine, 14e

 

Tout petit théâtre, mais charmant et bénéficiant d'une programmation variée, le Guichet Montparnasse organise aussi des cours.

Ce théâtre a 30 ans ce qui fait à son actif : plus de 600 spectacles, plus de 300 comédiens,  plus de 20 000 représentations et enfin plus de 400 000 spectateurs !

Une pièce...

Je suis Dreyfus dans l'affaire

Texte et mise en scène de Nathalie Ganem avec Sarah Denys et Thierry Simon

du 27 janvier au 15 avril 2018

 

 

15 octobre 1894, un officier juif français est accusé de trahison. La vie de Lucie et d'Alfred Dreyfus bascule.

Commence alors la célèbre affaire qui portera leur nom et qui occupera toute la France.

Mais au-delà de sa dimension idéologique et politique, que sait-on des victimes et de ce qu'elles ont vécu ? Cette pièce leur donne enfin la parole.

 

Une très bonne pièce à aller voir avec des adolescents. Ce spectacle a été créé d'après les souvenirs et la correspondance d'Alfred et Lucie Dreyfus. Il y a donc deux aspects qui s'offrent à nous sur scène. Un volet très pédagogique qui permet de comprendre le déroulement de cette terrible affaire et parallèlement une dimension profondément humaine et personnelle.

 

Le Capitaine Dreyfus est un officier juif victime d'une collusion de multiples et odieux facteurs : antisémitisme, mensonges de l'armée, trahison, manque de courage politique...

 

Mais c'est aussi un homme,  aimant et aimer de sa femme et de ses enfants, un homme qui aime son pays et qui croit en sa justice.

“Mon colonel, j'ai tout supporté pendant cinq ans dans l'unique but de sauver l'honneur de mon nom. Ce but, je suis convaincu que je l'atteindrai aujourd'hui grâce à votre loyauté et à votre justice!”

 

Les deux acteurs sont excellents et la mise en scène sobre est particulièrement réussie.

Alfred et Lucie, séparés pendant 12 ans, sont réunis sur la même scène,  évoluant parallèlement à travers leurs lettres et pensées intimes.

Le passage où il est question du célèbre “J'accuse” de Zola est d'une belle intensité.

 

On peut reprocher à la pièce quelques anachronismes, (j'ai rêvé que mon pays.....fait-elle dire à Zola, je suis Dreyfus,...) mais il sert le propos général, cela peut donc ouvrir le débat et évoquer d'autres injustices.

Un film...

Razzia de Nabil Ayouch avec Maryam Touzani, Arieh Worthalter et Amine Ennaji.

1H 59, Drame, France.

 

À Casablanca, entre le passé et le présent, cinq destinés sont reliées, sans le savoir. Différents visages, différentes trajectoires, différentes luttes mais une même quête de liberté.

 

Un bon film en ce qui concerne le fond mais dont on regrette les faiblesses pour ce qui est de la forme.

Nabil Ayouch à voulu embrasser l'ensemble de la société marocaine de 1980 à 2015. N'était-ce pas un peu trop ambitieux ? Où le montage est-il à revoir ? Toujours est-il que cela donne un aspect souvent trop décousu voire même parfois confus.

 

Cela dit, le sujet est très intéressant. Nabil Ayouch porte un regard pessimiste sur la société marocaine et nous en présente un visage bien inquiétant. Les interdits sont ici plus culturels, qu'imposés par une force religieuse ou institutionnelle. Tous les milieux paraissent atteints par des images et fonctionnements archaïques. On semble pourtant loin de l'État islamique iranien. C'est donc d'autant plus troublant de constater qu'il s'avère normal d'interdire à sa femme de travailler ou de fumer, d'être considéré comme homosexuel si on est fan du groupe Queen, de choisir un partenaire sexuel en fonction de sa religion ... la liste est bien trop longue et passablement déprimante.

Chacun des destins qu'a choisi de nous faire suivre Nabil Ayoub est touchant. Ma préférence va tout de même à l'instituteur d'un petit village de l'Atlas. Son histoire, à la fois belle et triste, est mise en valeur par des paysages majestueux. Son destin est le point de départ de la réflexion du film. Dans les années 1980, l'état entend reprendre le contrôle de l'ensemble du territoire. Cela passera, notamment, par l'école où la langue arabe est imposée et ou certaines matières disparaissent, comme la poésie pour les plus jeunes, où la philosophie et la sociologie pour les étudiants.

Pour Nabil Ayouch, les répercussions de ces changements se font sentir jusqu'à Casablanca en 2015.

... pourquoi pas ?

... vraiment pas mal

... à ne pas manquer

... à fuir !

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