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Escapade à Porto

14 février 2017

“Une ville de tous les contrastes, baroque dans l'âme”

Mario Claudio (écrivain né à Porto en 1941)

 

Les escapades sont une proposition de parcours sous un angle culturel et en aucun cas une liste exhaustive de tout ce qu'il y a à faire.

Je vous propose ici un parcours citadin sur une journée.

Il existe une multitude de parcours possibles à Porto : la mer côté surfeurs, la mer côté port, les parcs ou encore les caves de Porto…

En tous les cas, quel que soit le parcours de votre choix, prenez de bonnes chaussures. Les pavés sont partout et si il est vrai que, “sous les pavés la plage” mieux vaut réserver les tongs pour la Praia Motosinhos car en ville, les pentes sonr raides !

Bonne promenade !

Casa da Musica

Petite visite...

Rua Miguel Bombarda

Ce départ est totalement subjectif, (mon hôtel était dans la rue d'à côté) par contre le déroulé du parcours suit un ordre géographique. Pour cette première rue, certains guides vous promettent une foultitude de galeries de jeunes créateurs et de bars animés. On est loin du compte dans la réalité.

Pavilhao Rosa Mota. Jardin des sentiments.

Un très beau jardin en terrasse avec plein de recoins où il est facile de se perdre. La vue sur le fleuve est splendide. Sur ses hauteurs, le Pavilhao Rosa Mota, un dôme hémisphérique accueille diverses manifestations. Durant mon passage, une foire aux livres s'y tenait.

Jardin da cordoaria

Un jardin public qui égaie le carrefour où se trouve un hôpital et un tribunal. Le jardin est bordé de statues en bronze réalisées par Juan Munoz. Elles figurent des personnages rieurs ou moqueurs. C'est très original mais dommage que ce soient plusieurs fois les mêmes personnages.

Centro português de fotografia.

L'ancienne prison de Relaçâo. (18e siècle) abrite aujourd'hui le musée de la photo (voir dans la rubrique “musée”)

Ingreja e Torre dos Clérigos.

À priori, la référence du baroque à Porto. Une église de forme oblongue avec une tour de 75 mètres de haut. C'est impressionnant mais pas particulièrement beau.

Praça de Liberdade

Larges trottoirs qui mènent jusqu'à l'édifice néoclassique de la mairie. Étant donnée la taille de cette place, on comprend pourquoi toutes les manifestations populaires s'achèvent ici !

Descendre par les rues piétonnes :

Un entrelacs agréable de rues piétonnes avec plein de petites boutiques et cafés sympas pour aller jusqu'au “Mercado Ferreira Borges”, un très bel édifice métallique, ancien marché (voir dans la rubrique “musée”)

Longer le cais da Ribeira qui suit le Douro et donne une vue imprenable sur le pont Dom Luis 1er. Les couleurs et les azulejos des immeubles rendent la balade vraiment très agréable. Sous les arcades, restaurants et cafés ont de très belles terrasses. Resto plus chers que dans le reste de la ville.

Monter pour prendre le ponte Dom Luis 1er.

Pour traverser le Douro en étant sur la partie supérieure du pont. C'est un pont monumental, datant de 1886, à arc en fer forgé. Cet ouvrage, au dimension incroyable pour l'époque, a été conçu par Théophile Seyrig, ingénieur et associé de Gustave Eiffel.

Praça da Batalha

Ici on a la confirmation qu'on se trouve dans un pays méditerranéen. On vit dehors, on s'assoit, on papote, on lit le journal, on regarde les gens passer à l'ombre du théâtre national Sao João et du Grand cinéma Art déco malheureusement à l'abandon.

Rua da Santa Catarina

Il faut jouer des coudes pour parcourir la principale artère commerçante et piétonne. Quelques belles façades rappellent le faste d'antan. Quand on est là, on ne peut pas faire l'impasse sur un petit tour dans le Mercado do Bolhâo :

Un grand bâtiment rectangulaire du début du 20e siècle pour un marché à l'ambiance pittoresque.

À Porto, nombreux sont les bars et restaurants. On peut manger pour 4, 5 € et le café est en moyenne à 0,80 € . Ce n'est pas de la grande gastronomie mais dans l'ensemble, c'est assez bon : viandes et poissons grillés. Les portions sont énormes et si on parvient à terminer son assiette, on n'a plus faim pour plusieurs jours !

Deux restos....

A Tasqinha

Rua do Carmo 23

Large choix de plats traditionnels portugais. La meilleure morue en beignets avec du riz aux haricots rouges, mangée durant le séjour, peut-être aussi parce que c'était la première !! Plat de 10 à 20 €, dessert environ 3 €.

Chrrascaria Assador Tipico

Rua de D.Manuel II , 18-22

Dans une maison centenaire, avec azulejos et murs en granit, le quartier n'est pas top mais la qualité de ce qui est dans les assiettes est indéniable. Plats entre 9 et 14 €

Attention sur la carte les plats sont proposés pour une portion ou une demi-portion. Il vaut mieux être prévenu : une portion c'est pour deux personnes et même ça c'est trop !

Deux cafés...

Embaixada do Porto

Rua do Carmo 121

Proche de l'université, sur le côté de l'igreja do Carmo et son impressionnante paroi d'azulejos, ( la plus grande de la ville) un café très original. Sur la terrasse, un caddie plein de boîtes de pellicules argentiques, en vitrine des vieilles platines vinyles, des Polaroids, toutes sortes de téléphones à cadran. À chaque soir ses réjouissances : lundi... blues, mardi... Brazilian party, mercredi;;;lindy-hop, jeudi... cocktail-night, vendredi ...disco, samedi...funk et dimanche... jazz bossa nova !

Meet Parque

 

U vrai jeu de piste pour le trouver mais quand on y est, un vrai plaisir pour le repos.

Il n'est pas fléché, il faut le dénicher, quelque part au nord-est du parc Da Cidade qui fait 90 hectares. Pour vous aider un peu, il se situe dans les alentours du pavillon de l'eau. En tous les cas, la terrasse de ce café est idyllique, quand vous avez parcouru ce parc paysager (1993) très réussi. Ouvert sur la mer, il alterne pelouses et bois, chemins et lacs artificiels. Seul regret, pour le goûter, pas de Pastéis de Nata, petit flan à tomber à la renverse ! Mais en consolation les meilleurs brownies que j'ai eu l'occasion de déguster !

Quelques musées...

Centro Portugês de fotografia. Campo dos Martires da Patria

Entrée gratuite

À visiter autant pour les amateurs de photos que pour les curieux.

le musée est situé dans une très vaste bâtisse qui a abrité la cour d'appel de Porto jusqu'en 1961 puis une prison jusqu'en 1974; aujourd'hui propre et lumineux, le lieu avec ses larges volumes est idéal pour les expositions. La présence des anciennes portes est là pour rappeler que l'endroit n'a pas toujours été aussi agréable !

L'histoire de la photographie est retracée à travers une large collection d'appareils photos de toutes les époques, toutes marques confondues. La chronologie n'est pas toujours très claire mais les pièces présentées sont très belles. On trouve aussi une vitrine avec des appareils espions ainsi qu'une dédiée aux appareils pour enfants. Il y a bien sûr aussi des expos photos. En ce moment notamment: “ Tirée par..Quenn Amélia and Photography”. Il s'agit de la collection personnelle d'Amélie d'Orléans, dernière reine du Portugal.

La Casa Mseu Teixeira Lopes . Entrée gratuite, rue Teixeira Lopes 32

En 1933, Antonio Teixeira Lopes, brillant sculpteur fait don de cette “maison atelier” à la ville. On y trouve ses oeuvres ainsi que celles de sa collection personnelle. La visite est à faire pour le lieu, la maison et le jardin sont vraiment magnifiques mais aussi pour le déroulé de la visite qui est... pittoresque. Vous y allez, confiant, le guide annonce des horaires d'ouverture sans interruption de 9h à 17h. À l'arrivée c'est plutôt, 9h-12h30 puis 14h-17h, mais ce n'est pas grave parce qu'il est 11h30. Sauf que, étrangement, la porte est close. En insistant un peu (peut-être la porte est elle tout simplement très lourde ou bloquée) on finit par vous ouvrir et vous demander ce que vous voulez... apparemment cela ne coule pas de source que vous venez pour visiter. À la question : “ le musée est-il ouvert ? , vous recevez comme réponse “euh... oui et non revenez plutôt à 14h”

Qu'à cela ne tienne, il y a assez de restos pour trouver le moyen de patienter. À 14h on est surpris de vous revoir, on hésite un peu, et finalement on vous laisse entrer. Nous ne sommes que deux visiteurs, une employée du musée nous accompagne et s'excuse gentiment de ne parler que portugais. Elle n'est pas là pour commenter la visite mais pour ouvrir les portes de chaque salle, allumer les lumières, elle nous montre le chemin obligatoire, pas question de baguenauder dans la maison de l'artiste. Au bout du compte, c'est une visite à la fois charmante et surréaliste !

Mercado Ferreira Borges

Centro de Animaçâo Cultural, Sur la Praça do Infante Dom Enrique.

Tous les jours 9h-oh, vendredi et samedi 16h

Entrée gratuite pour les expos. Superbe édifice métallique rouge. Depuis 2009, un centre multiculturel a succédé à l'ancien marché aux fruits. Restaurant, concerts, théâtres, expos.

En ce moment, une expo d'étudiants en école de photo. Chacun présente 3 productions. Pas de thème imposé, a priori,  je n'ai pas vu de fil conducteur sur l'ensemble des travaux par contre il y a quelques jolies photographies et certains étudiants font preuve d'originalité sans forcément aller très loin.

Deux librairies...une bibliothèque

Livraria Lello. Rua das Carmelitas 144.

Une magnifique librairie, datant de 1881, classée au patrimoine national. Une belle façade néogothique. À l'intérieur, des sculptures représentent les fondateurs de la librairie et des auteurs portugais. Le long du couloir, il y a encore les rails et le petit chariot en bois qui autrefois transportaient les livres, de l'entrepôt jusqu'au magasin. On reste un long moment en admiration devant l'escalier à double volée, les balustrades en bois et les vitraux au plafond. Cette librairie est victime de son succès. Une petite note sur le guide de visite rappelle que c'est avant tout un lieu dédié aux livres et à la lecture. L'entrée est désormais payante, 4 € que l'on se fait déduire à la caisse en achetant un livre. Le petit rayon de livres en français n'est pas mal. Seul regret, les livres sont beaucoup manipulés et donc pas toujours en très bon état !

Livraria Latina Editora

Rua de Santa Catarina.

Un coup d'œil pour le plaisir des yeux à moins de lire le portugais.

Bibloteca Publica Municipal do Porto

Si vous n'avez pas pris assez de livres pour votre séjour, vous pouvez vous installer sur un banc de cet ancien cloître face à une jolie cour entourée d'azulejos (15e siècle) et vous piocherez dans un bac, quelques ouvrages en français : Simone de Beauvoir, Sartre pour ne citer que les plus connus. Il n'y a pas plus de 6 ou 7 livres et vous ne pouvez pas les sortir de la bibliothèque mais c'est mieux que rien !

Quelques livres...

José Saramago, prix Nobel de littérature. Menus souvenirs, éditions du Seuil 2014

 

Une famille de paysans pauvres, une grand-mère analphabète, un père acharné au travail, un oncle qui vend des cochons à la foire aux bestiaux... et surtout un enfant qui court dans les oliveraies et passe de longues heures sur les rives du Tage, contemplant la beauté du ciel nocturne. Voici le Portugal d'antan qui renaît dans les “menus souvenirs” que José Saramago a arrachés à l'usure des années.

 

Un livre savoureux !

Les 10 premières pages m'ont un peu inquiétée. La description des paysages portugais d'antan ne m'a guère enchantée. Mais ensuite vient la succession des menus souvenirs. Le décor est planté, on apprend plein de choses sur la vie de tous les jours dans les années 30,  entre Lisbonne et la campagne du Sud.

La progression narrative est très agréable. José Saramago nous emmène dans le labyrinthe de sa mémoire, un souvenir en entraînant un autre.

Il reconnaît aussi les limites de la mémoire ne sachant pas toujours la chronologie précise des événements et se demande parfois si nous ne fabriquons pas certains souvenirs à force d'entendre des anecdotes nous concernant, racontées dans la famille.

Si ce livre est plein de tendresse, il est aussi plein d'humour. Je ne vais pas vous gâcher le plaisir en vous dévoilant tout, mais voilà deux petits passages qui m'ont beaucoup amusée.

José Saramago raconte que son institutrice était sûrement aussi spécialiste en psychologie enfantine que lui en particule subatomique ! je vous laisse découvrir pourquoi !

 

Quelques pages plus loin, il explique que le petit Jésus de son enfance est un “prolétaire” comme tant d'autres !

Tout ce passage est non seulement drôle, mais aussi plein de finesse.

Que ce soit ce livre ou un autre de ses ouvrages, en allant au Portugal, on ne peut pas faire l'impasse sur son prix Nobel de littérature !

La main de Joseph Castorp

João Ricardo Pedro

collection Point, 2013

 

Au petit matin dans un village isolé du Portugal, Celestino quitte sa maison armé de son fusil. Il est retrouvé mort, peu de temps après. Aux yeux de tous, l'homme était plein de mystère. Pour résoudre l'énigme de sa disparition, son ami le Docteur Augusto Mendes revient sur l'histoire de sa propre famille, marquée par les années de dictature, la répression et les guerres coloniales.

Difficile de recommander ce livre. A priori, tout est parfait : un roman polyphonique sur trois générations, un médecin, un militaire et un pianiste. Les personnages, les destins et les époques se croisent et s'entrecroisent. Un exilé argentin, un médecin qui aime Jean-Sébastien Bach, un peintre unijambiste, la dictature, la révolution des oeillets, la guerre en Angola.

Ce livre nous offre une promenade dans l'histoire et dans la géographie.

Malheureusement, l'histoire est parfois confuse et il faut faire un réel effort pour resituer personnages et époques. De plus et c'est là le plus dérangeant, il n'y a pas vraiment de dénouement. Tout au long du livre on attend avec une folle impatience de savoir enfin pourquoi et comment est mort Celestino !

Eh bien on le saura pas !!!

C'est la frustration totale, parce que si en tant que lecteur, on a accepté de se laisser embarquer dans une histoire compliquée entre un petit village portugais, Lisbonne, Buenos Aires, Vienne, c'est surtout pour que le mystère du départ soit dévoilé !

Peut-être ai-je raté le tome 2 ?

L'installation de la peur

de Rui Zinc, Augullo Édition, 2016 pour la traduction française

La sonnette retentit dans l'appartement d'une femme.

Sur le seuil, deux agents l'informent de leur mission : installer la peur dans chaque foyer ! L'inquiétant tandem débarque alors dans le salon et l'installation commence.

Ce livre est un OVNI. Ce n'est pas un roman, c'est un jeu littéraire à but politique.

L'auteur dénonce le libéralisme sauvage à travers ce huit clos, tour à tour drôle, inquiétant et grinçant.

En tous les cas, on est plongé entièrement dans une œuvre métaphorique.

Comment installe-t-on la peur ? Tout simplement par les mots ! Les deux agents prennent donc la parole épluchant tous les maux de notre société en crise : crise économique, épidémie, étrangers, guerre, terrorisme. La femme qui leur a ouvert la porte ne peut en placer une et nous sommes emportés avec elle dans ce flot de paroles hallucinées et nocives.

Par moment, on ne peut s'empêcher de penser aux pièces de Ionesco. Cette dernière remarque donne un bon indice....Lira qui aime ce genre littéraire, les autres s'abtiendront, sauf si ils ont un peu de temps, car cela se lit tout de même assez vite.

Un film à voir...ou revoir

Les Grandes Ondes (à l'ouest) de Lionel Baier avec Valérie Donzelli, Michelle Vuillermoz, Patrick Lapp, Francisco Belard.

2014, comédie, Suisse, 1h24

 

Avril 1974. Deux journalistes de la radio sont envoyés au Portugal pour réaliser un reportage sur l'entraide Suisse dans ce pays.

Bob, technicien, les accompagne à bord de son fidèle combi Volkswagen mais sur place rien ne se passe comme prévu.

Un film cocasse, une farce rétro servie par des dialogues savoureux et une bande d'acteurs très attachants. On navigue entre la drolerie et la tendresse avec les aventures de ses pieds nickelés. Les personnages se dévoilent petit à petit pour notre plus grand plaisir. La journaliste sûrement plus féministe qu'arriviste, le vieux baroudeur plus bouleversant qu' agaçant, le technicien plus amoureux de son combi que de sa femme, le jeune portugais admiratif de le Pagnol !

Chacun va apprendre à se connaître au cours de cette véritable épopée. Leur reportage initial donne lieu à une succession de déconvenues très drôles.

Qu'a apporté la Suisse au Portugal ?..................... une horloge et l'eau tiède !!!

Malgré leur échec, leur présence lors de la première nuit de la révolution des oeillets va leur donner à vivre un moment unique !!

Ce film est un vrai divertissement frais et pétillant !

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