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Parcours spécial confinement

2 avril 2020

Confinés entre nos quatre murs, nous voilà tous désormais prisonniers de nos écrans. Il paraît qu'il y aura un avant et un après coronavirus.

 C'est vrai !! On ne croira plus ceux qui nous diront qu'ils n'ont pas eu le temps de jeter un coup d'œil sur notre site !

 

Au QG de « Pourvu Qu'on Ait Livre's » on lit, on lit et on lit, mais on préfère garder la critique de ces dernières lectures pour l'après, s'imaginant déjà qu'à la sortie de cette crise, on n'aura plus le temps de lire, tellement les envies de balades seront irrépressibles.

Nous vous proposons donc une sélection des meilleurs livres et films, selon nous, et dont nous avons déjà parlés. Sachant bien sûr qu'une salle de cinéma ne peut vraiment pas être remplacée par un écran de télévision, un canapé et surtout son lot de tentations : multiplier les pauses toilettes, répondre à un message, mettre en route ou arrêter la machine à laver…

 

De même choisir son livre sur internet ne procurera jamais le même plaisir que de pousser la porte d'une librairie.

Cependant pour ceux qui n'auraient pas de réserve en matière de lecture, «  lalibrairie.com » est une plate-forme tout à fait fréquentable.

Cinq livres...

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Miroir de nos peines de Pierre Lemaître

Albin Michel, 2020

“Avril 1940. Louise, 30 ans, court nue sur le boulevard du Montparnasse. Pour comprendre la scène tragique qu'elle vient de vivre, elle devra plonger dans la folie d'une période sans équivalent dans l'histoire, où la France toute entière, saisie par la panique, sombre dans le chaos, faisant émerger les héros et les salauds, les menteurs et les lâches…. et quelques hommes de bonne volonté.”

 

Excellent !

Après un deuxième volume un peu moins passionnant que le premier, Pierre Lemaître achève sa trilogie en beauté. De la drôle de guerre à la débâcle, l'auteur nous offre une histoire très bien ficelée qui donne par la même occasion un panorama intéressant de la France durant cette période.

Pierre Lemaître est vraiment un excellent portraitiste qui a l'art et la manière de vous embarquer littéralement dans son histoire. Le tout en ménageant un certain suspense qui vous rend difficile l'arrêt de la lecture.

Toujours poussé par une irrésistible envie de savoir, on peine à se détacher des personnages que l'auteur a mis en mouvement.

À travers ces destins croisés, on a une vue d'ensemble du 6 avril 1940 au 13 juin 1940. Avec Louise, on découvre la vie parisienne, la mentalité d'une époque, puis le terrible exode lors de l'approche des Allemands.

Avec Désiré (un fantastique mythomane), on est plongé dans les mensonges des renseignements d'État pour cacher la déroute qui semble le plus en plus inévitable.

Raoul et Gabriel, soldats nous font entrer dans la réalité de cette guerre qui n'en n'est pas une.

Ces personnages qui font le socle narratif sont très réussis. Il en est de même pour les personnages secondaires qu'on suit également avec plaisir : Jules, patron de bistrot, Fernand, garde mobile, chargé d'escorter les prisonniers dans des circonstances et conditions très particulières, sa femme Alice qui s'investit dans l'accueil des réfugiés...

« Miroir de nos peines » est en livre savamment construit, très bien écrit, avec un humour assez irrésistible.

En téléchargement  en version numérique sur de nombreuses plateformes

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Où passe l'aiguille de Véronique Mougin

"J'ai lu" 2018

“Tomi est indomptable. Espiègle, têtu, malin, rebelle, bref Tomi a 14 ans. Du haut de son arbre préféré, il rêve de filles, d'avenir, de gloire.

Mais nous sommes en Hongrie et en 1944. L'adolescent juif est déporté avec sa famille. Pour échapper à la mort, il se dit tailleur : le voilà affecté au raccommodage des uniformes rayés. Son coup de bluff se transforme en coup de foudre, la couture deviendra une vocation.”

 

“Où passe l'aiguille” est un roman témoignage à la fois très bien écrit et très bien construit. Tomi nous livre sa vie, un destin hors du commun, d'un village hongrois au camp de concentration, du retour de la déportation au monde de la haute couture parisienne.

 

Son témoignage est entrecoupé de prises de parole des autres protagonistes nous donnant un autre éclairage sur les événements ou sur la personnalité de Tomi.

Le jeune garçon que nous découvrons au début du roman n'est pas un enfant sage et studieux. C'est un adolescent rebelle et en colère. Colère qui, cela dit, n'est pas toujours injustifiée. Menteur, parfois chapardeur, il aime disparaître pour inquiéter ses parents et “vérifier” leur amour pour lui.

Les pages de la vie dans le camp de concentration sont effroyables, il ne peut pas en être autrement.

Dès l'arrivée, sa mère et son frère sont dans la mauvaise file... il ne les reverra jamais.

Les terribles conditions de survie, la faim, le froid, la violence sont très bien retranscrites. Parfois, la personnalité de Tommy permet un trait d'humour qui fait baisser la pression et laisse un peu respirer le lecteur.

“Où passe l'aiguille” montre également très bien que, pour survivre, Tomi a eu une part de chance mais aussi une force qu'il ne doit qu'à lui-même. La chance, c'est de ne pas tomber sur un fou furieux (SS, kapo..) à qui votre tête ne revient pas. La force, c'est de ne pas penser aux cheminées qui ont vu passer votre famille en fumée. C'est savoir mentir, se rendre indispensable, chaparder tout ce qui peut s'échanger contre de la nourriture...

 

Le camp n'a pas assagi Tomi et c'est tant mieux pour lui!

Le retour dans son village puis l'arrivée à Paris sont également des moments assez forts du roman.

 

La toute dernière partie m'a tout de même moins passionnée. On est presque exclusivement plongé dans la couture. Les considérations sur la préparation des collections ne sont pas inintéressantes mais l'aspect répétitif, la profusion des détails, les nombreux termes techniques ont fini par me lasser et détourner mon intérêt ! Parallèlement, des événements plus intimes sont passés sous silence, notamment sa relation avec ses enfants. C'est un peu frustrant.

 

“Où passe l'aiguille” est un bon livre. L'auteure à subtilement évité le pathos pour livrer un témoignage à la fois plein d'émotions et de force.

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Assassins ! de Jean-Paul Delfino

Éditions Héloïse d'Ormesson, 2019

 

“En 1898, la publication de j'accuse...! plonge la France dans un climat délétère où l'antisémitisme s'affiche fièrement. Au cœur de l'affaire, Émile Zola, conspué par les ligues d'extrême droite est identifié comme l'homme à abattre.

Aussi, lorsqu'en 1902, l'auteur des Rougon-Macquart succombe à une intoxication au gaz méphitique, la piste du meurtre ne peut pas être écartée.

Reste à savoir qui, parmi ses proches ou ses détracteurs, avait tout intérêt à le faire taire.”

 

Les circonstances de la mort d'Émile Zola sont troubles et c'est dans cette brèche que Jean-Paul Delfino s'engouffre avec succès. L'auteur nous livre sa version des faits : un assassinat commandité par l'extrême droite.

En parallèle Émile Zola, à terre, à deux doigts du trépas, passe en revue ses proches se demandant, qui de sa femme, sa maîtresse, ses domestiques peuvent vouloir sa mort.

Ce livre est une belle occasion de faire une biographie légère du grand écrivain. On retrouve le parcours exceptionnel sans passer par les contraintes du didactisme du genre.

Au fond, la vie du « père » du naturalisme est presque aussi romanesque que ses ouvrages.

La mort prématurée de son père plonge la famille dans la misère. Sans cesse vilipendé parce que pauvre et d'origine italienne, Émile Zola s'accroche à ses rêves. Il se voit poète, il sera un grand romancier.

Jean-Paul Delfino nous passe habilement en revue toutes les étapes importantes de la vie de l'écrivain : ses amours, ses amis, ses combats...

En parallèle, c'est un tableau peu reluisant d'une société antisémite qui se dessine au fil des pages. ”la France aux français » est un slogan tristement ancien !

« Assassins ! » roman très bien écrit, propose des passages truffés d'humour notamment dans la description de la rencontre, imaginée par Delfino, entre l'auteur de « J'accuse » et Alfred Dreyfus.

Il décrit une rencontre largement fantasmée par Émile Zola, qui s'avérera décevante, l'ancien capitaine restant malgré tout trop « militaire » pour son défenseur. Il en arrive à se demander si ce personnage, dont le costume est trop petit pour être un héros, méritait tous les désagréments qu'il a vécus pour lui !

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Le ghetto intérieur de Santiago H. Amigorena

POL, 2019

 

« Vicente Rosenberg est arrivé en Argentine en 1928. Il a rencontré Rosita Szapire cinq ans plus tard. Vicente et Rosita se sont aimés, ils ont eu 3 enfants.

Mais lorsqu'il a su que sa mère allait mourir dans le ghetto de Varsovie, il a décidé de se taire. Ce roman raconte l'histoire de ce silence. »

 

Un roman prenant qui met en lumière plusieurs réflexions intéressantes : l'exil, la culpabilité, l'identité.

Le roman débute le 13 septembre 1940 dans le quartier du centre de Buenos Aires. Vicente ne sait pas encore si il est un jeune juif, un jeune polonais où un jeune argentin.

C'est à travers ces trois identités que va se construire le roman. Ce sont à chaque fois des événements extérieurs et les autres qui le poussent vers une judaïté dont il n'avait pas conscience et qu'il n'appelait pas particulièrement de ses vœux.

 

Sans cesse moqué et exclu par les polonais durant sa jeunesse, Vicente ne trouve pas sa place dans ce pays pour lequel il s'est engagé durant la guerre d'indépendance..

L'Argentine lui promet un nouveau départ. Malheureusement les événements aussi loin géographiquement qu'ils soient auront raison de son bonheur.

Sa famille est en proie à la barbarie qui déferle sur l'Europe. À travers les quelques lettres qu'il reçoit de sa mère, Vicente mesure le drame qui se joue entre les murs du ghetto de Varsovie.

Comment vivre normalement quand on sait ? Comment surmonter la culpabilité quand on a mis un océan entre sa mère et soi dans un désir d'émancipation ? Si il avait su que le nazisme allait emporté toute sa famille, il aurait mis sûrement plus de conviction à enjoindre les siens de le retrouver en Argentine. Mais il ne l'a pas fait, car au moment où cela était encore possible, il n'en avait pas vraiment envie.

Face à ses drames historiques et intimes, Vicente n'a plus les mots, la parole lui semble tellement dérisoire.

Santiago H.Amigorena, avec une écriture sobre nous fait vivre au plus près le mécanisme de cette lente marche vers le mutisme.

Mêlant habilement aux dates des grandes étapes de l'Holocauste des faits de la vie quotidienne, on cerne bien la difficulté de vivre de Vicente.

 

Le ghetto intérieur et un très bon livre qui navigue entre émotion et réflexion.

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Le vol de la Joconde de Dan Franck

Grasset, 2019

 

"Picasso s'est coiffé d'un couvre-chef léger. Il a offert une pipe à son copain Apollinaire.

Ils paraissent très détendus. IIs refont joyeusement le périple que les limiers de la Préfecture, s'ils les recherchent, suivront à leur tour pour retrouver la Joconde volée au Louvre”.

 

Ce livre est excellent de drôlerie et d'inventivité.

Tout à la fois savant et plein d'un humour auquel je n'ai pu résister.

L'auteur part d'un fait réel : Guillaume Apollinaire et Pablo Picasso ont traversé Paris à la recherche d'un moyen pour se débarrasser de deux statuettes volées au Louvre par l'ancien secrétaire douteux du poète.

Les œuvres étant en possession de Picasso, il ne fait pas de doute pour Apollinaire que le branle-bas de combat autour du vol de la Joconde risque de mettre la police sur leur piste. IIs ont peur et ils ont raison ! Ils sont étrangers et leurs noms n'ont pas encore la résonance qu'ils ont aujourd'hui. Le monde ignore les turpitudes de ces deux génies.

L'auteur nous embarque dans leur périple donnant l'occasion de dialogues savoureux aussi bien sur l'art que sur le classement des toilettes dans Paris (celles du Lutetia arrivent alors en tête !)

Picasso ne veut pas être expulsé, trouvant que l'Espagne est un pays trop petit pour accueillir son génie. Apollinaire se demande où il pourra bien être renvoyé, en Italie où il est né ou bien en Pologne, pays d'origine de la famille de sa mère ?

L'auteur prend des libertés, n'hésitant pas à faire des anachronismes ou des digressions.

Cependant, il a la courtoisie de nous en prévenir et on lui pardonne aisément. C'est pour notre plus grand plaisir qu'il nous fait croiser la route d'artistes haut en couleur : Modigliani, Soutine, le Douanier Rousseau…. et j'en passe.

Dan Franck nous offre un véritable bon moment de lecture dans un roman tout autant loufoque qu'intelligent. Une tranche d'histoire du Paris qui semble définitivement disparu.

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Six films...

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Les invisibles de  Louis-Julien Petit 

avec Audrey Lamy, Corinne Masiero, Noémie Lvovsky,

1h42,comédie, France.

 

 

“Suite à une décision municipale, l'Envol, centre d'accueil pour femmes SDF, va fermer.

Il ne reste plus que trois mois aux travailleuses sociales pour réinsérer coûte que coûte les femmes dont elles s'occupent : falsification, piston, mensonge... désormais tout est permis !”

 

Un hommage touchant qui prouve bien, s'il le fallait encore (?!) que personne “n'est rien” !

Les invisibles sont doubles : D'un côté, les femmes de la rue q Louis-Julien Petit ui rasent les murs, avec leur barda qui contient leur vie entière, dont on ne sait où elle passe la nuit mais qu'on voit se presser aux portes de l'association dès son ouverture.

De l'autre, les travailleuses sociales dont on mesure souvent mal la difficulté du travail.

 

Le film éclaire l'ensemble de la problématique avec réalisme mais non sans une dose d'humour. Les répliques font mouche, on est dans l'humour et jamais dans la bouffonnerie, on est également dans la tendresse bienveillante et jamais dans le pathos.

 

Ce film est l'occasion de dresser un constat de la situation. Chaque journée est employée à dénicher un hébergement de nuit. Dans le cas présent, les locaux qui accueillent les sans-domicile-fixe pour la nuit sont certes, tout neuf, fonctionnels... mais loin du centre-ville, froids, dénués de l'essentiel : le contact humain.

 

Ce besoin n'est pas unilatéral. La galerie de personnages choisie pour représenter les travailleuses sociales en est la preuve. À chacune ses raisons, son degré d'implication, voire ses méthodes mais le fondement reste le même : le besoin de contact humain.

 

Le constat est dur, les centres d'accueil manquent de moyens. À l'heure de la rentabilité économique qu'on essaie d'appliquer à tous les domaines de la vie et à tous les âges, la société semble bien en peine de faire une place digne à ceux qui ont un parcours accidenté.

Les perspectives ne sont particulièrement optimistes. La solution ne passera que par “l'humain,”l'écoute, l'aide au retour de l'estime de soi. Non résolument personne “n'est rien” !

 

Les acteurs, professionnels ou non, sont très bons, le ton est juste.

En parallèle, le film a également le mérite de donner la parole à Corinne Masiero, lui donnant l'occasion de marteler, à juste titre; que la vie dans la rue est d'une dureté qu'on peine à imaginer et qu'elle l'est encore plus pour les femmes.

VOD : http://www.allocine.fr/film/fichefilm-261561/telecharger-vod/

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Woman at war de Bénédicte Erlingsson, 1h40, comédie, Islande

avec Haldora Geirhardsdottir, Johann Siguroarson

 

 

Halla, la cinquantaine, déclare la guerre à l'industrie locale de l'aluminium qui défigure son pays. Elle prend tous les risques pour protéger les hautes terres d'Islande... Mais la situation pourrait changer avec l'arrivée inattendue d'une petite orpheline dans sa vie...

 

Un film original, parce qu'étrange et c'est ce qui en fait son intérêt. Pour le spectateur français, le cinéma islandais fait office d'OVNI. Dans ce genre, “Woman at war” est une réussite. Cette fable moderne et écologique, gentiment déjantée est pleine d'humour.

Halla est une activiste tout à fait sérieuse, n'hésitant pas à parcourir la lande au pas de course, armée d'une arbalète ou munie d'explosifs pour s'attaquer aux pylônes électriques.

Dans sa vie de tous les jours, elle n'en n'a pas l'air, mais c'est une vraie guerrière !

Animatrice d'une chorale, sœur d'une prof de yoga, son intérieur est décoré de grandes affiches de Gandhi et Mandela. Sans avoir à développer sa pensée avec de longs dialogues, on comprend tout de suite son idéologie écologiste et son extremisme.

 

Très régulièrement, des musiciens apparaissent à l'écran alors qu'ils jouent la bande-annonce.

C'est toujours très à propos, une sorte de surprise à la fois poétique et drôle. À deux reprises, les musiciens vont également intervenir dans l'action.

 

Tout au long du film, plein de petits détails interrogent, mais les réponses finissent toujours par arriver, nous faisant dire que c'est à la fois bien trouvé et bien ficelé !

À quoi sert ce masque à l'effigie de Mandela dans la cave ? Pourquoi remplir sa voiture de fleurs et d'un sac de fientes d'oiseaux ? Quel rôle pour un cadavre de mouton ?

 

Ne dévoilons pas tout ! Allez passer un bon moment devant ce film... différent !

VOD : http://www.allocine.fr/film/fichefilm-257385/telecharger-vod/

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Amin de Philippe Faucon

avec Moustapha Mbengue, Emmanuelle Devos, Marème N'Diaye

1h31, drame, France.

 

 

Amin est venu du Sénégal pour travailler en France, il y a 9 ans. Il a laissé au pays sa femme, Aïcha et leurs trois enfants. En France, Amin n'a d'autre vie que son travail, d'autres amis que les hommes qui résident au foyer.

 

Un très beau film, tout en finesse, au ton juste et qui sait habilement éviter les écueils du genre.

“Amin” ne tombe jamais ni dans le mélo, ni dans le pathos, pas de grands sentiments, pas de ton moralisateur. On assiste à la rencontre de deux solitudes, certes dont les causes sont différentes, mais dont les conséquences font naître les mêmes désirs.

 

En toile de fond, on prend la mesure de la difficulté de vivre de tous ces ouvriers déracinés pour des raisons économiques.

Amin souffre d'être loin de sa femme et de ses enfants mais, travailler en France est un devoir. Sa famille compte sur lui, son village aussi...

 

La vie quotidienne de ses travailleurs est filmée avec beaucoup de sensibilité et de pudeur. Le foyer est à la fois un lieu de solidarité et d'amitié mais pourtant, c'est la solitude qui est palpable à travers les images de Philippe Faucon.

La femme d'Amin, Aïcha est restée au village et, si elle ne vit pas le déracinement, c'est bien de solitude dont elle souffre également. Car c'est sans son mari, qu'elle doit faire face à ses enfants et à la famille au sens large.

 

La rencontre entre Amin et Gabrielle est émouvante. Infirmière, divorcée, elle ne cherche ni grand amour, ni promesse , juste la possibilité de moments de tendresse. "Amin" n'est pas une romance, c'est un film social qui rend compte de la difficulté de vivre la solitude : précarité, désert affectif, poids des responsabilités, soumission.....

Tout en retenue, certains trouveront que le film manque de démonstrations et d'effusions mais c'est pourtant cette absence qui en fait la force.

VOD : http://www.allocine.fr/film/fichefilm-248482/telecharger-vod/

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Wildlife de Paul Dano

avec Carey Milligan, Jake Gyllenhaal, Ed Oxenbould,

1h45, drame, USA

 

“Dans les années 1960, Joe, un adolescent de 14 ans, regarde impuissant, ses parents s'éloigner l'un de l'autre. Leur séparation marquera la fin de son enfance..”

 

J'entends déjà : “que c'est long... il ne se passe rien...”

Mais on peut penser aussi que c'est un film sensible et plein de finesse. C'est plutôt dans cette idée que je m'inscris, prouvant ainsi s'il le faut que mon soi-disant “anti americanisme” (cinématographique) n'est pas si primaire que ça !

 

Wildlife fait à la fois preuve d'esthétisme et de profondeur quant au sujet. Certains plans ne sont pas sans rappeler des toiles de Edward Hopper.

Le jeune Joe va sortir de l'enfance en deux temps. Dans la première partie du film; il va petit à petit faire connaissance avec ses parents. Bien sûr, il les connaît depuis toujours mais son regard sur eux va prendre des teintes de réalité. À 14 ans, les parents cessent d'être les héros fantasmés de la petite enfance.

Joe découvre par petites touches, entre deux portes, en saisissant des bribes de conversation, les failles et désillusions de ceux qu'il pensait être les pilliers de sa vie.

Jusqu'à présent, il ne s'était pas interrogé plus avant sur leurs déménagements successifs. À 14 ans il est à même de comprendre que son père peine à conserver un emploi et que son “caractère” n'est pas forcément étranger à cette situation.

 

La deuxième partie du film est plus brutale. Joe est sorti de l'enfance avec la perte des illusions, mais après tout quoi de plus normal ! Ce qui l'est moins, c'est qu'il va être propulsé dans l'âge adulte par la force des choses.

Ses parents ne le protègent plus du spectacle de leurs échecs. De simple spectateur d'un éloignement de ses parents, il est plongé en plein cœur d'une terrible crise conjugale.

Joe sera tour à tour pris à parti et devra assumer des tâches et des rôles qui ne sont pas ceux d'un adolescent.

Il n'est pas totalement faux que le film est peut-être un peu trop long, mais c'est un beau récit plein de pudeur et de délicatesse.

VOD : http://www.allocine.fr/film/fichefilm-249234/telecharger-vod/

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Edmond de Alexis Michalik

avec Thomas , Olivier Gourmet, Mathilde Seigner, Tom Leeb, 1h50, comédie, France

 

 

“Décembre 1897, Paris. Edmond Rostand n'a pas encore trente ans mais déjà deux enfants et beaucoup d'angoisses.

Il n'a rien écrit depuis deux ans. En désespoir de cause, il propose au grand Constant Coquelin, une comédie héroïque, en vers, pour les fêtes. Seul souci : elle n'est pas encore écrite.”

 

Une très sympathique comédie.

C'est caricatural à souhait, parfois loufoque mais on se laisse entraîner avec plaisir dans le tourbillon qu'est ce film. C'est un très bel hommage au monde du théâtre et à la création artistique.

On commence à monter la pièce de Rostand alors qu'il n'en a écrit que deux lignes. L'écriture de Cyrano de Bergerac se déroulera sous nos yeux, l'auteur glanant des idées au café, dans sa vie personnelle et dans celle de ses amis... On se doute, bien sûr, qu'en réalité la genèse de la célèbre pièce est moins épique.

 

Mais, c'est-ce qui fait la drolerie du film et c'est une belle métaphore du bouillonnement de l'acte de création.

 

L'ensemble du microcosme du théâtre est représenté et Edmond devra composer avec les désirs et caprices de chacun. On trouve l'acteur vedette qui place son fils, très mauvais comédien; l'actrice qui trouve qu'elle n'a pas assez de réplique; des investisseurs corses dont les préoccupations sont assez étrangères à l'art; un régisseur qui doit être capable de se transformer en acteur, tout comme la costumière....On croise Sarah Bernhardt, grande amie de Edmond de Rostand. Clémentine Célarié la joue à merveille, la grande dramaturge est actrice, même hors des planches, prenant des poses dans la vie privée, dignes des plus grandes pièces classiques.

 

La pièce est jouée pour la première fois le 28 décembre 1887 et c'est un triomphe.

Politiquement, le contexte est plutôt à la morosité : la France est encore sous le coup de la défaite de 1870 et un certain nombre de scandales secoue l'État.

Le public veut rire avec Feydeau mais finalement il est aussi avide d'idéal.

Après ou malgré une naissance rocambolesque, Cyrano de Bergerac deviendra un archétype humain au même titre que Hamlet.

VOD : http://www.allocine.fr/film/fichefilm-256968/telecharger-vod/

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En liberté de Pierre Salvadori

avec Adèle Haenel, Pio Marmai, Damien Bonnard, Audrey Tautou .

1h48, comédie, France.

 

“Yvonne, inspectrice de police, découvre que son mari, le capitaine Santi, héros local tombé au combat, n'était pas le flic courageux et intègre qu'elle croyait mais un véritable ripou.

Déterminée à réparer les torts commis par ce dernier, elle va croiser le chemin d'Antoine, injustement incarcéré par Santi pendant huit longues années...”

Je sens bien qu'on pense souvent que chez “Pourvu Qu'on Ait Livre's”, on aimerait pas trop rire au cinéma. Qu'on préférerait la lenteur du film allemand, la problématique de l'Orient, la noirceur des films russes... au bon vieux rire dont on dit qu'il vaut un steak.

“En liberté” est la preuve que nous ne sommes pas végans.

 

Ce film est plein de loufoqueries, on sourit, on rit mais il y a, et c'est ce qui fait sa réussite, un vrai sujet.

Au cœur de cette comédie on s'interroge, d'une part sur les dégâts provoqués par la condamnation d'un innocent, et d'autre part sur la culpabilité “héritée” de nos proches.

Antoine “pète les plombs”, ce qui donne lieu à des scènes délirantes, puisque finalement il considère que la société lui doit huit ans de sa vie.

Dans ce domaine, certaines répliques promettent de devenir cultes !

“C'est quoi ce truc de massacrer les gens, calmement comme ça ? on n'avait pas l'impression que tu te battais mais que tu rangeais ton bureau...”

La rencontre ne peut être que détonante avec Yvonne prête à tout pour réparer les méfaits de son ripou de mari.

Les acteurs sont tous très bons, le burlesque leur va bien.

“En liberté” est une bonne comédie.

VOD : http://www.allocine.fr/film/fichefilm-250801/telecharger-vod/

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