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Parcours special polars

25/05/2020

Dans le Larousse, la définition du mot « polar » est succincte : ”roman ou film policier". Souvent dans l'esprit du public, le mot polar revêt un caractère très sombre avec un suspense insoutenable, des frissons d'angoisse voire quelques litres d'hémoglobine.

Ce parcours spécial polar se situe plus dans la lignée du Larousse que de la seconde catégorie. Les spécialistes du genre seront sans doute déçus de notre sélection.

Les autres y trouveront peut-être des idées pour une première approche du genre.

La grande majorité des livres présentés ici, ont été lus dans le cadre d'escapade à l'étranger. Souvent, le polar est le genre idéal pour découvrir ou retrouver des lieux visités. Il n'est pas rare que les enquêteurs parcourent une ville en large et en travers.

De même, selon l'identité de la victime et des suspects, on peut naviguer dans tous les milieux sociaux. Sans oublier que les mentalités et les conditions de travail de la police ainsi que de la justice, sont assez révélatrices de « l'état » d'un pays…

Bonne lecture !

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Dix livres...

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Le justicier d'Athènes de Petros Markaris,

collection Point. Policier 2013

 

“De la ciguë. Comme pour Socrate. Tandis que chaque jour, Athènes paralysée par des manifestations, menace de s'embraser, un tueur sème la mort antique. Mais en ciblant de riches fraudeurs fiscaux, d'assassin il devient héros populaire”

 

Ceux qui dans un polar, aiment le frisson, le suspense insoutenable et des flots d'hémoglobine passeront leur chemin. Ceux qui veulent comprendre l'état d'esprit de la population grecque au cœur de la crise apprécieront de suivre l'inspecteur Kostas Charitos.

 

L'enquête qu'il mène n'est certes pas spectaculaire mais elle bénéficie d'une certaine originalité. Le tueur ne s'attaque pas à n'importe qui en éliminant des fraudeurs fiscaux. L'intrigue de ce polar met en lumière une grande partie du problème de la crise en Grèce. Les riches sont devenus de plus en plus riches sans jamais contribuer au fonctionnement du pays.

Pour résoudre la crise, c'est vers le citoyen lambda qu'on se tourne pour lui demander de se serrer la ceinture!

« Le justicier d'Athènes » met donc en en scène un meurtrier qui devient petit à petit un héros populaire. Chacun pense qu'il a trouvé le moyen de régler la fraude fiscale de façon plus efficace que l'État. Ce qui n'est pas complètement faux puisque certains paieront sous la menace.

L'enquête du commissaire Kostas Charitos ne sera pas une mince affaire. En bon flic il se doit d'arrêter ce meurtrier mais son « boulot » le met aux premières loges des conséquences dramatiques de la crise.

Des citoyens désespérés se suicident, un fort sentiment d'injustice se développe, d'autres choisissent l'exil. Sa propre fille, diplômée, s'interroge sur son avenir en Grèce.

 

« Le justicier d'Athènes » est à la fois une enquête policière et une étude sociologique. L'intrigue permet de décrire toutes les couches de la société et de nous entraîner dans tous les quartiers de la ville.

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Les impliqués de Zygmunt Miloszewski

Pocket, 2007

 

«Varsovie 2005. sous la houlette du docteur Rudzki, quatre patients ont investi l'ancien monastère de la Vierge Marie de Czestochowa.

Entre huis clos et jeu de rôles, cette nouvelle méthode de thérapie de groupe dite "Constellation familiale” ne manque pas d'intensité. Au point qu'un matin, l'un d'entre eux est retrouvé mort au réfectoire, une broche à rôtir plantée dans l' œil… »

 

Un polar que l'on peut classer dans la rubrique des romans assez sympas.

Pas pour le fond, car sur ce sujet les faiblesses sont nombreuses, mais plutôt pour la forme. « Les impliqués » nous fait traverser Varsovie dans tous les sens, du centre historique au centre moderne, de Praga aux quartiers résidentiels.

La visite ne s'arrête pas là, le déroulement de l'enquête nous permet de pénétrer dans l'intimité d'intérieurs divers : chez un fonctionnaire mal payé, chez un psychiatre aisé, chez un pauvre bougre ancien milicien de quartier…

Nous découvrons donc une Varsovie moderne tout en pressentant au fur et à mesure de la narration, que le poids du passé n'est jamais très loin !

Les dossiers constitués par les services de la « police communiste » sont archivés mais dans ce domaine de l'ombre, la mafia semble avoir pris le relais.

Chaque nouvelle journée d'enquête s'ouvre sur une page qui fait office de bulletin d'informations. On y décèle la persistance d'un fort sentiment de conservatisme !

 

En ce qui concerne le fond, ce roman m'a largement moins plu.

Le meurtre du départ se déroule durant une séance de thérapie peu banale.

Si ce procédé semble bien documenté, il n'en va pas moins que cela m'a laissée dubitative !

Tout cet aspect « psy » rend l'intrigue si tordue qu'au dénouement, il faut être bien concentré pour comprendre « qui est qui et qui a fait quoi  ! »

De plus, le procureur Theodore Szacki, personnage principal dans cette enquête puisque, comme il aime le rappeler « on n'est pas dans une série américaine », en Pologne c'est le procureur qui mène l'enquête sur le terrain, est souvent d'un sexisme larvé très agaçant.

Cet homme qui a des côtés fort sympathiques est a priori incapable de décrire une femme sans terminer par nous dire si elle est à son goût ou pas ! On finit par se demander « pour qui il se prend, celui-là !? »

Sans compter ses tergiversations sur sa vie privée qui finissent par être lassantes.

Seuls restent Varsovie, l'histoire chaotique de la Pologne et le suspense !

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Un fond de vérité de Zygmunt Miloszewski

Pocket, 2014

 

“Dans toute légende, dit-on, il y a un fond de vérité. À Sandomierz, sage bourgade de la province polonaise, on ne croit plus, depuis longtemps que les Juifs enlèvent les enfants catholiques pour les vider de leur sang. Quoique…

La découverte d'une jeune notable, devant l'ancienne synagogue, égorgée suivant le rituel de l'abattage casher, réveille anciennes croyances et vieux démons.. À charge pour le procureur Téodore Szacki, fraîchement divorcé, et exilé de la capitale, de trouver la vérité”

 

Deuxième volume d'une trilogie “Un fond de vérité” est largement meilleur que le volume précédent.

Ceux qui avaient apprécié la personnalité du procureur Téodore Szacki, son sexisme latent et son affreuse habitude de ne voir son entourage féminin que par le prisme du physique, seront contents de le retrouver. Mais les autres aussi car notre bellâtre se fait larguer par sa femme et une de ses conquêtes lui assénera quelques répliques bien senties qui font un grand plaisir, aux lectrices et, j'ose espérer, également aux lecteurs !

 

La trame de fond de ce polar est passionnante. L'auteur nous plonge dans les fondements de l'antisémitisme. En décortiquant la vieille légende des Juifs enlevant des enfants catholiques pour faire du pain azyme avec leur sang, le jeune procureur s'embarque dans un passé qui ne semble toujours pas réglé.

Les crimes, particulièrement sanglants, sont-ils commis par un antisémite qui voudrait remettre au goût du jour “la peur du juif” ? Ou au contraire par un juif vengeur ?

 

Ce débat soulève des analyses terrifiantes et remet en lumière les horreurs des pogroms ainsi que celles de la Seconde Guerre mondiale.

L'enquête du procureur sera largement compliquée par l'attitude d'une population locale qui refuse de regarder le passé en face.

L'auteur dresse un portrait sans complaisance de son pays et de ses compatriotes.

 

Très bien écrit, ce polar laisse une place agréable à une certaine forme d'humour et quelques personnages sympathiques, ce qui permet de faire un peu baisser la tension créée par le propos.

Le dénouement est tordu mais rien n'est laissé au hasard. L'intrigue a été parfaitement construite, tout sera révélé.

Comme Théodore Szacki, on ne pourra que se dire : “ Bon sang, mais c'est

bien sûr !”

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Le suspendu de Conakry. Les énigmes d'Aurel le consul de Jean-Christophe Rufin, Folio, 2018

 

«Comment Aurel Timescu peut-il être consul de France? Avec sa dégaine des années 30 et son accent roumain, il n'a pourtant rien à faire au Quai d'Orsay.

D'ailleurs, lui qui déteste la chaleur, on l'a envoyé végéter en Guinée où il prend son mal en patience.

Tout à coup, survient la seule chose qui puisse encore le passionner : un crime inexpliqué. Un plaisancier est retrouvé mort, suspendu au mât de son voilier.

Son assassinat resterait impuni si Aurel n'avait pas trouvé là, l'occasion de livrer enfin son grand combat contre l'injustice.»

 

Un livre assez distrayant. L'enquête, sans être totalement inintéressante, n'est pas vraiment passionnante.

L'essentiel est dans l'invention de cet étrange personnage qui mène l'enquête.

Au fil de l'histoire, le lecteur découvre Aurel le consul. Ce personnage est à la fois drôle, intrigant et au fond touchant.

Les hasards de la vie l'ont fait passer de la Roumanie de Causescu au Quai d'Orsay.

Son peu d'intérêt pour sa profession, l'a mené dans un placard. Sans mission précise, il passe le temps en s'adonnant quand il le peut, à sa passion pour le piano. Il est la risée de ses collègues qui le méprisent, il le sait mais cela lui importe peu.

Sanglé dans un imperméable malgré la chaleur, Aurel est, sous ses allures grotesques, un enquêteur hors pair.

Sensible à l'injustice, il va mener l'enquête pour disculper une jeune femme que tout semble désigner comme coupable.

Les investigations permettent de faire entrer le lecteur dans différents milieux :  Auprès d'une population locale plutôt pauvre, et aussi dans un cercle de blancs, riches, sorte d'héritiers de la colonisation.

La victime est un homme riche, au passé douloureux, retiré sur un voilier.

La marina de Conakry est le théâtre du meurtre et s'avère être également, une plaque tournante du trafic de drogue. Aurel va explorer toutes les pistes, chercher le lien entre le passé et le présent.

Tout est possible mais dès le début, pour Aurel le consul, il ne peut pas être anodin que le mort soit suspendu à un mât !

Si l'enquête n'est pas extraordinaire, "le suspendu de Conakry" est un roman d'ambiance qui fait passer un agréable moment de lecture.

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Les trois femmes du Consul de Jean-Christophe Rufin

Flammarion, 2019

 

 

“À Maputo, capitale du Mozambique, aucun client n'ose s'aventurer à l'hôtel Camaroes, malgré son jardin luxuriant. C'est que le patron est un vieux Blanc au caractère impossible. Aussi, quand on le retrouve mort un matin, flottant dans sa piscine, nul ne s'en émeut.

Sauf Aurel Timescu, romain d'origine, consul adjoint à l'ambassade de France.

Calamiteux diplomate, c'est un redoutable enquêteur quand il pressent une injustice”

 

Le livre idéal pour qui veut se distraire. C'est léger, plein d'humour et ça se lit vite. L'enquête n'est pas terrible mais l'intérêt du livre n'est pas là ! Tout repose sur les épaules du personnage principal. Aurel Timescu est un consul étrangement drôle. Totalement inutile dans son travail, il est régulièrement muté d'ambassade en ambassade car ses supérieurs ne savent pas quoi faire de lui. Ce n'est pas qu'il soit vraiment incompétent... ça, on ne le sait pas !

C'est surtout qu'il ne veut pas travailler et donc, emploie son énergie à se rendre incompétent. Ses horaires sont fantaisistes, il est injoignable, fait traîner les dossiers…. Généralement ses supérieurs finissent par abandonner le combat face à sa force d'inertie et l'oublier dans un coin.

Dans cette drôle de vie qui est la sienne, une seule chose fait encore vibrer Aurel Timescu ... les enquêtes.

 

Dans le cas présent, l'hôtelier retrouvé mort a un lourd passé. Entouré de trois femmes : L'ex officielle, l'ex officieuse, la maîtresse, le crime peut être passionnel ou crapuleux. Le consul est plus malin qu'il ne le laisse paraître à son entourage et ce sera à son avantage.

 

Les grands spécialistes des polars seront déçus, il n'y a pas un suspense à couper le souffle et aucun frisson garanti. Par contre, ceux qui aiment les personnages atypiques et loufoques passeront un agréable moment avec le héros récurent créé par Jean-Christophe Rufin. Vu « le bonhomme » on va certainement pouvoir faire le tour du monde des ambassades françaises !

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L'outrage fait à Sarah Ikker de Yasmina Khadra

Julliard, 2019

 

 

“Couple comblé, Sarah et Driss Ikker mènent la belle vie à Tanger jusqu'au jour où l'outrage s'invite à leur table. Dès lors, Driss n'a plus qu'une seule obsession : identifier l'intrus qui a profané son bonheur conjugal”

 

Un livre qu'on lit d'une traite, qui mêle habilement une enquête policière à une description de la société marocaine. Jamais déçue par Yasmina Khadra, c'est toujours avec plaisir qu'on retrouve ses livres même si ce qu'il décrit suscite bien souvent des agacements, des dégoûts voire des colères.

Mais voilà, tout l'art de cet auteur est d'embarquer son lecteur au plus proche d'une intrigue, tout en gardant lui même une grande distanciation.

La femme du lieutenant Driss Ikker s'est fait violer sous leur toit. Pour Driss, une seule chose compte dorénavant, trouver le coupable.

Ses recherches tournent à l'obsession, le rendant incapable de renouer une relation apaisée avec sa femme. Il se place dans la position du principal outragé.

Pour le lecteur, cette attitude est révoltante... à moins qu'il n'y ait autre chose ?

Tout le déroulement de l'enquête est l'occasion de décrire les rapports sociaux et humains au sein d'une société qui semble désespérément corrompue.

Deux dominations se dessinent au fil des pages. En premier lieu, celle des hommes sur les femmes, ces dernières étant considérées comme une possession, au même titre qu'une voiture.

Ensuite viennent les rapports sociaux décrits sans aucune complaisance. Il semblerait que les places de pouvoir ne soient pas occupées en fonction des capacités mais soient en lien direct avec l'argent.

À priori tout s'achète : du diplôme de médecin, à la place de commissaire, ainsi que la tranquillité des truands pour mener à bien leurs malversations.

Chaque protagoniste est l'archétype du parvenu qui ne doit sa place qu'à l'argent ou à ses relations. Le sport national semble être d'écraser les autres pour se hisser au sommet et d'exercer diverses pressions pour s'y maintenir.

Peu des personnages de cette histoire suscitent de l'empathie. Mais le suspense est si bien distillé qu'on peine à fermer le livre avant de savoir.

Les révélations sont un coup d'éclat. Il y aura une suite mais heureusement, avec ce premier tome, on ne reste pas sur sa faim.

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Les chiens de Riga de Henning Mankell,

Points, 2003

 

 

"Février 1900. Un canot pneumatique s'échoue sur une plage de Scanie en Suède. À son bord, deux hommes assassinés d'une balle dans le cœur. On identifie des criminels lettons d'origine russe, liés à la mafia. Le commissaire Wallander part pour Riga. Il se trouve plongé dans un pays en plein bouleversement…"

 

C'est la deuxième enquête du commissaire Wallander. Ceux qui l'avaient suivi le retrouveront peut-être avec plaisir, les autres le découvriront avec intérêt au début mais rapidement une certaine lassitude s'installera.

Le roman nous embarque dans une ville qui ne ressemble plus à ce qu'elle est devenue aujourd'hui et c'est tant mieux pour ceux qui y vivent. 1991, ça nous semble être hier mais pour les pays qui ont été liés à l'URSS, les changements ont été si brutaux qu'il nous semble toujours qu'on nous parle d'un temps qui s'apparente plus aux années 1950 !

Le polar se transforme petit à petit en roman d'espionnage assez moyen. Seule, la description des ambiances suscite encore un intérêt à mi-lecture.

La rencontre entre Wallander l'enquêteur et le major Lieppa venu de Riga en renfort, donne lieu à des échanges sur les notions de liberté et de démocratie. Ensuite les premiers pas de Wallander dans la capitale lettone où s'affrontent partisans de l'indépendance et pro-russe, sont assez captivants. L'auteur décrit bien un monde sous surveillance permanente. Le Suédois est déboussolé. Pour mener l'enquête il doit prendre de nouveaux repères et composer avec un monde dont il ignore tout : ses moindres gestes sont épiés, il est sur écoute, les faux-semblants sont pléthores….

Malheureusement l'intrigue, malgré des rebondissements, s'essouffle, Wallander tourne en rond mais le lecteur aussi !

On finit par avoir hâte que son enquête aboutisse mais même la résolution en elle-même est peu satisfaisante.

De plus, si l'enquêteur suédois est attachant, il ressemble trop à ceux qui existent déjà dans des centaines de polars. C'est toujours le même schéma : le policier, entre deux âges, divorcé, désabusé, qui s'interroge sur son métier…

Au final, dans « les chiens de Riga », il ne reste plus que Riga pour tenir le lecteur jusqu'au bout.

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Nymphéas noirs, de Michel Bussi,

Pocket 2013

 

Le jour paraît sur Giverny.

Du haut de son moulin, une vieille dame veille, surveille.Le quotidien du village... les cars de touristes.

Des silhouettes et des vies. Deux femmes en particulier se détachent. L'une, les yeux couleur Nymphéa rêve d'amour et d'évasion, l'autre 11 ans, ne vit déjà que pour la peinture.

Deux femmes qui vont se trouver au cœur d'un tourbillon orageux.

Car dans le village de Monet, où chacun est une énigme, où chaque âme à son secret , des drames vont venir diluer les illusions et raviver les blessures du passé...

 

 

Moi qui ne suis pas particulièrement « polar », je veux bien reconnaître que c'est un art, de bien ficeler une enquête, de perdre habilement ses lecteurs pour mieux les éclairer à la toute fin.

Cette enquête nous offre une intéressante galerie de personnages, mais également l'occasion d'en apprendre plus sur Claude Monet.

 

Aujourd'hui les touristes que nous sommes, se promènent avec insouciance dans Giverny, ignorant que le maître était souvent intransigeant dans son désir de conserver intact les paysages qu'il avait ou voulait peindre.

À Giverny, tout tourne, forcément, autour de l'art mais tous les aspects sont ici disséqués : du désir de peindre à l'art marchand, beaucoup moins noble !

L'enquête nous entraîne sur plusieurs pistes : l'ouvrage débute sur un meurtre mais cela ne sera peut-être pas le seul...

Ce crime est peut-être crapuleux, la victime était prête à tout pour posséder un tableau de Monet. Mais la victime , Jérôme Morval était autant amateur d'art que de femmes…. victime d'un mari jaloux ?

Les multiples personnages de ce roman sont souvent très attachants.

Fanette, petite fille, peintre en herbe, aux rêves prometteurs. Stéphanie, la belle institutrice qui cherche l'amour et semble prête à prendre son envol de ce village trop petit qui la retient sans cesse.

Benavides et Laurenç, les inspecteurs dont les liens amicaux offrent de bons moments teintés d'humour.

Cette vieille femme et son chien, tous les deux spectateurs des drames qui secouent le village...

 

C'est le roman idéal à lire pendant une escapade à Giverny. On y retrouve l'ambiance et tous les lieux croisés : la maison et les jardins de Monet, La Tour du moulin, transformée aujourd'hui en gîte, l'hôtel Baudy...

« Nymphéas noirs » m'a tenue en haleine et j'ai trouvé le dénouement excellent : habile et original.

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Smilla et l'amour de la neige

de Peter Høeg, Point, 1995

"Smilla connait la neige. Groenlandaise expatriée au Danemark, elle garde de son enfance une perception aiguë et un amour incommensurable pour les paysages immaculés.

 

Quand le petit Esajas se tue en tombant du toit d'un immeuble, elle ne croit pas un accident. Smilla sait lire les empreintes sur la neige et ce ne sont pas celles d'un enfant qui jouait mais celle d'une proie qui cherchait à s'enfuir…"

 

Un livre en deux parties très différentes. Si j'avais été prévenue, je me serais contentée de la première partie qui offre un intérêt de découverte sociologique et historique sur le Danemark.

J'aurais fait l'impasse sur la seconde partie qui ressemble à un très mauvais film d'action américain !

 

Smilla proche de la quarantaine, de mère groenlandaise et de père danois est écartelée entre les deux cultures. Elle porte un regard très critique sur la société danoise. Ā travers son regard , on en apprend plus sur la culture Inuit mais surtout sur l'histoire des rapports entre les deux territoires.

Le Groenland est sous domination danoise, les Inuits sont les “pauvres”, les “laissés-pour-compte” du royaume.

L'intrigue est assez intéressante et durant les premières pages, on suit sans déplaisir cette femme atypique qui parle sans détour, aux sentiments parfois trempés dans la glace, dans son enquête.

 

Malheureusement, plus les investigations avancent, plus le livre sombre dans la facilité, voire la médiocrité.

Les passages de bagarres et d'explosions se multiplient. L'invraissemblance règne en maître sur cette deuxième partie, qui n'a plus aucun intérêt.

On s'accroche tout de même un peu dans le foutraque des personnages et des pistes lancées par l'auteur.

Smilla, notre petite bonne femme se transforme en Rambo dans un sous-marin...!!

 

On s'accroche pour rien, la résolution de l'enquête est inepte.

 

En 500 pages, on passe de la critique historique au polar mediocre !

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Plus Jamais seul de Caryl Ferey.

Folio Policier

Un ancien flic , borgne, borderline et passablement porté sur la bouteille, se retrouve avec une fille, dont il n'avait pas connaissance de l'existence, sur les bras et la mort suspecte d'un vieil ami !
Il se lance alors dans une enquête à haut risque qui va le mener des milieux de la bourgeoisie bretonne et du port de Brest aux confins des îles grecques et de leur tragédie humanitaire.
Une écriture nerveuse, dont Caryl Ferey est spécialiste, dans la droite ligne de ses romans précédents (Haka, Zulu, Mapuche...), un personnage taillé à la serpe, à l'humour grinçant, désenchanté, une trame de fond gloaque mais aussi pleine d'espoir avec une critique non dissimulée des processus économiques en cours en Europe ....
Bref, un must to read !

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Sept films...

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A couteaux tirés de  Rian Johnson

avec Daniel Craig, Chris Evans, Ana de Armas,

2h11, comédie dramatique, USA.

 

 

« Célèbre auteur de polar, Harlan Thrombey est retrouvé mort dans sa somptueuse propriété, le soir de ses 85 ans. L'esprit affûté et la mine débonnaire, le détective Benoît Blanc est alors engagé par un commanditaire anonyme afin d'élucider l'affaire. »

 

Un vrai bon divertissement familial. L'esprit d'Agatha Christie plane au-dessus de cette histoire extrêmement bien ficelée. L'enquête révèle le portrait d'une famille aussi riche qu'atroce pour notre plus grand plaisir.

Tour à tour interrogés pour les besoins de l'enquête, le spectateur fait connaissance avec les membres de cette famille.

Leur cupidité fait d'eux de potentiels coupables et invite le spectateur à se creuser les méninges pour échafauder des hypothèses et deviner le coupable.

Les pistes sont diverses, les trahisons et les coups bas sont légions. L'intrigue est menée tambour battant et on n'a pas le temps de s'ennuyer. L'enquêteur très bien interprété par Daniel Craig est à la fois un bon Hercule Poirot moderne mais également un Colombo qui met les pieds dans le plat des puissants.

À mi-film on pense savoir...se demandant juste par quel mécanisme le coupable va se faire prendre, mais c'est sans compter sur les multiples rebondissements qui rythment l'ensemble du film.

À couteaux tirés est un film policier grinçant et très drôle nous faisant presque oublier qu'il s'agit tout de même d'un horrible crime crapuleux !

VOD : http://www.allocine.fr/film/fichefilm-267546/telecharger-vod/

Bienvenue à Suburbicon de George Clooney

avec Matt Damon,  Julianne Moore, Noah Jupe,

1h44, policier, comédie, USA.

 

Suburbicon est une paisible ville résidentielle aux maisons poprettes et aux pelouses impeccablement entretenues. L'endroit parfait pour une vie de famille.

Durant l'été 1959, tous les résidents semblent vivre leur rêve américain. Dans cette parcelle de paradis pourtant, entre les murs de ces pavillons, se cache une réalité toute autre...

 

Un scénario des frères Coen, adapté par George Clooney, ça donne forcément un film au-dessus de la moyenne dans le paysage cinématographique hollywoodien si prévisible !

Bienvenue à Suburbicon est une satire grinçante et sanglante du rêve américain.

Dans un décor de carte postale et derrière des sourires de publicité se cache une terrible violence.

Cette violence est partout, aussi bien sociale que familiale et les enfants en sont les spectateurs et les victimes.

Tensions et "horreurs" vont crescendo tout au long du film. On suit en parallèle, l'enfer d'une paisible famille noire qui s'installe dans cette banlieue faussement paradisiaque et contre laquelle va se déchaîner la haine d'un racisme primaire, et l'enfer d'un petit garçon dont la famille modèle va s'avérer un nid d'escrocs et de tueurs.

 

Ceux qui ont aimé Clooney dans “O'Brother”, “Burn After Reading” seront réjouis de ce qu'il a fait du scénario des frères Coen : un film critique sur les États-Unis mais aussi une farce macabre qui donne envie de rire avec ses personnages qui s'enlisent petit à petit et meurent dans des situations grotesques.

Ceux qui ne goûtent pas ce genre d'humour proscrirront ce film qui leur paraîtra forcément trop décalé et terriblement improbable.

Pour “Pourvu qu'on ait livre's”, ce fut un très bon divertissement !

VOD : http://www.allocine.fr/film/fichefilm-109347/telecharger-vod/

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Roubaix, une lumière de Arnaud Desplechin

avec Roschdy Zem, Léa Seydoux, Sara Forestier,

1h59, drame, France

 

« À Roubaix, un soir de Noël, Daoud, le chef de la police locale et Louis, fraîchement diplômé, font face au meurtre d'une vieille femme. Les voisines de la victime, deux jeunes femmes toxicomanes, alcooliques et amantes sont témoins et suspects... »

 

C'est sans conteste un bon film. Malgré tout, certains aspects nous empêchent d'être entièrement convaincus.

Le côté polar-social est excellent. Le portrait d'une ville, sa lente évolution vers la misère, devenue une des plus pauvres de France est fin, loin de tout pathos.

Arnaud Desplechin, né à Roubaix nous donne a voir une réalité crue.

Par l'intermédiaire de son personnage principal, à qui il donne un passé dans la ville, on mesure l'étendue du drame de ces villes sinistrées.

 

Les acteurs sont excellents.

Roschdy Zem incarne à la perfection, la force tranquille de la loi, Léa Seydoux, la paumée au caractère bien endurci par la vie et Sara Forestier, tout aussi paumée avec son perpétuel air de lapin pris dans les phares d'une voiture.

Les intrigues annexes plantent le décor et soutiennent le versant social de ce polar.

 

Malheureusement le film dure plus que de raison pour ce qui finit par surtout ressembler à une série de portraits.

Un léger aspect psycho-philosophique pointe le bout de son nez et il n'était pas utile.

On reste tout de même sous le charme de Daoud, ce commissaire de police si humain et si intelligent qu'il nous donnerait presque envie de devenir délinquant pour croiser sa route !

Quitte à faire un film de deux heures, on aurait aimé avoir certaines réponses ou développements notamment sur l'histoire de Louis, la jeune recrue, ou même sur l'histoire familiale du grand et fort Daoud...

VOD : http://www.allocine.fr/film/fichefilm-264597/telecharger-vod/

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En liberté de Pierre Salvadori

avec Adèle Haenel, Pio Marmai, Damien Bonnard, Audrey Tautou .

1h48, comédie, France.

 

“Yvonne, inspectrice de police, découvre que son mari, le capitaine Santi, héros local tombé au combat, n'était pas le flic courageux et intègre qu'elle croyait mais un véritable ripou.

Déterminée à réparer les torts commis par ce dernier, elle va croiser le chemin d'Antoine, injustement incarcéré par Santi pendant huit longues années...”

Je sens bien qu'on pense souvent que chez “Pourvu Qu'on Ait Livre's”, on aimerait pas trop rire au cinéma. Qu'on préférerait la lenteur du film allemand, la problématique de l'Orient, la noirceur des films russes... au bon vieux rire dont on dit qu'il vaut un steak.

“En liberté” est la preuve que nous ne sommes pas végans.

 

Ce film est plein de loufoqueries, on sourit, on rit mais il y a, et c'est ce qui fait sa réussite, un vrai sujet.

Au cœur de cette comédie on s'interroge, d'une part sur les dégâts provoqués par la condamnation d'un innocent, et d'autre part sur la culpabilité “héritée” de nos proches.

Antoine “pète les plombs”, ce qui donne lieu à des scènes délirantes, puisque finalement il considère que la société lui doit huit ans de sa vie.

Dans ce domaine, certaines répliques promettent de devenir cultes !

“C'est quoi ce truc de massacrer les gens, calmement comme ça ? on n'avait pas l'impression que tu te battais mais que tu rangeais ton bureau...”

La rencontre ne peut être que détonante avec Yvonne prête à tout pour réparer les méfaits de son ripou de mari.

Les acteurs sont tous très bons, le burlesque leur va bien.

“En liberté” est une bonne comédie.

VOD : http://www.allocine.fr/film/fichefilm-250801/telecharger-vod/

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Blackklansman de Spike Lee

avec John David Washington, Adam Driver, Topher Grace,

2h16, biopic, comédie, USA.

 

Run Stallworth, un officier de police afro-américain du Colorado, réussi à infiltrer le Ku Klux Klan et devient presque le chef du chapitre local.

 

Si le propos est percutant, le film peine à intéresser de bout en bout.

L'ambiance des années 70, au plus fort de la lutte pour les droits civiques, est bien rendue.

Run devient le premier officier noir américain du Colorado Springs Police Départment et on mesure les difficultés qu'il affronte tant l'hostilité de certains de ses collègues est manifeste.

Un racisme primaire, grossier et violent flotte en permanence dans ce département de police.

L'infiltration dans le le Ku Klux Klan se fait en premier lieu par téléphone. On plonge alors dans la pensée nauséabonde des suprémacistes blancs.

Au niveau national, les dirigeants tentent de séduire le plus grand nombre en déguisant leur discours ultra violent.

Sur le plan local, on a surtout à faire à une bande de demeurés et de psychopathes.

Les choses se compliquent lorsque Ron devra infiltrer physiquement le groupuscule. C'est un de ses collègues blancs qui prendra sa place mais c'est Ron qui poursuit les relations téléphoniques.

À ce moment, le film, bien que basé sur des faits réels, perd en crédibilité. On se demande bien pourquoi multiplier les interlocuteurs , au risque d'être découvert,  cela a peu de sens.

On décroche légèrement, attendant des scènes plus fortes ou plus drôles, puisque le film est classé dans les comédies. Cela ne vient jamais vraiment. Les situations sont toujours plus effroyables que drôles.

Ne restent que des scènes touchantes , particulièrement celle de ce vieil homme évoquant le terrible lynchage auquel il a assisté dans sa jeunesse.

 

Si globalement ce film est assez décevant, il se laisse voir tout de même. Le fond restant un témoignage indispensable à une époque où l'Amérique semble vouloir se recentrer de nouveau sur les seuls « visages pâles »

VOD : http://www.allocine.fr/film/fichefilm-258805/telecharger-vod/

Wind River de  Taylor Sheridan

avec Jérémy Renner, Elizabeth Olsen, Graham Greene, 1h47, thriller, USA.

 

Cory Lambert est pisteur et chasseur professionnel dans la réserve indienne de Wind River, perdue dans l'immensité sauvage du Wyoming. Lorsqu'il découvre le corps d'une femme assasinée en pleine nature, le FBI envoie une jeune recrue, élucider ce meurtre.

Fortement lié à la communauté amérindienne, Cory Lambert va l'aider a mener cette enquête, dans ce milieu hostile.

L'intérêt principal de ce film réside dans l'endroit où l'action se déroule.

La nature, certes avec ses grands, magnifiques mais hostiles paysages.

Mais surtout la communauté amérindienne dont il s'agit. Dans wind River, on se prend de plein fouet les conséquences du sort qui a été réservé aux Indiens. Malgré l'immensité du territoire, ils ont été relégués sur les terres les plus hostiles. Victime de l'isolement, cette communauté est ravagée par la précarité, l'alcool, la drogue, et la violence qui forcément en découle. Tout cet aspect du film est vraiment très intéressant et même poignant.

L'aspect thriller est plutôt bien mené, puisqu'il y a , comme il se doit, du suspense et une réelle tension.

Cela dit, ce film souffre des défauts de la plupart des films américains . À force de trop vouloir tirer sur la corde sensible, il en font de trop et cela finit par plus (m')agacer que (m') émouvoir. De même que je trouve grotesque les scènes où les protagonistes, à moins de 1 mètres les uns des autres, tirent 50 balles avant de se toucher, juste pour le plaisir de nous faire entendre une longue série de “pan, pan” !

Le dénouement final est, en outre, discutable, au 21 ème siècle, comme à l'époque du Far-west, il semble admis de faire justice soi-même.

Wind River est au final un film intéressant qui se laisse voir mais qui à mon sens n'est pas totalement réussi.

VOD : http://www.allocine.fr/film/fichefilm-244382/telecharger-vod/

Le Caire Confidentiel de Tarik Saleh

avec Farès Fares, Hania Amar, Mari Malek, Yasser Ali Maher, 1h51, policier, Suède.

 

Le Caire janvier 2011, quelques jours avant le début des grandes manifestations de la place Tahrir.

Une jeune chanteuse est assassinée dans une chambre d'un des grands hôtels de la ville. Noureddine, inspecteur revêche chargé de l'enquête, réalise au fil de ses investigations que les coupables pourraient bien être liés à la garde rapprochée du président Moubarak.

 

Très bon film ! l'aspect polar est bien ficelé malgré quelques longueurs.

Au fond, c'est beaucoup plus un film politique et l'enquête sert à mettre en avant les mécanismes de la corruption. La société égyptienne est décrite avec une certaine noirceur et l'on voit difficilement, il est vrai, une issue possible pour un pays dont la police et la classe politique sont corrompues à tous les niveaux.

Le vendeur de contrefaçons paie le simple policier pour s'installer au coin d'une rue, les membres de la Police se soudoient entre eux pour intervenir hors de leur zone d'action, le grand industriel paye le chef de la police pour ne pas être mise en cause dans une histoire de meurtre.....C'est la loi du plus fort, et le plus fort, c'est celui qui détient l'argent et les armes. C'est ce monde désolé que nous décrit Tarik Saleh.

Ce film laisse entrevoir peu d'espoir de changement pour l'avenir. Une seule phrase à la fin du film entrouvre vaguement une porte.

 

Le Caire Confidentiel n'est pas très réjouissant mais c'est un film bien réussi.

VOD : http://www.allocine.fr/film/fichefilm-252157/telecharger-vod/

5.bmp

... pourquoi pas ?

... vraiment pas mal

... à ne pas manquer

... à fuir !

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