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Parcours autour du théâtre Antoine (10 ème)

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Pourvu Qu'on Ait Livre's

vous souhaite une

Ce parcours répond à une unité de lieu comme nous la recherchons le plus souvent chez Pourvu Qu'on Ait Livre's. Mais, à y regarder de plus près on pourrait trouver également un fil conducteur temporel. De la Grande Guerre avec le film 1917, à nos banlieues d'aujourd'hui avec les Misérables, films, pièce de théâtre et livres nous font passer par toutes les époques.

 

Avec ce parcours, ce sera aussi l'occasion de jeter un coup d'œil sur les témoignages du passé très présents dans ce quartier. Entre autres, le passage Brady, construit en 1828. Son nom fait référence au propriétaire des terrains. Monsieur Brady qui était un commerçant établi au numéro 46 rue du Faubourg Saint-Denis. Le passage prévu initialement a finalement été coupé en deux par la percée du boulevard de Strasbourg en 1852.

Une partie qui regroupe de nombreux restaurants exotiques est couverte d'une très belle verrière.

De plus, on ne manquera pas la porte Saint-Denis, arc de triomphe construit en 1672 à la gloire de Louis XIV. Important témoignage des limites géographiques de la ville, puisqu'il a été érigé à l'emplacement d'une porte médiévale dans l'enceinte de Charles V (enceinte construite de 1356 à 1383).

Un théâtre

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Théâtre Antoine

14 boulevard de Strasbourg, 75010 Paris

 

La salle a été inaugurée en 1866 sous le nom de théâtre des Menus-Plaisirs.

Le lieu a souvent changé de nom : Théâtre des Arts, Opéra-Bouffe, Comédie-Parisienne. C'est en 1897 qu'il est baptisé théâtre Antoine.

De 1943 à 1984, c'est la comédienne Simone Berriau qui prend la direction du théâtre et elle y fera jouer toute l'oeuvre dramatique de Jean-Paul Sartre.

Ce lieu emblématique, avec son architecture à l'italienne est inscrit au titre des Monuments Historiques depuis 1989.

La façade du théâtre est joliment décorée de mosaïques colorées. L'intérieur n'est pas moins beau, un plafond splendide, un foyer orné de vitraux, l'ensemble nous fait voyager dans le temps.

Une pièce...

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Fleur de soleil de Simon Wiesenthal,

adaptation de Daniel Cohen et Antoine Mory. Mise en scène de Steve Suissa

avec Thierry Lhermitte.

 

« Simon Wiesenthal a cherché toute sa vie à comprendre ce qui lui est arrivé, en ce matin ensoleillé de 1942. Seul dans la pénombre d'une chambre, il entend ce jour-là, la dernière confession de Karl. Pendant la guerre, celui-ci a assassiné des innocents et il lui demande grâce. Peut-on pardonner l'impardonnable ? »

 

Le texte de Simon Wiesenthal n'est pas qu'un témoignage bouleversant de l'Holocauste. Il force indéniablement la réflexion. La notion de pardon est au cœur du propos. Le texte comporte donc deux aspects, à la fois narratif et philosophique.

 

La rencontre avec le jeune SS Karl est l'occasion de retracer le parcours de Simon Wiesenthal dans la guerre.

De la montée du nazisme, avec l'apparition des ”jours sans juif” décrétés dans son école d'architecture, à l'horrreur des camps de concentration.

De la mort de ses compagnons, des fours crématoires qui fonctionnent nuit et jour, à la libération et la recherche de justice.

 

La confession de Karl amène à une autre dimension de l'histoire. Simon Wiesenthal est choisi parce que juif. Peut-il pardonner au jeune SS pour l'ensemble de la communauté ? Karl est un bon fils, mais est-ce suffisant pour effacer les crimes nazis ?

 

S'ouvre alors un jeu de questions-réponses. Avec l'utilisation, plutôt réussie de la vidéo, la pièce est entrecoupée de témoignages des personnalités (écrivains, philosophes..) qui ont répondu à la question posée dans ”Fleur de soleil” : et vous, "qu'auriez-vous fait à ma place ?"

 

Le fond de la pièce reste ce qu'il est : un témoignage essentiel, un questionnement toujours primordial.

Malheureusement, il m'a semblé que l'interprétation n'était pas à la hauteur. Peut-être parce qu'il s'agit des premières représentations mais Thierry Lhermitte manque de passion et de force. Seul en scène, il doit donner vie à tous les personnages et dans ce domaine il est peu convaincant. Le texte et l'exercice sont difficiles mais on regrette qu'il ne soit pas plus “habité” par son rôle.

De même, ce genre de pièce ne devrait être jouée que dans des petits théâtres (ceux où même derrière, on est devant !). Les prix des places poussent à s'élever vers les balcons, là où les regards de l'acteur échappent ce qui ôte une partie du jeu essentiel pour porter un propos si grave.

Une librairie...

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L'Ouvre-Boîte

20 rue des Petites écurie, 75010 Paris

 

Dans une rue chargée d'histoire, puisque elle tient son nom de la présence des écuries royales, l'Ouvre-Boîte est une très sympathique librairie de quartier. Avec une déco qui a du caractère, on trouve ici une bonne sélection de titres récents mais également un large choix de livres sur la musique.

trois livres...

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Jour de courage de Brigitte Giraud,

Flammarion, 2019

 

« Lors d'un exposé en cours d'histoire sur les premiers autodafés nazis, Livio, 17 ans, retrace l'incroyable parcours de Magnus Hirschfeld, ce médecin juif allemand qui lutta pour l'égalité homme-femme et les droits des homosexuels, dès le début du 20e siècle.

Homosexuel, c'est précisément le mot que n'arrive pas à prononcer Livio : ni devant son amie Camille, dont il voit bien qu'elle est amoureuse de lui, ni devant ses parents. »

 

Un beau roman qui malheureusement, malgré son faible nombre de pages, semble parfois bien fastidieux à lire. On mesure à quel point il reste difficile même au 21e siècle de découvrir, et encore plus de vivre, son homosexualité pour un jeune homme de 17 ans.

Livio semble se servir de son exposé sur Magnus Hirschfeld pour tenter son coming-out. Pour cela, il rame et si on comprend bien pourquoi, le problème c'est qu'on rame avec lui, rendant souvent la lecture un peu ennuyeuse.

On le regrette car le sujet est très intéressant et l'écriture d'une belle sensibilité est plaisante.

Par l'intermédiaire de ce lycéen, l'auteure mêle deux histoires, qui a un siècle de distance, ont des apparences tristement communes.

Magnus Hirschfeld est un personnage très intéressant à découvrir ici. Ses recherches sur la sexualité et l'homosexualité font de lui un précurseur. Honni par les nazis, il devra fuir l'Allemagne et sa bibliothèque de recherche sera détruite lors d'un terrible autodafé. On suit son histoire à travers l'exposé de Livio face à sa classe.

Parallèlement, on découvre le cheminement du jeune homme, la découverte de son homosexualité, une ambiance familiale peu propice à la communication, son amitié avec Camille…

Durant l'exposé de son ami, la jeune fille comprend ce que le lecteur savait déjà.

Livio tergiverse, se perd en digression, on se prend à être dans le même état d'esprit de cette classe quelque peu apathique et on se lasse.

On se raccroche tout de même à l'envie de savoir comment tout cela va finir d'autant que dès le début de l'histoire, on sait que Livio a disparu. Malheureusement, on reste sur sa faim. Dommage !

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La Symphonie du Nouveau Monde de Lenka Horňáková-Civade

Alma éditeur 2019

« 1938. À Marseille, Vladimir, tout juste nommé Consul de la nouvelle Tchécoslovaquie, s'installe dans ses murs, ébloui par la vitalité du grand port. Pendant ce temps, à Strasbourg, Bojena, jeune praguoise en route pour l'Amérique, vole le bébé d'une autre émigrante, une juive morte en couche. Où le sauve ? en tout cas, elle poursuit son chemin avec l'enfant et sa poupée de chiffon. »

 

Une belle plume, mise au service d'une histoire grave et bouleversante. L'auteure, avec une écriture à la fois poétique, sensible, teintée parfois de légères pointes d'humour, nous raconte la terrible histoire du monde à travers des destins individuels.

Le propos est empreint de gravité. 

 

En 1938, il en est plus d'un qui est en quête d'un nouveau monde.

Vladimir, nommé consul en 1938, croit en sa jeune République tchécoslovaque mais son sort est scellé à Munich la même année.

Malgré sa volonté de continuer à faire vivre ”l'idée” de son pays, il assistera non seulement à sa disparition mais également aux espérances trahies après la guerre.

 

Vladimir Vohoc a bel et bien existé. Durant son séjour à Marseille, il a fourni des visas à de nombreux Juifs. Jugé, condamné pour trahison en 1954. il faudra attendre les années 2000 pour que soit reconnu son acte de résistance.

Bojena et son époux espèrent aussi un nouveau monde. Fuyant une Europe au bord de la guerre, ils rêvent d'Amérique mais leur course ne dépassera pas Marseille.

De son périple, il ne restera à Bojena que Josepha et sa poupée. Ce bébé volé ou sauvé est l'occasion d'évoquer l'horrible destin des Juifs d'Europe.

Ses parents biologiques en quête de paix et de sécurité n'ont plus foi en l'Europe où les « traditionnels » pogroms de l'Est laissent la place au nazisme.

L'histoire de Bojena et Josépha est narrée de façon très originale. C'est la poupée de chiffon qui a tout vu, tout entendu, qui est le témoin de leur destin de fuite, de misère et de peur.

On ressent au fil des pages de ce beau roman toute la détresse d'un pays. Les destins croisés de 1938, 1953 et 2002 nous font mesurer la fragilité de l'individu placé seul face à des machines à broyer.

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Hippie de Paulo Coelho

Flammarion 2018

 

Polo est un jeune homme aux cheveux longs qui souhaite devenir écrivain. Fuyant la dictature militaire brésilienne, il part faire le tour du monde à la recherche de liberté et de spiritualité. À Amsterdam, il rencontre Carla une jeune hollandaise qui n'attendait que lui pour s'envoler vers la nouvelle destination phare du mouvement hippie, le Népal, à bord du fameux "Magic Bus".

Une belle déception que cette lecture. J'attendais un road trip géographique et temporel. La route entre Amsterdam le Népal promet de bons moments surtout lorsqu'on la fait dans un vieux bus scolaire.

La traversée des pays communistes est assez drôle même si, du coup, la description de ces épisodes est plutôt courte dans la mesure où le bus a interdiction de s'arrêter !

Un passage m'a semblé sortir du lot. Il est question, mais pas assez, de l'image des hippies dans le monde. Dans ce sens, l'interview menée par une journaliste de l'AFP auprès d'un des membres du Magic Bus est très intéressante. Pour elle, le mouvement ne peut que se résumer ainsi : “ sexe, drogue, voyage et rock'n roll”

Or, en 1970, pour la petite troupe que nous suivons ici, il s'agit avant tout de ne plus suivre les voies tracées sur plusieurs générations. La confrontation est bien menée.

Malgré quelques, trop rares, bons passages, l'ensemble du livre m'a terriblement ennuyée. Les considérations sur la spiritualité, l'ésotérisme, le mysticisme prennent le pas sur tout le reste. Ces domaines me laissant totalement indifférente, j'ai sans cesse attendu avec impatience que l'auteur revienne à des aventures plus terrestres !

Pour l'éditeur de Paulo Coelho, il s'agit là "du roman le plus autobiographique de l'un des écrivains les plus lus au monde."

Le lecteur assidu de cet auteur trouvera peut-être... sûrement, son compte !

Il en apprendra plus sur son cheminement en tant que personne et écrivain.

 

Pour les autres, cet ouvrage à peu d'intérêt sauf si on est en quête d'un voyage ésotérique.

N'étant pas lectrice de Paulo Coelho, il me semble que ce n'est pas avec « Hippie » qu' il faut faire connaissance avec cet auteur même si à travers cet ouvrage, on lui reconnaît des talents d'écrivain.

Un cinéma...

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Cinéma Le Brady

39 boulevard de Strasbourg, 75010 Paris

 

Classé aujourd'hui « art et essai », il a été inauguré en 1956.

Ce cinéma a, entre autres, été très fréquenté par François Truffaut. De 1994 à 2011, c'est Jean-Pierre Mocky qui en a eu la direction.

En 2009, il a été rénové et transformé en cinéma-théâtre.

Ce cinéma offre une programmation de qualité et un petit air « à l'ancienne » avec un beau guichet.

Deux films...

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Les Misérables de Ladj Ly

avec Damien Bonnard, Alexis Manenti, Djebril Didier Zonga, Issa Perika,

1h45 policier drame France

 

« Stéphane, tout juste arrivé de Cherbourg, intègre la brigade anti-criminalité de Montfermeil, dans le 93. Il va faire la rencontre de ses nouveaux coéquipiers, Chris et Gwada, deux « bacqueux » d'expérience. Il découvre rapidement les tensions entre les différents groupes du quartier. »

 

Un film prenant qui présente avec réalisme la poudrière qu'est la banlieue. Ladj Ly s'abstient des jugements hâtifs et péremptoires. Il donne à voir, mais dans sa manière de traiter le sujet, il soulève forcément des questions chez le spectateur.

La première partie du film est en quelque sorte descriptive. C'est une immersion totale dans la vie quotidienne d'une cité où différents groupes tentent, tant bien que mal, de coexister : des enfants désoeuvrés, des parents démunis, des dealers, des médiateurs magouilleurs, Les Frères musulmans…. Cette première approche se fait à travers le regard de  « Pento » le  "baqueux"  fraîchement débarqué. Ses réserves face aux méthodes et à l'attitude de ses collègues participent à la vision nuancée souhaitée par le cinéaste. II n'y a pas d'un côté tous les gentils et de l'autre tous les méchants.

Dans la seconde partie, le film social se double d'un film policier. Lors d'une bavure, les trois policiers sont filmés par un drone manipulé par un enfant. Le rythme s'accélère. Pour retrouver le drone, de drôles d'alliances vont se nouer.

Une telle vidéo provoquerait des émeutes or cela m'arrangerait ni policiers ni trafiquants !

 

Il me semble qu'ici, « Les Misérables » ce sont surtout les enfants. Tout au long du film, ce sont eux qui subissent les principales violences : bringuebalés, manipulés, souvent considérés comme quantité négligeable.

C'est leur révolte qui va conclure le film nous laissant sur une interrogation : comment tout cela va-t-il finir ?

Le film a été diffusé à l'Élysée. Selon les médias : « Le président a été bouleversé par sa justesse, il a demandé à son gouvernement de rapidement trouver des idées et d'agir pour améliorer les conditions de vie dans les quartiers ». Voilà des propos qui laissent perplexe. J'ai peine à croire que le monde politique découvre en 2019 avec « Les Misérables » la situation dans les banlieues dites difficiles !!

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1917 de Sam Mendes

avec George Mackay, Charles Chapman,

1h59, drame historique, USA, Grande-Bretagne.

 

« Pris dans la tourmente de la Première Guerre mondiale, Schofield et Blake, deux jeunes soldats britanniques, se voient assigner une mission à proprement parler impossible. Porteurs d'un message qui pourrait empêcher une attaque dévastatrice et la mort de centaines de soldats, dont le frère de Blake.»

 

Ce film fait grand bruit. Les mordus de la technique cinématographique le verront avec un œil intéressé. Ils trouveront sûrement leur compte. Les autres, ceux pour qui la technique, bien que très importante, n'est qu'au service d'une histoire et d'un propos, seront déçus, eu égard au battage médiatique.

Certes, cette histoire de long plan-séquence (qui est en réalité la succession de plusieurs longs plans-séquences) donne l'impression d'évoluer au milieu des soldats, un peu à la manière des jeux vidéo mais l'ensemble du film est trop inégal pour susciter un réel enthousiasme.

La première partie est la plus réussie. C'est presque un véritable témoignage de la vie dans les tranchées. C'est toute la réalité de la guerre que nous donne à voir Sam Mendes : la fatigue, la faim, le froid, la boue, les rats, les cadavres en décomposition sur le no man's land qui sépare la ligne de front…..

Cet aspect descriptif est très intéressant d'un point de vue pédagogique et ce n'est pas inutile pour nos ados.

Malheureusement, dans la deuxième partie, le film plonge dans tous les travers du cinéma américain. Une succession d'actes héroïques, une trame cousue de fil blanc, des lieux improbables (un furieux torrent, dans les plaines du Nord ????), des soldats allemands qui ne savent pas viser, le tout soutenu par une musique très ciblée au cas où on ne saurait quand avoir peur où avoir envie de pleurer !

Dommage ! Il faut croire que pour les investisseurs américains, la seule réalité de 14-18 ne présentait pas assez d'action pour faire un film.

De même que, au bout du chemin, il n'était pas utile de mettre un "frère". Blake et Schofield doivent exécuter cette mission, non pas sentimentalisme mais parce que c'est un ordre et qu'en cas de refus, c'est la mort assurée pour mutinerie !

1917 n'a pas su faire l'économie du mélodrame à la mode US.

Restent tout de même quelques propos intéressants sur les chefs militaires, plus ou moins enclins aux boucheries et sur la difficulté de gérer en permanence ordres et contre-ordres.

... pourquoi pas ?

... vraiment pas mal

... à ne pas manquer

... à fuir !

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