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Escapade à Varsovie

3 mars 2020

À deux petites heures d'avion (un jour en train, ou plus d'un mois à pied, pour les purs et durs) Varsovie offre une belle escapade. L'architecture à elle seule est un puissant témoignage d'une histoire souvent mouvementée, toujours terrible.

Il faut dire que la position géographique de la Pologne n'a jamais été très confortable, coincée entre les velléités russes et allemandes !

Varsovie est souvent évoquée comme la ville Phenix, capable de renaître de ses cendres. Le paysage urbain est très varié : monuments reconstruits comme au 17e siècle, bâtiments de type soviétique ou encore architecture ultra moderne d'après 1989.

En traversant Varsovie de part en part, on traverse plusieurs siècles d'histoire.

Balade dans la ville...

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Le cœur historique

 

Au centre du cœur historique de Varsovie, on ne peut qu'être admiratif du travail qui a été accompli. En août 1944, plus de 85 % du lieu a été détruit par les troupes nazis. Après la guerre, la reconstitution à l'identique a presque été totale.

C'est l'endroit qui concentre le plus de monuments : un palais royal, une cathédrale, des églises, une barbacane…

Au centre, la place du marché est entourée de belles façades colorées ou sculptées.

Les rues environnantes, pavées, offrent un joli témoignage de l'architecture médiévale.

Le plus agréable est d'arriver par la « Voie Royale » qui donne déjà un bel aperçu sur des monuments importants. Palais, universités, églises semblent se succéder à l'infini.

À une rue de cette grande artère, on ne manquera pas le théâtre Wielki dont l'entrée néoclassique est monumentale. Sa salle comprend 1841 places et une scène qui est la plus large d'Europe (1150 mètres carrés).

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Le centre

 

Ultra moderne, les tours de verre fleurissent de partout, créant un paysage urbain de lignes et de reflets. Dans ce quartier, on fait son shopping, on sort le soir et on fait la fête.

Il ne reste ici qu'un vestige de la période communiste mais il ne passe pas inaperçu !

« Le Palais de la Culture et de la Science », de style réalisme socialiste, a résisté au temps et aux colères. Ce gratte-ciel de 231 mètres a été édifié de 1952 à 1955. C'est dans le contexte de la guerre froide que Staline a décidé que le peuple soviétique allait offrir l'une des « sœurs » de l'architecte Lev Roudnev au peuple polonais ( les 7 sœurs sont à Moscou). Depuis, le bâtiment a souvent été au centre de controverses, aussi bien pour l'architecture que le symbole. Finalement conservé après la chute du régime communiste, l'édifice accueille aujourd'hui plusieurs musées et des théâtres. On peut monter sur la terrasse du 30e étage et découvrir la ville à 180°.

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Les restes du Ghetto

 

Le gouvernement polonais a reculé depuis, mais en 2018, il avait eu la ferme intention de prévoir dans une loi : “des peines de prison pour quiconque incriminerait l'état où la nation polonaise pour les crimes nazis”.

La Pologne semble avoir des difficultés à surmonter un lourd passé. C'est un peu ce que l'on constate quand on veut suivre les traces des lieux de la mémoire juive de Varsovie.

Le devoir de mémoire semble souvent à moitié fait et on a toutes les peines du monde à trouver les endroits mentionnés dans les différents guides.

Parmi les lieux les plus symboliques , on notera quelques restes du mur du ghetto, enserrés dans des cours d'immeubles et la synagogue Nozick, la seule restante des 400 lieux de prière pour la population juive d'avant la guerre.

On peut également aller se désoler dans la rue Prozna totalement laissée à l'abandon.

Pourtant ces modestes immeubles en briques sont les seuls à avoir échappé à la destruction du ghetto, puis au bulldozer de la reconstruction.

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Praga

 

Voilà un des seuls quartiers qui n'a pas été détruit pendant la Seconde Guerre mondiale. Il flotte donc un air d'authenticité sans pour autant avoir un attrait touristique particulier.

Aujourd'hui, le quartier semble être en mutation et cohabitent des arrière cours très délabrées avec des lieux sur le chemin d'une certaine « boboïsation ».

Faire un tour à Praga est aussi l'occasion d'aller voir l'ancienne usine Koneser qui était une des plus importantes usines de vodka du 19e siècle.

Le lieu ne ressemble plus à ce qu'il était mais la transformation semble aller vers une réussite.

Le projet allie, avec une certaine harmonie, un style industriel et contemporain.

L'usine a fermé ses portes en 2007. Aujourd'hui, elle accueille le musée de la vodka et un centre culturel. Autour, magasins, habitations, cafés ont été créés pour amener un peu de vie sur un site qui risquait de se désertifier.

Des musées...

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La maison natale de Marie Curie

Freta 16

 

 

On regrette qu'il n'y ait pas d'audio guide en français !

La visite est donc sympathique mais une fois sorti, on n'a pas l'impression d'avoir appris grand-chose.

Pourtant, qu'une femme ait réussie, au 19e siècle à s'imposer dans le monde scientifique, ce n'est pas rien !

Marie Curie est née à Varsovie en 1867, elle se rend à Paris en 1891 pour faire sa thèse à la Sorbonne. Première femme enseignante dans cette institution, elle se marie avec Pierre Curie en 1895 dont elle aura deux filles.

Marie Curie a marqué durablement l'histoire de la médecine avec sa découverte du radium et ses deux prix Nobel.

 

Cette maison musée a été créée en 1967. Sont présentés ici des photographies (de la famille, des amis...) des documents de travail, des objets personnels mais également de travail.

Le musée donne un agréable aperçu d'une femme tournée vers la science à une époque où c'était peu banal.

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Le musée Fryderyka Chopina

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Un très bel endroit qui peut même ravir ceux qui ne sont pas branchés « musique classique ».

Le billet d'entrée est une carte magnétique qui, tout au long du parcours, permet d'avoir des explications ou d'écouter certains morceaux. Le musée, à travers dessins, lettres, partitions, retrace la vie et l'œuvre de l'enfant chéri du pays.

Chopin est né en 1810 dans un petit village à quelques dizaines de kilomètres de Varsovie où ses parents vont rapidement emménager.

Prodige de la musique, Chopin quitte son pays natal pour Vienne en 1830.

De santé fragile, il meurt à Paris à l'âge de 39 ans.

Ce musée date des années 30 et c'est ici qu'on trouve la plus importante collection d'objets relatifs à Chopin (comme son masque mortuaire).

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Le musée de l'insurrection

Grzybowska 79

 

Ce musée, consacré à l'insurrection de Varsovie de 1944, est extrêmement bien fait. La scénographie, d'une grande qualité, rend bien l'atmosphère d'une époque difficile.

Le musée date de 2004. Il est installé dans l'ancienne centrale électrique des tramways, un grand bâtiment en briques typique de l'architecture industrielle du début du 20e siècle.

Le musée réunit des centaines d'objets, de photographies, de témoignages…

L'insurrection de Varsovie du 1er août au 2 octobre 1944 avait un double objectif : se soulever contre les forces allemandes, tout en préservant la souveraineté de la Pologne face à l'avancée de l'Armée rouge.

Sur cette question, une fois de plus, la position des alliés occidentaux a été bien ambiguë !

L'audioguide en français est le bienvenu mais il s'avère si complet que la visite peut durer très longtemps si on écoute toutes les explications.

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Fotoplastikon

Al. Jerozolimskie 51

 

Ce n'est pas vraiment un musée, ça dure une vingtaine de minutes et on est assis !

Disons que c'est une expérience de remontée dans le temps.

Fotoplastikon est une grosse machine autour de laquelle on s'assoit et à travers des jumelles, on regarde des images stéréoscopiques rétro-éclairées donnant une impression de 3D.

Au découvre ici le dernier Fotoplastikon de Pologne. Il a été construit en 1905 et il en existe que de très rares exemplaires à travers le monde.

Ici, la collection de Fotoplastikon compte plus de 7000 photographies documentant des voyages exotiques à travers le monde, depuis le début des 19e et 20e siècle.

Tous les mois, la thématique change. En ce moment, ce sont des photos du Paris d'avant-guerre.

Pour se restaurer...

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Japiecek

Ul. Nowy Swiat 64

 

Il existe plusieurs adresses dans le centre historique pour cette enseigne.

Ce sont des endroits plutôt sympathiques dont la déco fait l'effet d'être dans une chaumière.

On y trouve toutes les recettes de Pierogi à des prix imbattables.

Les Pierogi sont un plat typique de la cuisine polonaise. Ce sont des ravioles, farcies de pommes de terre et fromage blanc, de viande, de chou, de champignons...

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Gosciniec

Nowy Swiat 41

 

Là aussi, il existe plusieurs adresses pour ces restaurants qui sont reconnaissables à leur déco : de grands motifs très colorés couvrent les murs (feuilles, fleurs, coqs...).

On trouve ici la cuisine typique de la Pologne : boulettes, Pierogi, soupes…

C'est copieux et les prix sont très raisonnables.

Si copieux qu'il est difficile d'enchaîner sur un dessert malgré l'envie de goûter !

Librairie...

Ce n'est pas une mince affaire de trouver des publications en français. L'Institut français a déménagé et dans la foulée la librairie Marianne, vantée sur de nombreux sites a disparu.

Cela dit, il y a dans le centre beaucoup de belles librairies polonaises et c'est là le principal !

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Pour le voyageur négligent et qui ne lit que le français, bookland sera une petite roue de secours. Le rayon des ouvrages en langue française n'est pas merveilleux mais il ne vous laissera pas sans lecture pour un court séjour.

Quatre livres...

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Hero, mon amour de Anna Onichimowska,

éditions Thierry Magnier, 2009

“En apparence, une famille aisée qui a tout pour être heureuse. Petit à petit, les fragilités, les difficultés à être ensemble, se révèlent.

Chacun a ses secrets qu'il cache pour préserver la sérénité de la famille…

Et chacun a besoin de sa petite drogue pour être à la hauteur...”

 

L'action se déroule en Pologne mais là n'est pas l'intérêt du roman car cela pourrait se passer n'importe où dans le monde. C'est du cadre familial dont il est question ici. Dès le début du livre, on sent que les protagonistes portent une blessure mais sous des allures de réussite, un drame se profile.

Jusqu'à ce moment de l'histoire, j'ai trouvé ce livre assez envoûtant. Le lecteur est placé en spectateur, presque au même titre que le plus jeune des enfants de la famille, à la différence que lui n'a pas conscience qu'un drame se joue et qu'il y sera au centre.

Les blessures des parents resteront un mystère jusqu'au bout pour le lecteur.

Le père a un poste à responsabilité mais boit pour se sentir “mieux dans sa peau”.

La mère, débordée par son travail, enchaîne cigarette sur cigarette pour s'offrir des pauses dans une vie dont on ne sait pas ce qu'elle en attend, si ce n'est qu'elle n'a pas l'air de correspondre à ce qu'elle désirait.

Le fils adolescent se sent de plus en plus étranger à ses parents qui même lorsqu'ils sont là physiquement, semblent être absents.

Au cœur de cette cellule, la seule à prendre conscience de l'importance de la communication au sein d'une famille est la femme de ménage. Elle voit tout mais sa place ne lui donne que le rôle de juge muet.

Toute cette partie de présentation, de montée progressive des tensions est excellente.

Une fois que la pseudo parfaite petite famille a explosé j'ai beaucoup moins aimé ce roman.

La terrible descente aux enfers de l'adolescent qui plonge petit à petit dans l'héroïne est bien écrite. Malgré tout, je n'ai pas accroché aux passages descriptifs des effets de la drogue ni à ceux qui relatent les mauvaises rencontres dans ce milieu.

Cela dit, ce livre reste un plaidoyer percutant sur la nécessité de s'occuper de ses enfants, bien au-delà du matériel et sur l'échec des drogues comme substitut pour accéder au bonheur.

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Les impliqués

de Zygmunt Miloszewski, pocket; 2007

 

«Varsovie 2005. sous la houlette du docteur Rudzki, quatre patients ont investi l'ancien monastère de la Vierge Marie de Czestochowa.

Entre huis clos et jeu de rôles, cette nouvelle méthode de thérapie de groupe dite "Constellation familiale” ne manque pas d'intensité. Au point qu'un matin, l'un d'entre eux est retrouvé mort au réfectoire, une broche à rôtir plantée dans l' œil… »

 

Un polar que l'on peut classer dans la rubrique des romans assez sympas.

Pas pour le fond, car sur ce sujet les faiblesses sont nombreuses, mais plutôt pour la forme. « Les impliqués » nous fait traverser Varsovie dans tous les sens, du centre historique au centre moderne, de Praga aux quartiers résidentiels.

La visite ne s'arrête pas là, le déroulement de l'enquête nous permet de pénétrer dans l'intimité d'intérieurs divers : chez un fonctionnaire mal payé, chez un psychiatre aisé, chez un pauvre bougre ancien milicien de quartier…

Nous découvrons donc une Varsovie moderne tout en pressentant au fur et à mesure de la narration, que le poids du passé n'est jamais très loin !

Les dossiers constitués par les services de la « police communiste » sont archivés mais dans ce domaine de l'ombre, la mafia semble avoir pris le relais.

Chaque nouvelle journée d'enquête s'ouvre sur une page qui fait office de bulletin d'informations. On y décèle la persistance d'un fort sentiment de conservatisme !

 

En ce qui concerne le fond, ce roman m'a largement moins plu.

Le meurtre du départ se déroule durant une séance de thérapie peu banale.

Si ce procédé semble bien documenté, il n'en va pas moins que cela m'a laissée dubitative !

Tout cet aspect « psy » rend l'intrigue si tordue qu'au dénouement, il faut être bien concentré pour comprendre « qui est qui et qui a fait quoi  ! »

De plus, le procureur Theodore Szacki, personnage principal dans cette enquête puisque, comme il aime le rappeler « on n'est pas dans une série américaine », en Pologne c'est le procureur qui mène l'enquête sur le terrain, est souvent d'un sexisme larvé très agaçant.

Cet homme qui a des côtés fort sympathiques est a priori incapable de décrire une femme sans terminer par nous dire si elle est à son goût ou pas ! On finit par se demander « pour qui il se prend, celui-là !? »

Sans compter ses tergiversations sur sa vie privée qui finissent par être lassantes.

Seuls restent Varsovie, l'histoire chaotique de la Pologne et le suspense !

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Ce mystérieux Monsieur Chopin

de Jean-Christophe Parisot, L'Harmattan, 2008

 

“Dans son appartement de la place Vendôme, Frédéric Chopin, entouré de ses proches, va bientôt mourir. Son ultime docteur, Jean-Baptiste Cruveilhier, confronté à la plus folle des agonies romantiques de son siècle, décide alors d'entreprendre une étourdissante enquête auprès des acteurs du drame."

 

Un livre très agréable à lire. Assez court, il nous permet d'entre apercevoir la vie de Chopin et l'ambiance d'une époque.

Nous sommes en 1849, le musicien, grand représentant du romantisme est mort, son médecin mène une enquête mi-médicale, mi-psychologique pour comprendre les causes de la mort de son patient .

Au premier abord, ce postulat m'a semblé complètement artificiel, mais finalement pas tant que ça, puisque a priori, la question est encore d'actualité !

 Le site de France Musique, a publié le 6 novembre 2017 un article intéressant sur ce sujet : “Des chercheurs révèlent les causes du décès de Chopin après avoir examiné son cœur.”

Au cours de son enquête, le docteur Cruveilhier va nous entraîner dans le milieu des réfugiés polonais qui se sont soulevés contre la tutelle russe. Le lecteur rencontrera l'entourage du jeune prodige, des plus connus au moins connus : George Sand, sa fille Solange, la mère de Chopin, son domestique….

Jean-Christophe Parisot nous propose également un voyage géographique. Chopin est mort à Paris à 39 ans et son corps se trouve au cimetière du Père-Lachaise mais sa vie a débuté à Varsovie et son cœur y est conservé. En 1850, la sœur de Chopin amène le cœur de celui-ci, selon ses dernières volontés, à Varsovie. Cet épisode donne l'occasion de très belles pages descriptives de la ville. Ludwika nous fait traverser tous les lieux de la mystérieuse Varsovie que son frère a parcourus durant les 20 premières années de sa vie.

La fin de l'ouvrage est un peu abrupte et mériterait quelques explications claires. L'échange entre le docteur enquêteur et la fille de George Sand m'a laissée perplexe et pleine d'interrogations.

Cela dit, l'ensemble, malgré ces faiblesses ,se laisse lire avec un certain plaisir.

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Shosha,Isaac Bashevis Singer

Collection "J'ai lu", 1979

 

« Varsovie 1939. Le jeune écrivain Arele Greidinger fait comme tout le monde il vit « comme si ». Comme si le succès était quelque chose d'important, comme si on pouvait encore tomber amoureux, comme si demain existait…

Alors que Arele travaille à une pièce pour un couple d'Américains, il retrouve Shosha une petite amie d'enfance. »

 

Un livre étrange, qui peut être tour à tour, intéressant, puis tout à fait barbant !

Les meilleures pages de cet ouvrage sont celles dans lesquelles l'auteur décrit l'ambiance de Varsovie en 1939. Bien avant la constitution d'un ghetto, on se rend compte que la vie des Juifs était cantonnée à quelques rues. La vie du personnage principal pour laquelle Isaac Bashevis Singer s'est largement inspiré de sa propre vie et de celle de son frère, tourne autour de la rue Krochalma. Rue de son enfance, c'est là qu'il retournera à la veille de l'arrivée des nazis.

Au début du livre, on est étonné que les propos semblent si éloignés des préoccupations de la guerre. Arele Gredinger a coupé les liens de son éducation religieuse. Sa vie tourne autour de l'écriture et il tente de gérer art, argent, conquêtes amoureuses, dans un équilibre toujours plus précaire.

Au moment du choix, plutôt que la fortune et la sécurité, il choisira Shosha, son amour d'enfance.

Cette dernière est restée une petite fille, certains moqueurs la qualifie d'arriérée. Pour Arele, elle symbolise la pureté dans un monde qui ne va pas tarder à dévoiler ses horreurs. À travers le roman de Isaac Bashevis Singer on prend largement conscience de la multitude des courants de pensée qui traversent la communauté juive. Avec ses différents personnages, on croise des communistes, des sionistes, des non sionistes, des croyants pratiquants, des non pratiquants…

Malheureusement, le roman est, à mon goût, trop entrecoupé de passages ennuyeux où il est question de rêves, de fantômes, de démons….

De même que les questions philosophiques sur le sens de la vie, sur la place de l'écrivain dans le monde, sont souvent abordées de manière très artificielle dans la narration.

Trois films...

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L'homme du peuple de Andrzej Wajda

2014, biopic, 2h08, avec Robert Wieckiewicz, Agnieszka Grohowska, Iwona Bielska.

Évocation du combat mené par Lech Walesa, le chef historique du syndicat « Solidarnosc »

Ce film est décevant, un biopic trop long dans lequel on a du mal à entrer totalement. Pourtant ce n'est pas faute de le vouloir ! Malgré tout, c'est un film à voir pour comprendre l'histoire récente de la Pologne (Lech Walesa restant malheureusemant un militant ultra catholique) et avoir une vision du climat de l'Est dans les années 70-80. Les images d'archives se mêlent aux reconstitutions ; elles montrent la brutalité avec laquelle sont réprimées les manifestations, la surveillance des opposants, les files d'attente pour acheter du pain, du lait...

Les fleurs bleues de Andrzej Wajda

avec Béoguslaw Linda, Bronislawa Zamachowska

1h38, biopic, drame, Pologne.

Dans la Pologne d'après-guerre, le célèbre peintre Wladyslaw Strzeminski, figure majeure de l'avant-garde, enseigne à l'école nationale des Beaux-Arts de Lotz.

Il est considéré, par ses étudiants comme le grand maître de la peinture moderne mais les autorités communistes ne partagent pas cet avis.

Pour son dernier film, Wajda nous entraîne dans l'histoire politique et l'histoire de l'art. C'est un beau portrait de résistance et de conviction “jusqu'au-boutiste”.

Le personnage est intéressant, théoricien de l'art, totalement absorbé par son œuvre, il a un côté dur pour son entourage. Comme il le dit lui-même à propos de sa fille “elle aura la vie dure”.

Wladyslaw Strzeminski, n'est pas contestataire direct du régime, mais pas besoin de tant pour être broyé par un régime dictatorial. Au nom de l'art, de son art, le peintre refuse de se conformer aux exigences du parti quant à l'esthétisme du réalisme socialiste.

On assiste alors à la chute inexorable de l'artiste et de l'homme. Un acharnement qui fait froid dans le dos. Renvoyé de l'Université, rayé de la Société des Artistes, il n'a plus les papiers adéquats pour travailler, pour recevoir les bons alimentaires, ni même le droit d'acheter des tubes de peinture.

L'acharnement des autorités a pour but de le faire disparaître et de détruire toutes ses oeuvres.

On se questionne aussi sur l'avenir de sa fille d'une dizaine d'années, traversant la grisaille des rues et le dénuement de sa famille avec son éternel manteau rouge.

Quel dur apprentissage de la vie dans la Pologne des années 50 !

Elle voit son père mourir dans la misère, peu de temps après la mort de sa mère. Le film ne le dit pas, mais on peut s'interroger sur son sort : Que devient-on lorsqu'on est la fille de Katarzma Kobro, dont une grande partie des œuvres a été détruite par les nazis (l'art dégénéré !) et de Wladyslaw Strzeminski ?

 

Ce film est le beau portrait d'un artiste intègre.

À voir, aussi bien par ceux qui ont le goût de l'histoire des arts que le goût de l'Histoire tout court.

Le pianiste de Roman Polanski

avec Adrien Brody, Thomas Kretschmann, 2h28, drame historique, Pologne - Allemagne

« Durant la Seconde Guerre mondiale, Wladyslaw Szpilman, le célèbre pianiste juif polonais échappe à la déportation mais se retrouve parqué dans le ghetto de Varsovie dont il partage les souffrances, les humiliations et les luttes héroïques… »

 

Tiré d'une histoire vraie, ce film est non seulement nécessaire mais aussi bouleversant. Ce n'est pas ici que l'histoire du pianiste Wladyslaw Szpilman, c'est tout autant l'histoire du ghetto de Varsovie.

Et de cette histoire, rien n'est passé sous silence.

On ne peut qu'être touché de constater, une fois de plus, à quel point, vie et survie sont liées au hasard des rencontres dans un monde où la barbarie règne.

Sauvé de la déportation par un juif qui a la folie de croire qu'en se mettant au service des nazis, il échappera à sa propre mort, le héros ne devra sa survie qu'au piano. Soit parce qu'il sera caché par d'anciens amis intellectuels, soit par un SS mélomane (ou conscient de la déroute finale !?).

Durant tout le film, on suit pas à pas l'Histoire : l'instauration des lois antijuives, la création du ghetto, sa liquidation, son ultime soulèvement, le bombardement de Varsovie jusqu'à l'entrée des Russes dans une ville détruite.

La dernière partie du film est sans conteste trop longue. Le spectateur comprend très vite que la survie d'un juif hors du ghetto n'est pas si évidente que ça. Sans le soutien de polonais c'est même impossible. La démonstration est bien menée, qu'elle s'étire à donner l'impression de n'en plus finir n'est pas utile.

«  Le pianiste » reste malgré cela un beau film historique d'un puissant réalisme.

... pourquoi pas ?

... vraiment pas mal

... à ne pas manquer

... à fuir !

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