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Parcours autour de Vavin

Ce parcours aurait pu être le plus court proposé par “pourvu qu'on ait livre's” puisque il y a tout ce qu'il nous faut au Lucernaire : 3 salles de théâtre, 3 salles de cinéma, une librairie, un café et un restaurant !

Nous avons tout de même préféré étendre un tout petit peu le parcours car ça ne fait pas de mal de se dégourdir un peu les jambes entre la pièce de théâtre et le resto, entre le film et la librairie !

Un centre culturel...
Deux pièces de théâtre...

Le Lucernaire, 53 rue Notre-Dame-des-Champs 

Centre national d'art et d'essai, c'est un véritable petit centre culturel mêlant théâtre, cinéma et photographie contemporaine. Né au sein d'une ancienne usine désaffectée, le Lucernaire tient à rester un théâtre populaire de création. Les pièces sont toujours de qualité et les salles, très petites (aux noms charmants de “rouge” , “noir” et “Paradis”) permettent de ne jamais être loin de la scène !

Les Misérables de Victor Hugo. Adaptation et mise en scène de Manon Montel. Compagnie Chouchenko, avec Dov Cohen, Stéphane Dauch, Claire Faurat, Jean-Christophe Frèche, Xavier Girard, Cécile Génovèse, Manon Montel, Léo Paget, François Pérache et Anatole de Bodinat.

Lucernaire du 22 mars au 7 mai 2017, à 20h du mardi au samedi. 18h le dimanche

Les Misérables, c'est la confrontation entre le grotesque et le sublime, le destin individuel et celui d'une nation.

L'écriture du spectacle est recentrée sur le personnage de Madame Thénardier. Interprétée par une comédienne accordéoniste, elle devient la narratrice de la pièce.

Le pari de faire revivre en 1h30 les 1800 pages de l' œuvre de Victor Hugo et très largement réussi !

La mise en scène, sobre, est efficace et les acteurs (dont certains jouent plusieurs rôles) sont très bons.

Rien n'est mis de côté : on retrouve la misère de Fantine, la cupidité des Thénardier, les dilemmes de Jean Valjean... et en surimpression le contexte historique : monarchie, République, Empire.

Quelques projections donnent un bel effet, notamment une lettre lue et en même temps calligraphiées sur les murs de la scène.

Cette pièce procure un vrai plaisir, pour le théâtre en lui-même, mais aussi pour l'importance de découvrir ou redécouvrir cette grande fresque sociale et politique de Victor Hugo.

N'hésitez à y amener des ados.

Manon Montel qui a fait l'adaptation et qui joue le rôle de Fantine et de Gavroche, semble bien passionnée par la littérature et cela se sent.

Je l'avais déjà vue à Avignon en juillet 2016 ainsi que deux comédiens de la troupe dans une autre très bonne pièce “1830 Sand Hugo Balzac tout commence”

(voir la rubrique “toutes les pièces classées par titre”.

Un resto...

Marie-Antoinette, correspondance privée de Évelyne Lever, mise en scène Sally Micallef avec Fabienne Perineau

Lucernaire du 15 mars au 7 mai 2017, à 18h30 du mardi au samedi. 16h le dimanche

 

Ce texte, écrit à partir de la vraie correspondance de Marie-Antoinette, éclaire la personnalité de la dernière reine de France.

Une véritable performance de comédienne. Seule en scène, elle nous restitue avec conviction, un texte ardu et dense. Cette pièce nous fait entrer dans l'intimité de Marie Antoinette de façon très originale.

L'écriture est intelligente. Nos sentiments face à cette femme qui a été tant haïe, évoluent au fil de sa correspondance qui nous la dévoile au cours des âges.

On est attendri face à cette adolescente qui débarque à Versailles. On comprend sa frivolité de jeune femme qui désire l'amour et ne le trouve guère auprès du roi.

On est touché par cette femme qui aime ses enfants et qui a estime et affection pour son mari.

Puis on est désolé de voir que son manque total d'expérience et de culture politique l'empêche de prendre la mesure des grands événements historiques qui se profilent avec la Révolution.

Et enfin, on finit par la détester de s'entêter jusqu'au bout à défendre la monarchie. Pour sauver sa famille et la couronne, elle était prête à faire écraser le peuple par des armées étrangères. On comprend mieux alors, que celle qui était surnommée “Madame déficit” ait pu déchaîner tant de haine et de mépris.

Cette pièce très réussie est un voyage au cœur de notre histoire, au plus près d'une personnalité qui a suscité beaucoup d'interrogations.

Chez Papa, 138 boulevard du Montparnasse 75014 Paris

 

Accueil très sympathique pour une bonne cuisine du Sud-Ouest. Le prix des plats varie entre 12 et 22 €. Le menu de Papa : entrée,  plat et dessert et à 24 €. Les assiettes sont plutôt copieuses. Attention certains plats se prêtent moins à être consommés en été. On transpire à grosses gouttes au-dessus de son poêlon !

Un ciné...deux films...

MK2 Montparnasse, 11 Rue Jules Chaplain 75006

Corporate de Nicolas Silhol avec Céline Sablette,, Lambert Wilson, Stéphane de Groodt, Violaine Fumeau.

1h35, thriller, drame, France.

 

Émilie Tesson-Hansen est une jeune et brillante responsable des ressources humaines, une “killeuse”. Suite à un drame dans son entreprise, une enquête est ouverte. Elle se retrouve en première ligne.

Il fut un temps où “déshumaniser” le travail, c'était mettre des gens face à des machines. Aujourd'hui, plus besoin de machines pour déshumaniser le travail, l'être humain s'en charge très bien tout seul !

Comment a-t-on pu en arriver à créer... je n'ose dire “un métier”... disons plutôt un poste de “killer” ? Qui peut se réveiller un matin et se dire qu'il va pourrir la vie des gens pour qu'ils démissionnent et fassent économiser les primes de licenciement à une société multinationale ?

Il y a un certain nombre d'invraisemblances dans ce film, notamment pour tout ce qui touche le personnage de l'inspectrice du travail. Il faut à mon avis voir Corporate comme un mélange de thriller et de critique du monde du travail .

Beaucoup de suspense dans ce film, nous sommes face à un sentiment ambivalent. On se demande bien comment cette Émilie Tesson-Hansen va s'en sortir mais parallèlement on n'a pas du tout envie qu'elle s'en sorte. Il faut dire qu'elle est particulièrement froide, calculatrice et que jusqu'au bout elle ne cherche qu'à sauver sa peau !

Corporate est un film plein de tension avec une atmosphère lourde et froide pour servir un propos glaçant.

Je danserai si je veux

De Maysaloun Hamoud, avec Sana Jammeleh, Shaden Kanboura

1h 42, drame, Palestine.

 

Layla, Salma et Nour, trois jeunes femmes palestiniennes partagent un appartement à Tel-Aviv, loin du carcan de leur ville d'origine et à l'abri des regards réprobateurs. Mais le chemin vers la liberté est jalonné d'épreuves.

Ce n'est pas le portrait de trois femmes, mais le portrait d'une société à travers trois figures féminines dont les traits ont été forcés pour servir le propos.

La liberté est au cœur de ce film qui malgré certaines maladresses et quelques longueurs est très touchant et a le grand mérite d'exister.

Dans “je danserai si je veux”, les trois jeunes femmes ne veulent pas se contenter d'être mères, sœurs, filles, épouses de quelqu'un. Chacune dans son genre veut avoir une existence propre et refusera d'être la victime de ce monde plein de codes culturels ultraconservateurs.

Maysaloun Hamoud veut changer les choses de l'Intérieur et montrer que toutes les femmes peuvent se sentir concernées par leur libération, les laïques comme les religieuses. Un point m'interroge parce qu'on le retrouve très souvent dans les livres ou films du même genre que celui-ci. Il semblerait que “faire la fête” à l'occidental, se résume à boire, fumer et sniffer de la coke !

Libres à elles,  mais la notion de liberté ne se résume heureusement pas qu'à ça !

Je me demande, si après avoir passé des dizaines d'années à décrire le monde occidental comme le lieu des plus grandes perversions, les autorités religieuses n'ont pas ancré cette seule image dans la tête des populations orientales.

Ou alors, est-ce la preuve ultime qu'un monde d'interdits multiples provoquent les excès inverses ?

Un film à voir, car il y a encore trop peu d'intellectuels et d'artistes, qui de l'Intérieur, condamnent le système patriarcal, la misogynie, l'homophobie...

Une librairie...

Tschann Librairie

125 boulevard du Montparnasse 75006 Paris.

 

Cette librairie indépendante est spécialisée en poésie, littérature, sciences humaines et Beaux-Arts.

La devanture, un peu vieillotte, lui donne beaucoup de charme.

Au premier abord, la vitrine pourrait laisser penser qu'il s'agit d'une librairie spécialisée : beaucoup d'ouvrages de poésie et d'art !

N'hésitez pas à rentrer, car à l'intérieur il y a un très large choix en littérature générale.

Trois livres...

Vivre et mentir à Téhéran de Ramita Navai collection 10/18, Éditions Stock, 2015 pour la traduction française

 

“Quiconque veut vivre à Téhéran est obligé de mentir. La morale n'entre pas en ligne de compte : mentir à Téhéran est une question de survie”. Ramita Navai explore les secrets de la ville à travers la double vie de ses habitants.

Un livre qui ne laisse pas de marbre !

Ramita Navai nous dépeint la ville et la vie de la capitale iranienne d'aujourd'hui à travers 8 portraits d'habitants. Chaque récit est l'occasion d'aborder les grands thèmes de société : le mariage, le divorce, la drogue, le sexe...

La narration suit le cours de l'avenue Vali Asr. Cette artère de 18 km de long sert de fil conducteur. Dariush, le terroriste repenti, Leyla actrice de porno, Samayeh jeune fille amoureuse et les autres s'y rendront tous à un moment de leur histoire pour des raisons différentes.

La vie des téhéranais est bien difficile et cruelle. Les interdictions multiples et d'un autre âge sont non seulement aberrantes mais forcent aussi les gens à déployer une énergie folle pour les contourner. Quel gâchis !

Je peux concevoir que pour certains ce livre paraîtra “en faire trop”. L'auteur nous décrit des cas qui à nos yeux d'occidentaux semblent extrêmes. Deux choix s'offrent à nous. Imaginer que Téhéran est peuplée de vendeurs d'armes, de drogués et de prostituées... ou alors, (et c'est plutôt ce que je pense), nous montrer que tout ce que réfute l'État islamique existe malgré tout.

Ce livre révolte aussi, ceux qui interdisent sont souvent les premiers à transgresser leurs lois mais eux, en toute impunité!

Si chaque personnage souffre du système, on note toutefois que les femmes subissent une double peine à chaque fois. Heureuses en mariage ou célibataires, elles ne maîtrisent jamais leur destin.

Double peine aussi, pour ceux qui ont combattu le Shah et qui ont vu leur révolution pervertie et sont de nouveau pourchassés.

Un livre à lire pour mieux comprendre la vie compliquée des Iraniens,  tiraillés entre modernité et brimades, de ces téhéranais qui cherchent le bonheur malgré tout et qui aiment leur ville.

Rue Monsieur-le-Prince de Didier Castino, Liana Levi, 2017

 

Hervé ne peut oublier l'année 1986.  À Aix où il vit, mais aussi à Paris et dans toute la France, les étudiants refusent le projet Devaquet sur la réforme des universités. Mais c'est aussi et surtout la mort de Malik Oussekine, sous les coups de la police, au 20 Rue Monsieur-le-Prince.

Ce roman est multiple, à la fois sur le sentiment personnel et sur la politique au sens large. À travers Hervé, on retrouve la jeunesse dans son ensemble, ses emportements, son désir effréné de laisser une marque sur son temps. Chaque génération à son lot de récriminations vis-à-vis de la précédente et finit toujours par lui reprocher de ne pas être aller au bout des choses.

Les descriptions sont d'une grande justesse : la découverte de la mobilisation, l'exaltation et le sentiment de communion qui peut naître dans les grandes manifestations.

D'un point de vue politique, Didier Castino fait un rapprochement entre le meurtre de Malik Oussekine et la future ascension de l'extrême droite.

Si ce roman interroge sur l'engagement, le renoncement, le racisme, la force du politique … c'est aussi sans conteste un magnifique hommage à ce jeune homme dont la mort totalement injuste et révoltante a marqué toute une génération.

Les pages qui décrivent la dernière course de Malik Oussekine pour échapper au voltigeur sont magistralement écrites. Je n'ai pas de mots pour exprimer l'effet produit sur le lecteur !

Didier Castino a une capacité à raconter les choses “de l'Intérieur” assez extraordinaire ! Si j'ai beaucoup aimé ce livre, ma préférence reste malgré tout pour “Après le silence”, son précédent ouvrage (voir dans la rubrique “Mes autres livres”)

Jours d'exil de Juliette Kahane, Éditions de l'Olivier, 2017

Lorsqu'elle pénètre dans ce lycée où s'entassent des centaines de réfugiés, Hannah s'interroge. Qu'espère-t-elle trouver en rejoignant toutes celles et tous ceux qui sont venus les aider ?

“Jours d'exil” reflète les élans et les contradictions de son personnage central.

Le lecteur comprend,  dès les premières pages,  que les interrogations d'Hannah sont celles de la société en général.

Certes, son regard est particulier, elle traverse ce lycée désaffecté, occupé par plus de 1000 migrants sans vraiment trouver sa place parmi les différents groupes de bénévoles.

Juliette Kahane décrit sans complaisance et avec ironie les bénévoles naïfs, les partisans de l'autogestion, opposés à ceux qui aspirent à une organisation, au contraire rigoureuse, les organisateurs de la dissidence...

Tout le monde y passe, chacun tente de convaincre que sa vision des choses est la meilleure, chacun est finalement présent pour des raisons plus personnelles...

La société cosmopolite que composent les réfugiés, n'est pas en reste. Les haines de clans se réveillent, des bagarres éclatent, sans parler des bandes qui viennent voler les produits issus des dons pour les revendre à l'extérieur.

 

Juliette Kahane semble s'être définie une ligne de conduite pour l'écriture des portraits de tout ceux qu'elle rencontre : la franchise et aucun des personnages n'y échappe.

Un livre totalement ancré dans l'actualité.

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