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Parcours spécial Mag'Azelle à

Verrières-le-Buisson

26 juin 2019

Cette semaine, “Pourvu Qu'on Ait Livre's” vous propose un parcours un peu différent. L'unité de lieu est respectée, tout se passe dans la même ville : Verrières-le-Buisson.

Mais ici, l'accent est mis sur un événement qui touche le monde du livre et auquel nous avons pris un grand plaisir à participer : le prix Mag'Azelle.

 

Une petite place à l'actualité est tout de même faite avec la palme d'or de Cannes (même si la Croisette et la Corée du Sud sont un peu loin de Verrières-le-Buisson !)

Bonne lecture

Une librairie...

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Librairie Mag'Azelle

33 rue d'Estienne-d'Orves

91370 Verrières-le-Buisson

 

La Maison de la Presse initiale a été reprise, et agrandie en 2015 par Isabelle, que rien ne destinait à ce métier.

C'est donc une vraie et belle aventure.

Le rayon “livres” à gagné du terrain sur la presse, il faut dire que dans cette entreprise familiale, il y a des passionnés de lecture.

Isabelle, Sara, Mohamed et Sophiane vous accueilleront avec le sourire et sauront également vous conseiller.

 

 

Le prix Mag'Azelle

Pour la première fois, cette année, a été organisé le prix “Mag'Azelle”.

Quatorze romans brochés et Quatorze livres de poche ont été sélectionnés par les libraires, Isabelle et Sara mais également Brigitte qui est à l'initiative du club de lecture “Tourbillon des livres”.

 

 

Sélection livres de poche

Sélection livres brochés

Le 15 juin 2019, les 38 participants ont été invités à l'annonce des résultats devant la librairie.

La soirée a été une belle occasion d'échanger autour des livres, tout en profitant d'un excellent buffet.

Eh oui, souvent les gens qui aiment les livres aiment aussi boire et manger !

 

 

 

Trêve de suspense... les lauréats sont :

 

Catégorie brochés :

Premier prix : Le cœur converti de Stefan Hertmans

2ème prix : Chien-loup de Serge Joncour

 

Catégorie de poche :

Premier prix : L'art de perdre de Alice Zeniter

2ème prix : Article 353 du code pénal de Tanguy Viel

 

Des lecteurs ont également été récompensés avec le prix du plus grand lecteur “Mag'Azelle” et le prix de la plus belle fiche de lecture.

Quel plus beau cadeau pour des lecteurs, qu'un livre avec une belle dédicace de son auteur !

Grâce à cette chouette aventure, 98 poches et 74 brochés ont été lus... un record à battre l'année prochaine ?

Les livres primés...

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Le cœur converti

de Stefan Hertmans

Collection "du monde entier" Gallimard, 2019

Un roman magnifique mêlant la fiction et des faits historiques, l’auteur nous entraîne au Moyen-Age sur les traces d’une jeune chrétienne vivant en Normandie dans une famille noble qui, à la fin du 11ème siècle, choisit de se convertir par amour pour un fils de rabbin.

Tout l’art de Stefan Hertmans est de réussir une reconstitution historique passionnante, mêlant le roman et les sources authentiques pour imaginer la fuite de Vigdis et de son mari David. Nous sommes bouleversés par le courage de cette très jeune femme et par tout ce qu’elle va devoir affronter. Le contexte historique est des plus intolérants, choisir de se convertir et s’enfuir par amour révèle une volonté et un courage hors-norme.

L’écriture de Stefan Hertmans est magnifique, il y a beaucoup de poésie dans sa manière de décrire les paysages.
Le roman est bâti en deux temps : la fuite des deux jeunes gens au Moyen-Âge et les recherches d’indices, en remontant leur parcours, par l’auteur au 21ème siècle. 

C'était la critique de Brigitte, du club de lecture "Tourbillon des livres"

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L'art de perdre de Alice Zeniter

Flammarion, 2017

Prix Goncourt des lycéens

L'Algérie d'où est originaire sa famille n'a longtemps été pour Naïma, qu'une toile de fond sans grand intérêt.

En se penchant sur l'histoire familiale, Naïma va se demander pourquoi l'histoire a fait de son grand-père, Ali, un harki et pourquoi son père, Hamid ne veut pas parler de l'Algérie de son enfance.

 

Pas étonnant que le choix des lycéens se soit porté sur ce bon livre.
Les pages de ”l'art de perdre” mèlent subtilement des événements d'une importance historique à des destins personnels.

Ce livre se compose de trois parties, trois générations pour cette grande fresque romanesque réussie puisqu'elle nous attache aux personnages.

Avec les grands-parents, Ali et Yema, nous découvrons une vie placée sous le signe de la dureté du climat et des coutumes de la montagne kabyle. Plongé dans les horreurs de la guerre d'Algérie, le patriarche fera les mauvais choix, entraînant sa famille dans l'exil et le sort peu enviable réservé aux harkis.

 

Si ses descendants ne comprennent pas les agissements d' Ali, l'auteur à la lucidité de ne pas le condamner aux yeux du lecteur. Dans toute cette première partie, on touche du doigt toute la complexité de la guerre d'Algérie.

 

Avec Hamid, fils de Ali et Yema, c'est une seconde page de l'histoire qui s'ouvre à travers les yeux de cet enfant qui arrive en France en 1962. On découvre les terribles conditions de vie dans les camps de transit, hâtivement mis en place, les difficultés de s'intégrer quand on n'est pas désiré d'un côté et que de l'autre on ne voulait pas venir.

Cette seconde partie est selon moi la plus poignante.

C'est toute une vie qui se construit sous nos yeux, une vie sans cesse écartelée entre deux cultures. Les images et métaphores employées par Alice Zeniter sont très fortes. Tous les passages qui ont un lien avec la langue sont particulièrement évocateurs.

Hamid suera sang et eau pour apprendre à lire le français et une fois fait, le kabyle ne sera plus que la langue de l'enfance. Il ne trouvera plus les mots pour communiquer à ses parents, ses pensées d'adolescent,  puis d'adulte.

Sa fille, Naïma, est au centre de la troisième et dernière partie de cette fresque. Si elle pose des questions intéressantes et primordiales, notamment sur ce qu'est notre pays. Celui dans lequel on vit, celui qu'on investit ou celui qu'on nous transmet augmenté de tout un tas de fantasmes ?

On est complètement embarqué dans cette histoire et si on se doute qu'il n'y a pas de grandes révélations, on tourne les pages avec une envie pressante de connaître le dénouement.

La dernière partie est tout de même,  à mon avis , un peu faible par rapport au reste du livre, peut-être parce que la vie de Naïma est plus contemporaine et qu'il manque la distance nécessaire par rapport à certains événements.

Néanmoins, “L'art de perdre” est un très bon livre qui offre la palette complète de tous les sentiments humains face à l'adversité.

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Chien-Loup de Serge Joncour

Flammarion, 2018

 

“ L'idée de passer tout l'été coupés du monde angoissait Frank, mais enchantait Lise, alors Frank avait accepté, un peu à contrecœur et beaucoup par amour, de louer dans le Lot cette maison absente de toutes les cartes et privée de tout réseau. L'annonce parlait de calme et de paix mais pas du passé sanglant de cet endroit que personne n'habite plus et qui avait abrité un dompteur allemand et ses fauves pendant la Première Guerre mondiale”.

 

La narration navigue habilement entre 1914 et 2017 créant un suspense qui va crescendo et qui attache le lecteur aux événements ainsi qu'aux personnages des deux époques.

 

L'ambiance et les descriptions, aussi bien des paysages que des aspects plus sociétaux du petit village retiré du lot, sont particulièrement bien réussies. On est totalement captivé.

 

Pendant la grande guerre, les jeunes hommes sont partis au front. Au village et dans les collines, ne restent plus que les femmes, les enfants, les hommes âgés et les bêtes soustraites à la réquisition.

Le roman pourrait se contenter de nous restituer cette nouvelle vie. Le dur labeur des femmes qui remplacent leur mari aux champs, l'angoisse de l'attente des nouvelles d'un front, qu'on peine à imaginer, de ce lieu si reculé... La présence d'un dompteur allemand qui veut échapper à la guerre et sauver ses fauves va donner une originalité indéniable au roman.

Aux craintes liées à l'époque tourmentée, vont s'ajouter des inquiétudes de proximité. La présence des fauves fait naître des peurs, des superstitions, des légendes, qui traverseront les années jusqu'en 2017.

 

Franck et Lise sont nos contemporains. Dans ces mêmes collines, ces deux végétariens viennent, le temps d'un été, remplacer ceux qui un siècle plus tôt, vouaient un certain culte à la viande. Celle qui reconstitue la force du travailleur, qui n'est plus en 1914 le privilège du seul Seigneur.

Franck est la caricature de l'homme moderne, prêt à parcourir des kilomètres pour trouver du réseau !

Mais au final, c'est avec lui que nous ferons le lien entre passé et présent.

L'arrivée d'un chien loup dans sa vie va le mettre sur la piste de cette histoire de dompteur mais aussi le confronter à la brutalité du monde animal. Cette dernière est-elle si éloignée de la violence du monde moderne?

Amazon et Netflix ne sont-ils pas les fauves des années 2000 ?

 

Ce roman, bien documenté, tient en haleine. On regrette tout de même des répétitions inutiles. Répétitions qui pourraient servir, si on faisait traîner la lecture sur plusieurs semaines. Or cela n'est pas le cas tant on veut savoir ce que chacun est devenu en 1914 comme en 2017.

Article 353 du Code Pénal de Tanguy Viel

 Les Éditions de Minuit 2017

 

Pour avoir jeté à la mer le promoteur immobilier Antoine Lazenec, Martial Kerrmeur vient d'être arrêté par la police. Au juge devant lequel il a été déféré, il retrace le cours des événements qui l'ont mené là : son divorce, la garde de son fils, Erwan, son licenciement et puis surtout les miroitants projets de Lazenec.

 

Un très beau livre !

Dès les premières pages, on sent bien que le “meurtrier” est en fait la victime. Victime de la violence économique de notre époque, victime d'un promoteur immobilier peu scrupuleux. “Peu scrupuleux” est un euphémisme, c'est purement et simplement un voleur.

Martial Kerrmeur nous retrace sa vie avec des mots simples. Il nous émeut par la banalité des circonstances qui l'ont amené dans le bureau d'un juge.

Article 353 du code pénal n'est pas qu'un simple livre social.

 

Bien sur, le point de départ est l'avenir désolé d'une presqu'île bretonne qui finira par péricliter lorsque l'Arsenal aura achevé de licencier tous ses ouvriers, et finira par être désaffecté.

Mais il est ici aussi question de liens familiaux.

L'image du père est prégnante tout au long des pages. Le père qui veut rester digne devant son fils, le père qui ne veut pas dévoiler ses failles et poursuit vainement le fantasme d'être vu comme grand et fort par l'adolescent tout comme il l'était pour l'enfant de 7 ans.

L'auteur mène une réflexion intéressante sur la morale individuelle et la morale collective ainsi que sur la notion (très actuelle) de responsabilité.

La fin me paraît peu crédible, mais elle est profondément humaniste. Dans un premier temps, elle satisfait le lecteur en tant qu'individu qui s'est attaché à ce Martial Kermeur. Elle laisse songeur dans un second temps, sur la notion de justice.

Un livre à lire !

Très bien écrit, mais aussi très bien ficelé, une fois commencé, on a bien du mal à refermer ce livre avant la fin. De la simplicité mêlée au drame,on ne tombe jamais dans le pathos.

Petite balade...

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Verrières-le-Buisson

 

Cette commune de l'Essonne, à seulement 14 km de Paris, a gardé, en son centre, un aspect village des plus charmant.

Le lieu était célèbre, au 18e siècle, auprès des rois de France pour ses chasses en forêt.

De nos jours, le bois de Verrière fait office de poumon vert aux portes de la capitale.

La ville est également connue pour avoir été choisie par la famille de la compagnie Vilmorin.

Cette riche famille de botanistes et grainetiers a laissé de belles traces de son passage ; belles demeures, dépendances aujourd'hui bien restaurées qui accueillent les équipements culturels...

Louise de Vilmorin née, en 1902, femme de lettres a vécu dans la ville avec son compagnon, André Malraux qui y fut enterré jusqu'à son transfert au Panthéon.

Pour se restaurer...

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Le Grey

6 place Charles de Gaulle

91370 Verrières-le-Buisson

 

Une brasserie, à la fois moderne et chaleureuse, la déco est soignée mais c'est surtout la terrasse qui nous fait choisir le lieu (comme souvent d'ailleurs !).

L'accueil est sympathique et la carte est accessible à toutes les bourses :

Plats entre 16 et 22 € mais pâtes à 12/13 € et très bonnes salades aux alentours des 14 €.

Très bon café gourmand à 7,50 €

Un cinéma...

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Le Colombier

3 voie de l'Aulne

91370 Verrières-le-Buisson

 

Les deux salles de cinéma de l'espace Bernard Mantienne sont classées “art et essai”.

Tout au long de l'année, des événements sont proposés : “ciné-débat”, “ciné-goûter” pour le jeune public. Des thématiques sont organisées, comme le festival du cinéma japonais qui a lieu au mois de juin.

Un film...

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Parasite de Bong Joon Ho,

avec Song Kang-Ho, Lee Sun- Kyun, Cho Yeo-Jeong, 2h12, thriller, Corée du Sud.

Palme d'Or au Festival de Cannes 2019

 

 

“Toute la famille de Ki-Taek est au chômage et s'intéresse fortement au train de vie de la riche famille Park.”

 

Excellent !!

Bong Joon Ho a parfaitement réussi un savant mélange des genres.

Le thème est éminemment social, le fil conducteur n'est jamais rompu mais ambiance et ton changent au rythme des péripéties.

Ce qui au départ semblait être une comédie sur la débrouillardise d'une famille pauvre et la superficialité d'une famille riche, s'achemine vers un vrai drame social et bascule dans le thriller passablement sanglant !

 

La famille de Ki-Taek vit dans un taudis en sous-sol et vivote de petits boulots ...comme le pliage des boîtes de pizza en carton. Leur entrée, petit à petit, dans la famille qui vit dans une splendide maison d'architecte, sur les hauteur, est à la fois le fruit du hasard et de ruses.

La confrontation des deux mondes est assez drôle, on est dans un humour grinçant et subtil.

Seul le spectateur sait à quel point la famille de Ki-Taek est pauvre.

Les Park pensent avoir à leur service des employés, qui certes doivent rester à leur place, mais pas des précaires qui vont vite être prêts à tout pour profiter un peu du luxe dont même les miettes sont bien belles (ainsi les gâteaux pour chiens ont l'air bien meilleurs que leurs repas ordinaires !)

 

La mise en image et la mise en scène pour illustrer les inégalités sociales sont parfaitement réalisées. La symbolique de la pluie diluvienne marque un cran dans le passage vers le drame social.

Les quartiers populaires sont inondés, les pauvres trouvent refuge dans un gymnase tandis que les riches, sur leurs hauteurs, rentreront dépités que leur weekend camping soit ...tombé à l'eau !

Qu'on se rassure, ce film n'est pas pétri de bons sentiments.

Les riches ne sont pas “des méchants”, juste des gens qui paraissent souvent bien écervelés, tant ils n'ont pas conscience du monde qui les entoure.

Les pauvres ne sont pas “des gentils”, d'ailleurs il n'existe pas de solidarité de classe, hors de la famille.

 

Le bon dosage d'humour, de réflexion, d'émotion et de suspense fait qu'on ne s'ennuie pas.

Seul, le dernier quart d'heure est peut-être de trop. Une fois le drame arrivé à son paroxysme, il n'y avait pas de nécessité absolue de nous montrer “l'après”.

Parasite est un film original qui a bien mérité sa palme d'or.

... pourquoi pas ?

... vraiment pas mal

... à ne pas manquer

... à fuir !

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