top of page

Escapade à Alençon (Orne, 61)

14 décembre 2018

Alençon, commune de l'Orne à 2h de Paris permet une courte escapade bien agréable ou une première étape avant un périple plus long en Normandie.

 

Située entre le parc naturel régional Normandie-Maine et le parc naturel régional du Perche, la ville développe le tourisme vert et culturel.

Honoré de Balzac à plusieurs fois séjourné dans la ville, s'inspirant pour certains livres de rues du centre ancien.

Petite visite....

P1000594.JPG

En bordure de la Sarthe, quelques bâtiments témoignent du temps passé, entre autres, l'Hôtel-Dieu implanté au 14e siècle. Sa fonction a toujours été celle d'un hôpital et ses transformations suivent le cours de l'histoire de France et de la médecine.

gagne.jpg

Près de là, se dresse un ancien moulin du 19e siècle au pied duquel se trouve un lavoir.

Plus loin sur la rive, on avance dans le temps, on trouve un ancien grand magasin 1844 : “le gagne-petit”.

Dernier bond dans l'histoire, un monument en mémoire du Général Leclerc fait face à la demeure dans laquelle ce dernier avait installé son poste de commandement.

P1000588.JPG

La basilique Notre-Dame, située en plein centre d'Alençon, a le privilège d'être dans une zone piétonne où il est agréable de flâner.

Sa construction a débuté en 1356 avec Charles III Duc d”Alençon pour s'achever au 19e siècle. Cet édifice gothique présente à la marge des styles architecturaux variés car en partie reconstruit après que la foudre l'ait détruit pour moitié en 1744.

P1000556.JPG

Tout près de là, la maison d'Ozé, 1449, un beau logis seigneurial. Au bout du jardin, subsiste un vestige de l'enceinte de la ville. La demeure accueille aujourd'hui l'office du tourisme. Au-delà du jardin, se tient le samedi matin un charmant petit marché local.

Tout ce quartier dit “Notre-Dame” respire un air médiéval : quelques belles maisons à pans de bois ou encore des façades essentées d'ardoises.

P1000609.JPG

La cour carrée de la dentelle

 

Les bâtiments qui enserrent cette cour ont succédé au collège des Jésuites. L'ancienne chapelle des Jésuites qui date du 17e siècle est inscrite au titre des monuments historiques.

Sécularisée durant la Révolution, l'église est transformée en bibliothèque avec un fond ancien de 721 manuscrits et près de 57000 livres antérieurs à 1950, le lieu conserve un patrimoine écrit unique en Basse-Normandie.

 

Après avoir été un lieu d'enseignement, les bâtiments de la cour carrée forment aujourd'hui un espace culturel .On y trouve le musée des Beaux-Arts fondé dès 1857 pour être “un établissement destiné à propager le goût des arts et des sciences”.

Ce n'est qu'à la fin du 19e siècle que les célèbres dentelles d'Alençon font leur apparition au musée. Sont présents également, les archives municipales, le conservatoire de musique, et l'atelier national du Point d'Alençon.

P1000548.JPG

La Halle aux blés

 

Superbe bâtiment circulaire couvert d'une magnifique coupole en verre. Entièrement réhabilitée en 2000, la Halle aux blés accueille aujourd'hui des expositions ainsi que la Cité des Métiers.

Construite en 1801, elle est ouverte au commerce des grains en 1812. Au 20e siècle, elle connaîtra de multiples affectations : hôpital pendant la Première Guerre mondiale puis lieu de nombreux événements comme foires, marchés, expositions...

À deux rues de là, on trouve le Château des Ducs dont il ne subsiste aujourd'hui qu'une tour couronnée, ainsi que deux tours crénelées avec un pavillon Renaissance.

 

 

On ne manquera pas de jeter un coup d'œil au palais de justice qui doit sa construction à la visite de Napoléon 1er en 1811, et à l'hôtel de ville qui date de 1783 dont l'originalité est sa façade concave.

Pour se restaurer...

P1000582.JPG

Chez Fano

22 rue Saint-Blaise, 61000 Alençon

 

Très bon accueil pour un lieu chaleureux et convivial. Beaucoup de plats sur la carte, donnent envie.

Le jour de la formule buffet, le choix est cornélien, toutes les terrines sont alléchantes…

Formule buffet : 23 €

Menu Gaston (entrée, plat, dessert) : 26 €

Menu Marilou (entrée plat ou plat dessert) : 20 €

 

Une adresse à ne pas manquer dans un centre ville où les restos charmants ne semblent pas courir les rues.

Une librairie...

P1000566.JPG

Le passage

8 rue du bercail,

Alençon 61000

 

Une très grande librairie de centre-ville. L'espace fait que forcément on trouve tout !

On entre par une rue, on ressort par une autre, c'est une véritable promenade dans les livres.

Tous les mois, un bon programme de rencontres, ateliers et dédicaces.

Deux livres...

P1000627.JPG

“J'ai couru vers le Nil” de Alaa El Aswany,

Actes Sud, 2018

 

“Le Caire, 2011, alors que la mobilisation populaire est à son comble sur la place Tahrir, nous suivons les destins individuels de Asma, Mazem, Khaled, Donia , Achraf...”

 

Chacun incarne une facette de cette révolution qui marque un point de rupture, dans leur destinée et dans celle de leur pays.

Un livre dont on ne ressort pas indemne. Chaque chapitre fait naître chez le lecteur des sentiments particulièrement forts, on est tour à tour, bouleversé, en colère, dépité...

 

À ce jour “J'ai couru vers le Nil” est interdit de publication en Égypte. C'est bien la preuve ultime de ce qu'explore Alaa El Aswany dans son ouvrage, la liberté n'a pas gagné sa place en Égypte.

L'auteur est sans complaisance, non seulement pour son pays, mais également pour le peuple égyptien.

La question essentielle reste posée jusqu'au bout : “le peuple égyptien mérite-t-il que des jeunes meurent dans une révolution qui veut changer l'ordre établi ?”

Les pires maux d'une dictature sont mis en lumière : brutalités, corruption, tortures, mensonges, manipulations médiatiques... Pour couronner le tout, la religion est au service du pouvoir, maintenant les pauvres dans leur soumission.

Le maître mot de ce système est l'hypocrisie qui règne dans la société de manière générale.

L'auteur retrace l'histoire de cette révolution manquée à travers une galerie de personnages dont certains vont se croiser pour le meilleur ou pour le pire.

Chacun nous apporte un éclairage sur les antagonismes de la société égyptienne.

Certains sont très émouvants et donnent foi en la jeunesse éprise de liberté, d'autres nous plombent tant leur malhonnêteté laisse à penser qu'aucun changement ne sera jamais possible.

Asma et Mazem sont sûrement les deux personnages les plus symboliques et les plus attachants pour le lecteur. Ils se sont connus durant une réunion politique, tous les deux très actifs durant la Révolution. Ils vont également vivre leurs premiers élans amoureux.

Khaled et Donia, étudiants en médecine représentent les deux côtés de la barrière. Khaled, simple fils de chauffeur, croit en la Révolution. Donia, fille du chef de la Sécurité d'État est coincée entre ses convictions et ses devoirs filiaux.

La vie de Achraf, grand bourgeois copte va radicalement changer. Désabusé, il va trouver un nouveau sens à sa vie au contact de cette jeunesse pleine d'espoir et l'amour auprès de sa domestique musulmane.

 

“J'ai couru vers le Nil” et un livre dur. On a à la fois, hâte de le finir tant on veut savoir ce que chacun deviendra, mais aussi parce qu'on n'en peut plus de tant de bêtise et d'horreur humaine !

P1000625.JPG

Frère d'âme de David Diop,

éditions du Seui, 2018, prix Goncourt des lycéens.

 

"Un matin de la Grande Guerre, le capitaine Armand siffle le début de l'attaque contre l'ennemi allemand. Les soldats s'élancent... Dans leurs rangs, Alfa Ndaye et Mademba Diop, deux tirailleurs sénégalais, parmi tous ceux qui se battent alors sous le drapeau français.

Quelques mètres après avoir jailli de la tranchée, Mademba tombe, blessé à mort, sous les yeux son ami d'enfance, son plus que frère.

Alfa se retrouve seul dans la folie du grand massacre, sa raison s'enfuit."

 

Ceux qui aiment les romans de forme classique passeront leur chemin. Le texte est très beau mais il m'a fait l'effet d'être plus un long poème qu'un roman, même si l'aspect romanesque n'est pas totalement absent.

Ce livre peut sans aucun doute touché les uns mais aussi lasser assez rapidement les autres.

En tous les cas, “Frère d'âme” a le grand mérite d'aborder la Grande Guerre sous un jour totalement nouveau.

Le personnage d'Alfa nous fait toucher du doigt la folie propre aux conditions de vie des tranchées, à la mort présente en permanence, mais c'est aussi la rencontre de cultures. Sur le champ de bataille les rapports entre l'Afrique et la France sont questionnés, la proximité physique des soldats ne gomme pas l'éloignement culturel.

La folie d'Alfa fait peur à ses camarades, il ne se contente plus de tuer l'ennemi, il leur coupe une main qu'il conserve sans trop savoir quoi en faire, il devient un “dévoreur d'âmes”.

Son évacuation à l'arrière, pour prendre du repos, sera l'occasion pour lui de se remémorer son passé en Afrique et pour le lecteur, de découvrir l'homme au-delà du soldat.

Tout en étant très court, ce livre est multiple. Il met en lumière l'horreur de la guerre, la sauvagerie n'étant pas finalement du côté du simple soldat mais plutôt du côté du capitaine qui d'un coup de sifflet envoie des jeunes gens à la boucherie, dans un conflit inutile.

Mais “frère d'âme” est aussi une histoire d'amitié et de regrets. Alfa n'aura pas la force de mettre fin à l'agonie de Mademba et portera cette culpabilité jusqu'au bout.

Le texte est à la fois à brut et poétique. Certaines formules sont répétées de manière lancinante, donnant l'aspect d'une complainte à la fois poétique et dérangeante.

“Frère d'âme” laisse toutefois une impression ambivalente.

Un cinéma...

P1000613.JPG

Alençon avait la chance d'avoir un cinéma en plein centre-ville. Les 4 Normandy a fermé ses portes en 2017.

En 1934, la compagnie française de cinéma obtient l'autorisation d'édifier, rue des carreaux, une construction “consacrée au spectacle cinématographique”

Depuis 1983, il y avait ici 4 salles, aujourd'hui il faut aller dans un multiplex : Planet Cinéma. Certes il y a 7 salles mais c'est à une bonne vingtaine de minutes à pied du centre, avec un trajet sans intérêt et dans une zone commerciale sans charme ni attrait...

Un films...

leto.jpg

Leto de Kirill Serebrennikov

avec Roman Bilyk, Irina Starskenbaum, Teo Yoo

2h06, drame, biopic, Russie

Léningrad. Un été du début des années 80. En amont de la Perestroïka, les disques de Lou Reed et de David Bowie s'échangent en contrebande, et une scène rock émerge. Mike et sa femme Natacha, rencontrent le jeune Victor Tsoï. Entourés d'une nouvelle génération de musiciens, ils vont changer le cours du rock'n'roll en l'Union soviétique.

 

Un film dont on ressort comme après une cuite, (pas étonnant avec tout ce que les personnages ingurgitent) avec les idées pas très claires !

Il me semble qu'il nous manque des clés, sans pour autant savoir exactement lesquelles.

Est-ce dans le domaine géographique ? La Russie n'est pas si loin de nous et pourtant sa compréhension nous échappe souvent. Est-ce plutôt dans le domaine de la culture musicale ?

Sont acollés au film les mots “underground” et “rock n' roll “mais au final ce n'est pas si évident que ça !

Victor Tsoï est plus pop que rock. Du coup on ne cerne pas bien ce qui l'unit à Mike Naumenko.

Ils sont liés dans un triangle amoureux avec Natacha, la femme de Mike mais sur le plan musical, il manque des éléments plus explicites.

On passe donc, et on le regrette, à côté d'un pan important du film.

La construction du film est, quant à elle, assez originale même si, passé l'effet de surprise, cela peut lasser.

Des scènes imaginaires, fantasmées, mèlent musique et effets animés.

Elles sont le symbole d'un désir de révolte et de liberté dans un pays et une époque cadenassée.

Fantastique scène durant laquelle Mike s'imagine jouer une guitare debridée à l'occidentale, un public hurlant et debout alors que la réalité est tout autre !

Pour se produire sur scène, il faut passer la censure en soumettant ses textes, pour être spectateur, il faut accepter de rester assis et applaudir sans lever les mains trop haut !

Certains moments peignent assez bien la vie en Russie à la veille de la Perestroïka.

Dans ce domaine, on aurait aimé en voir plus, en comprendre plus.

On sent la promiscuité des appartements collectifs, la désolation d'un monde gris qu'on noie facilement dans l'alcool.

Mais à force de vouloir faire du film, un objet poétique aux recherches esthétisantes, on brouille la compréhension.

Leto est du coup trop long, eu égard au nombre de fois où il laisse le spectateur sur le bord du chemin.

... pourquoi pas ?

... vraiment pas mal

... à ne pas manquer

... à fuir !

img043.jpg
img044.jpg

Les pièces du moment

cc9.gif
Spécial camping-car
bottom of page