avec Banks Repeta, Anthony Hopkins, Jaylin Webb, 

drame, USA, 1h55, 2022

« L'histoire très personnelle du passage à l'âge adulte d'un garçon du Queens dans les années 80, de la force de la famille et de la quête générationnelle du rêve américain. »

De la même manière qu'il ne faut pas lire La Promesse de l'aube de Romain Gary comme une biographie, il ne faut pas voir Armageddon Time comme un biopic de l'enfance de James Gray.

Ce film nous plonge dans le registre du ressenti des souvenirs plus que dans la narration d'un réel vécu.

Sans cette précaution, l'histoire  peut sembler truffée d'incohérences.

Le jeune Paul est à l'âge des prises de conscience. II va être, à la fois confronté à la réalité du monde qui l'entoure, une réalité sociale, économique, politique… et, à l'histoire de sa famille.

Les liens très forts qui l'unissent à son grand-père vont être primordiaux dans le parcours d'apprentissage de Paul.

L'histoire de sa famille est celle de beaucoup d'immigrés :  la poursuite du rêve américain avec ses espoirs et ses désillusions. Si l'aïeul l'exorte à ce titre, à la tolérance vis-à-vis des minorités, ses parents ont, dans les faits, un tout autre point de vue. Soumis a des difficultés économiques, ils voient d'un mauvais œil les fréquentations de leur fils.

À travers le lien d'amitié qu'il noue avec un jeune noir, Paul découvre le racisme, la misère et l'injustice subis par certaines communautés.

James Gray porte un regard sans complaisance sur la société américaine des années 1980, tout en faisant un clin d'œil à ses contemporains, en introduisant une référence à la famille Trump.

Si Armageddon Time est parfois déroutant en ce qui concerne les rapports familiaux, on passe facilement d'un extrême laxisme des parents à une violence soudaine, le film est d'une grande sensibilité, à la fois un récit initiatique émouvant et un portrait social intéressant.