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Escapade à Giverny (27)

19 septembre 2018

« Je suis dans le ravissement, Giverny est un pays splendide pour moi »

Claude Monet

 

Petit village de Normandie, Giverny est mondialement connu depuis que Claude Monet a transformé le lieu en temple de l'impressionnisme.

Le village est adorable, un air champêtre se dégage de chaque pierre, on se croirait figé dans une toile du maître !

La rue principale porte, bien entendu, son nom. On y trouve sa maison, le Musée de l'Impressionnisme, de charmants cafés, quelques galeries d'art et au bout, l'église Ste Radegonde, à l'ombre de laquelle on trouve la tombe du peintre.

Des musées...

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Fondation Claude Monet

Maison & jardin, 84 rue Claude Monet, 27620 Giverny

 

C'est le deuxième lieu le plus visité en Normandie, après le Mont Saint-Michel. Ce n'est pas étonnant car c'est vraiment magnifique !

Monet s'installe ici en 1883 et très vite, transforme le jardin initial, construit trois serres puis achète un terrain de l'autre côté du Chemin du Roy. Après de nombreuses péripéties, il réussit à faire creuser un étang puis à faire construire en 1895 le pont japonais.

Monet vivra ici jusqu'à sa mort en 1926.

 

Les jardins sont de toute beauté. Monet consacrera des années à faire de ce lieu un tableau exécuté « à même la nature » y plantant des milliers de fleurs parmi lesquelles des capucines, roses, jonquilles, tulipes, narcisses, iris, pivoines....

Sur le deuxième terrain, le jardin d'eau est devenu célèbre grâce aux toiles monumentales « Les Nymphéas » et témoigne de la fascination de Monet pour le Japon.

 

La maison ne manque pas de charme non plus. Embellie avec les couleurs du peintre, on y découvre avec ravissement son lieu de vie et de travail : de la salle à manger, dont les murs sont couverts d'estampes japonaises, à la cuisine aux carreaux bleus ornée de nombreux ustensiles de cuisine... chaque pièce fait revivre un morceau d'histoire de l'art !

 

Attention, on vient ici pour retrouver une atmosphère, un vent bucolique, une image impressionniste. On voit ce que Monet a peint .

Pour les toiles du maître, il faut se rendre au musée Marmottan à Paris.

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Musée des impressionnismes, 99 rue Claude Monet

 

Ce musée s'intéresse à l'histoire de l'impressionnisme. Il a donc pour vocation de faire connaître les origines, le rayonnement géographique et l'influence de ce mouvement pictural.

Le musée fonctionne par expositions temporaires. On peut donc le fréquenter plusieurs fois.

Cela dit, toutes les expos ne suscitent pas forcément le même intérêt. Peut-être vaut-il mieux se renseigner avant ?

Jusqu'au 4 novembre 2018 : Henri Edmond Cross, « peindre le bonheur. »

Peintre néo-impressionniste, l'expo retrace l'ensemble de la carrière de cet artiste né à Douai en 1856 (mort en 1910). Son œuvre est intéressante mais selon moi, l'emploi excessive du rose dans ses paysages ne met vraiment pas en valeur ses qualités de dessinateur.

C'est d'ailleurs vers ses esquisses et travaux préparatoires qu'on s'arrête le plus longuement.

Quelle que soit l'expo, le lieu est très agréable.

L'ensemble n'est pas immense , on peut donc le parcourir sans avoir le temps de se lasser. De beaux volumes permettent de mettre en valeur les œuvres.

En sortant, un petit tour dans le jardin s'impose !

Pour se restaurer...

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Restaurant Baudy, ancien hôtel Baudy.

80 rue Claude Monet

27620 Giverny

 

 

Les prix sont un peu élevés mais le cadre est tellement exceptionnel que ce lieu est incontournable, durant une escapade à Giverny.

Menu à 29,90 € (entrée, plat, dessert) avec à chaque fois, trois ou quatre choix.

C'est bon , certes, mais c'est vraiment le charme de l'endroit qui est un sacré « plus ».

La terrasse arborée est magnifique et la déco intérieure a maintenu l'air du temps passé avec son décor « 1900 ».

 

L'auberge porte depuis toujours le nom de ses premiers propriétaires, Angelina et Gaston Baudy. À partir de 1886, ils accueilleront un nombre incalculable d'artistes américains, désireux de respirer le même air que leur maître Claude Monet.

L'établissement verra également passer entre ses murs : Renoir, Rodin, Sisley, Clémenceau...

 

Le restaurant Baudy est à la fois charmant et chargé d'histoire avec une bonne cuisine et un service très sympathique.

Une librairie...

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Giverny est entièrement consacré à Claude Monet, à l'impressionnisme et dans une moindre mesure à la peinture en général, avec la présence de plusieurs galeries.

 

Pour trouver une librairie autre que celles des musées, forcément restreintes dans les thèmes, il faut se rendre à Vernon. Il en sera de même pour fréquenter une salle obscure.

Quatre petits kilomètres séparent Giverny de Vernon et dans la journée plusieurs navettes sont proposées.

 

 

 

La compagnie des livres, 76 rue d'Albufera, 27200,

Vernon

 

Une très belle Librairie avec un grand choix. La vitrine est aménagée avec beaucoup de goût. L'intérieur est spacieux et permet de présenter les livres par la première de couverture.

Beaucoup d'ouvrages bénéficient de quelques notes des libraires et des événements sont régulièrement proposés : des lectures, des rencontres d'auteurs..

« La compagnie des livres » est un bien bel endroit à fréquenter !

Trois livres...

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Nymphéas noirs, de Michel Bussi, Pocket 2013

 

Le jour paraît sur Giverny.

Du haut de son moulin, une vieille dame veille, surveille.Le quotidien du village... les cars de touristes.

Des silhouettes et des vies. Deux femmes en particulier se détachent. L'une, les yeux couleur Nymphéa rêve d'amour et d'évasion, l'autre 11 ans, ne vit déjà que pour la peinture.

Deux femmes qui vont se trouver au cœur d'un tourbillon orageux.

Car dans le village de Monet, où chacun est une énigme, où chaque âme à son secret , des drames vont venir diluer les illusions et raviver les blessures du passé...

 

 

Moi qui ne suis pas particulièrement « polar », je veux bien reconnaître que c'est un art, de bien ficeler une enquête, de perdre habilement ses lecteurs pour mieux les éclairer à la toute fin.

Cette enquête nous offre une intéressante galerie de personnages, mais également l'occasion d'en apprendre plus sur Claude Monet.

 

Aujourd'hui les touristes que nous sommes, se promènent avec insouciance dans Giverny, ignorant que le maître était souvent intransigeant dans son désir de conserver intact les paysages qu'il avait ou voulait peindre.

À Giverny, tout tourne, forcément, autour de l'art mais tous les aspects sont ici disséqués : du désir de peindre à l'art marchand, beaucoup moins noble !

L'enquête nous entraîne sur plusieurs pistes : l'ouvrage débute sur un meurtre mais cela ne sera peut-être pas le seul...

Ce crime est peut-être crapuleux, la victime était prête à tout pour posséder un tableau de Monet. Mais la victime , Jérôme Morval était autant amateur d'art que de femmes…. victime d'un mari jaloux ?

Les multiples personnages de ce roman sont souvent très attachants.

Fanette, petite fille, peintre en herbe, aux rêves prometteurs. Stéphanie, la belle institutrice qui cherche l'amour et semble prête à prendre son envol de ce village trop petit qui la retient sans cesse.

Benavides et Laurenç, les inspecteurs dont les liens amicaux offrent de bons moments teintés d'humour.

Cette vieille femme et son chien, tous les deux spectateurs des drames qui secouent le village...

 

C'est le roman idéal à lire pendant une escapade à Giverny. On y retrouve l'ambiance et tous les lieux croisés : la maison et les jardins de Monet, La Tour du moulin, transformée aujourd'hui en gîte, l'hôtel Baudy...

« Nymphéas noirs » m'a tenue en haleine et j'ai trouvé le dénouement excellent : habile et original.

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« Deux remords de Claude Monet » de Michèle Bernard,

La table ronde, 2016-2018.

 

Lorsque Claude Monet fit don à l'état des Nymphéas, il y mit une condition : l'achat d'un tableau peint soixante ans auparavant « femmes au jardin » pour qu'il soit exposé au Louvre.

« Deux remords de Claude Monet » raconte l'histoire d'amour et de mort qui du flanc méditerranéen des Cévennes, au bord de la Manche, de Londres au Pays-Bas, de l'Île-de-France à la Normandie, entre le siège de Paris en 1870 et la tragédie de la Grande Guerre, hanta le peintre jusqu'au bout.

 

Un beau roman autobiographique. L'ouvrage est composé de trois parties dont les titres sont des prénoms : Frédéric, Camille, Claude.

Frédéric Bazille, l'ami et soutien des débuts. Camille Doncieux, le grand amour, la magnifique « femme à la robe verte » et enfin Claude Monet durant ses années à Giverny.

L'écriture est claire, fluide, on suit la vie du peintre au plus près. Tout est présent : ses oeuvres, ses recherche de paysages et de lumière, ses amitiés, Bazille, Renoir, Sisley, son amour pour Camille, ses soucis financiers…

Le contexte historique est toujours bien amené, on suit les grands événements à travers la vie du peintre et de son entourage.

 

Un livre à lire si on s'intéresse à Claude Monet mais qu'on est réfractaire aux ouvrages purement didactiques.

La rentrée littéraire

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Un fils obéissant, de Laurent Seksik,

Flammarion, 2018

 

Un homme se rend sur la tombe de son père, un an après sa disparition, pour y tenir un discours devant une assemblée de proches…

 

Ce neuvième roman de Laurent Seksik est à la fois très différent des précédents et pourtant il n'y a pas de doute c'est ” tellement du Seksik”.

L'auteur nous parle de lui, on est littéralement plongé dans l'intime. À la fois histoire personnelle de l'homme mais aussi de l'écrivain,  à travers ces lignes Laurent Seksik nous permet d'avoir un éclairage nouveau sur ses ouvrages antérieurs. Dans ”un fils obéissant”, il est question du père de l'auteur. Leur relation, d'une incroyable force, a donc inconsciemment, largement imprégné ses écrits (plus particulièrement, « le cas Edward  Einstein » et « Romain Gary s'en va-t'en guerre »).

 

L'écrivain offre ici un très bel hommage à son père. Mais cet ouvrage ne se résume pas qu'à ça. C'est aussi un livre sur la difficulté du deuil, sur l'itinéraire atypique d'un écrivain qui a commencé par être médecin.

 

L'histoire n'est pas chronologique, mais jamais l'auteur ne nous perd ni dans les personnages ni dans les lieux. C'est un sacré conteur !

 

On suit donc donc avec intérêt une histoire de famille. Lucien, un père aimant avec une forte personnalité, fait naître chez le lecteur des sentiments troubles. On est à la fois ému face à une belle relation filiale mais aussi effrayé du poids qu'elle peut avoir sur la vie d'un homme.

L'histoire d'un grand-oncle nous fera traverser le siècle pour une épopée à la fois extraordinaire et pleine d'humour.

 

Comme pour « La promesse de l'aube » de Romain Gary, on classera sûrement « le fils obéissant » dans la catégorie de l'autobiographie romancée.

L'important n'est pas dans la véracité des faits mais dans le ressenti.

L'écriture, simple et fluide nous place directement au cœur des sentiments.

Laurent Seksik nous promène avec aisance entre émotion et humour.

 

J'ai énormément aimé le passage dans lequel le père explique la Première Guerre mondiale à son jeune fils, passage qui est à la fois une perle de la littérature et de l'histoire.

Il pourrait bien être étudié, un jour, dans ces deux matières au collège. !

Un cinéma...

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Cinéma théâtre, 1 place de Paris

27200 Vernon

 

Un lieu vieillot, pourtant chargé d'histoire. Le bâtiment date de 1895. Conçu pour être un théâtre, il deviendra dès 1897, un cinéma théâtre. Pendant plusieurs années, il y aura une unique salle de 800 places.

Depuis 2010, il y a en tout 4 salles.

Un films...

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Ma fille de Naidra Ayadi avec Roschdy Zem, Natacha Krief, Darina al-Joundi,

1h20, drame, France.

 

Hakim et Latifa ont fuit la guerre civile algérienne au début des années 90 et vivent depuis, dans le Jura avec leurs deux filles : Nedjma 14 ans et Leila, l'aînée partie suivre ses études de coiffure à Paris.

 

Trois jours avant Noël, Leila annule son retour dans la famille prétextant une surcharge de travail.

Hakim et sa fille cadette partent à sa recherche à travers Paris.

 

Un premier film intéressant. Certes les maladresses sont assez nombreuses. Les libertés laissées au spectateur dans l'interprétation de certaines situations me semblent faire naître des ambiguïtés que je ne suis pas sûre d'apprécier...

« Ma fille » est une très libre adaptation d'un roman de Bernard Clavel, intitulé « « le voyage du Père ». L'histoire a été transposée dans une famille arabo-musulmane.

Thierry Ardisson, à l'initiative de ce projet de film, pensait rendre ainsi plus forte la réaction du père vis-à-vis de la prostitution de son ainée.

Une fois de plus, je ne trouve pas judicieux de donner l'apanage de la pudeur à certains plus qu'à d'autres !

N'importe quel père serait choqué de penser sa fille coiffeuse pour la découvrir dans le monde de la nuit et ses commerces du corps !

L'aspect sociologique du film me semble peu clair.

 

Cependant l'étude des liens filiaux est plutôt bien réussie.

Le personnage du père, très bien interprété par Roschdy Zem, est très émouvant. Taiseux et calme, on le sent pourtant s'accrocher à l'image qu'il souhaite avoir de sa fille.

C'est un père présent et pourtant son aînée lui échappe totalement.

Pensant certainement bien faire, voulant faire table rase d'un passé douloureux, il n'a jamais raconté son histoire à ses filles. Peut-être est-ce une piste ?

Il ne suffit pas de vouloir le meilleur pour ses enfants, il faut être aussi dans la communication et faire la lumière sur « d'où l'on vient ».

La présence de la cadette aux côtés de son père à travers les rues parisiennes, servira à soulever ces questions et peut-être à prendre un autre chemin dans les rapports humains au sein de cette famille aimante, ouverte mais silencieuse.

« Ma fille » est donc un film en demie-teinte.

... à fuir !

... pourquoi pas ?

... vraiment pas mal

... à ne pas manquer

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Spécial camping-car
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