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Anatomie d'un instant

Cercas Javier

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Acte Sud, 2010


« Instabilité politique, attentats, soulèvements populaires : l'Espagne est en danger. Affaibli, le chef du gouvernement, Adolfo Suarez, a démissionné et le Parlement est réuni ce 23 février 1981 pour le débat d'investiture du nouveau président. C'est alors que des militaires armés font éruption dans l'hémicycle et crient “Tout le monde à terre ! ”

Les députés plongent sous les fauteuils molletonnés mais, dans un désert de sièges vides, trois hommes refusent de se soumettre. »


Le titre de ce livre est extrêmement bien trouvé car le lecteur assiste à une véritable dissection d'un événement qui, s'il est assez court dans le temps, aurait pu faire basculer, une fois de plus, l'Espagne dans un régime non démocratique.


Javier Cercas retrace le fil de l'histoire qui mène l' Espagne sur le long chemin de la démocratie, après la mort de Franco en 1975.

L'auteur nous fait entrer dans les coulisses de la politique. C'est à la fois passionnant et très instructif même si sur la longueur, cela devient un peu répétitif.

En mettant la lumière sur trois  hommes, les trois qui semblent refuser de plier devant ce qui a toutes les caractéristiques d'un coup d'état, l'écrivain dresse le portrait de toutes les forces qui s'affrontent pour le pouvoir.

-Adolfo Suarez, président démissionnaire en 1981 avait été choisi par le roi Juan Carlos, en 1976, pour mener la politique de transition démocratique. Le parcours de cet homme est fort intéressant puisque c'était tout de même le chef du parti unique sous Franco,

-Santiago Carrillo, le secrétaire général du Parti communiste a gagné la reconnaissance de son parcours dans les institutions, mais s'est petit à petit coupé de la base des militants jusqu'au point de rupture qui signera sa fin politique.

-Gutiérrez Mellado, militaire depuis les années 30, fidèle à Franco, le sera tout autant au roi


Ces trois hommes sont-ils, le 23 février 1981, des héros, ultimes défenseurs de la démocratie menacée ?

Javier Cercas, en mettant en perspective : contexte politique, marche de l'histoire, psychologie des protagonistes démontre que la réponse à cette question n'est pas si simple.

Comme à son habitude (voire son obsession) l'auteur court après la réalisation d'un « roman vrai ». Il est donc amené à établir des hypothèses, tout en s'attachant à ne les émettre qu'à partir de faits historiques avérés. On ne peut que saluer son travail de recherche qui transparaît à chaque page de son livre

On note également, qu'une fois de plus, Javier Cercas est sans complaisance vis-à-vis du peuple espagnol.

Il regrette que les « voix civiles » ne se soient élevées qu'à l'issue finale de la prise d'otages. 

Il constate amèrement que la défense de la démocratie naissante a bien peu mobilisé le peuple espagnol !

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