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Un autre tambour

Kelley William Melvin

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Éditions Delcourt, 2019

(Publié aux États-Unis en 1962)


“Juin 1957. Un après-midi, dans une petite ville du Sud profond des États-Unis, Tucker Caliban, un jeune fermier noir recouvre de sel son champ, abat sa vache et son cheval, met le feu à sa maison, puis quitte la ville. Le jour suivant, toute la population noire déserte la ville à son tour.”


Écrit en 1962, ce roman porte une force symbolique qui envoûte le lecteur. L'action se déroule dans une ville imaginaire qui se trouverait dans le sud des États-Unis, mais la portée du message est universelle.


Tucker Caliban est le descendant de l'Africain dont l'histoire ouvre le roman. Débarqué d'un navire négrier, cet homme fier et fort ne se laissera pas enchaîner. L'africain brise ses chaines, traqué, sa détermination force l'admiration de « son propriétaire » mais sa fin est inéluctable.


Ses descendants seront esclaves puis à l'abolition, ils resteront sur cette terre « prisonniers volontaires. »

Leur statut a changé, leurs propriétaires sont devenus leurs patrons, ce sont toujours les mêmes blancs qui commandent. 


L'écriture, très littéraire, est portée par une narration subtile. L'histoire est racontée par ceux qui restent : les blancs qui assistent au départ de toute la population noire de la ville. Pour chaque narrateur, la chronologie fait des retours en arrière, nous permettant ainsi de mettre petit à petit en place les pièces du puzzle.

On finira par comprendre, sans que lui même s'explique, pourquoi Tucker Caliban met du sel sur son champ et brûle sa maison. Terre sur laquelle ses ancêtres ont été esclaves et qu'il a acheté avec le fruit de ses économies d'homme noir qui travaille pour un blanc.


William Melvin Kelley semble avoir pris comme point de départ de sa réflexion, un constat d'échec. Les politiques anti ségrégationnistes qui ont suivi l'abolition de l'esclavage ont échoué.

« Un autre tambour » semble vouloir démontrer qu'il ne suffit pas que la liberté soit donnée par les blancs, il faut aussi qu'elle soit prise par les noirs.


Ce livre est très beau roman sur l'émancipation.

Celle des anciens esclaves sur ceux qui les dominent toujours. Celle de certains blancs vis-à-vis de la pensée dominante de leur milieu social.

On aimerait continuer à suivre tous les personnages que l'on côtoie tout au long des pages.

Savoir si Tucker Caliban a trouvé une meilleure vie ailleurs. Savoir comment la ville s'est débrouillée, privée de sa main d'oeuvre sous payée. 

Mais au fond, ce n'est pas là le message du livre.

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