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L'homme qui marche

Delfino Jean-Paul

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Éditions Héloïse d'Ormesson, 2021


« Marié, deux enfants, Théophraste Sentiero est un homme sans histoire. Aussi prête t-il peu d'attention à ces tremblements inopinés qui agitent ses jambes et ses pieds en ce soir de Noël.

Hélas, ces trépidations s'accentuent et la médecine n'y entend rien.

C'est un vieux libraire, cacochyme et presque aveugle qui va le tirer d'affaire en lui proposant un remède pour le moins surprenant : écouter ses pieds puisqu'ils sont si pressés d'aller quelque part ».


Les amateurs d'action et de suspense passeront leur chemin. Les esprits cartésiens et ceux très attachés à la réalité du monde, bouderont cette lecture. C'est beaucoup plus une fable qu'un roman. Donc comme une fable, cette histoire fonctionne  à travers des symboles et des métaphores.

L'homme qui marche est une ode à la liberté, à la possibilité de changer de direction. Si l'histoire finit par tourner un peu en rond, on se laisse tout de même agréablement porter par l'écriture savoureuse de Jean-Paul Delfino.


L'auteur nous entraîne dans un Paris qui m'a joliment semblé anachronique. Théophraste Samtiero est « repêcheur de vélos et trottinettes » dans la Seine, ce qui fait de lui notre parfait contemporain. Pourtant la description de son quartier ne ressemble pas à ce qu'il est aujourd'hui. Ce n'est pas dérangeant, voire plutôt agréable, au contraire, d'imaginer le Quartier Latin avec des concierges dans les immeubles, des « vieux rades » peuplés de piliers de bar, des prostitués philosophes….

Cela fait bien longtemps que les concierges sont remplacées par des digicodes, et  les « vieux rades » par des  cafés organiques et autres fast food. Les prostitués à la retraite n'ont guère les moyens de se loger à proximité du Jardin du Luxembourg.


Mais voilà, sous la plume de Jean-Paul Delfino, ce qui pourrait faire sourciller, donne un charme d'antan à son histoire.

C'est l'occasion de nous offrir une galerie de personnages hauts en couleur. Très caricaturaux, tous les protagonistes qui gravitent autour de notre héros sans histoire n'en sont que plus cocasses.

À commencer par l'horrible concierge madame Chevillard, rebaptisée la « mère tape-dur ». Le lecteur comprend vite pourquoi. La famille est également une épreuve pour Théo, la scène du repas de Noël qui ouvre le roman en est la parfaite illustration :  une épouse terne et froide, des enfants indifférents rivés à leur portable, un beau-frère et son épouse peu sympathiques, une belle-mère grabataire.

C'est dans cette ambiance que les pieds de Théo se mettent à trépigner sans qu'il puisse les contrôler. C'est peut-être le premier signe pour qu'il regarde vers de nouveaux horizons : vers une femme aperçue à qui il n'ose pas parler, vers les livres qu'il va le découvrir au contact d'Anselme Guilledou un drôle de libraire.


Avec cette belle histoire, Jean-Paul Delfino nous enjoint à écouter nos pieds qui parfois sont visionnaires de nos désirs enfouis.

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