une BD de Daniel Bardet et Michel Janvier, Adonis, 2008

« Le jour où la belle et jeune Emma épouse Charles Bovary, médecin timide et besogneux, commence alors en apparence, une histoire simple et provinciale sous le règne de Louis-Philippe. Chacun, dans ce monde, ne se soucie que de son argent et de son rang… Au cours d'un bal, Emma découvre la bonne société et ses fastes et peu à peu s'éloigne de la bonhommie  médiocre de son mari… »

Cette bande dessinée est d'une grande qualité. Le scénario retrace les grandes lignes de l'œuvre littéraire de Gustave Flaubert. Les moments clés de la vie d'Emma Bovary sont tous présents, ce qui permet de bien cerner la personnalité de l'héroïne.

Le lecteur découvre la jeune Emma. Sa vie avec son père, dans une ferme isolée, est bien morne. Elle n'a guère l'occasion de partager son goût pour les arts, notamment la lecture et la musique.

Sa rencontre avec Charles Bovary est un premier pas vers ce qu’Emma entrevoit comme une nouvelle vie. Mais la jeune femme s'ennuie vite. Son mari très épris d'elle est rarement, là puisqu'il parcourt la campagne pour visiter ses patients. En outre, sa présence n'est pas plus réconfortante puisque sa conversation n'est pas à la hauteur des attentes d'Emma.

La jeune femme rêve de passion, de conversations qui ne tourneraient qu'autour de sentiments raffinés… Ce désir poussé à l'extrême fera d'elle la victime de certains hommes.

Tout d'abord de Rodolphe, qui voit en elle une occasion de se distraire en la poussant plus avant sur le chemin de l'adultère. Puis du marchand d’étoffes, monsieur Lheureux, peu scrupuleux, auprès de qui elle s'endette pour satisfaire ses goûts à la hauteur de ses passions. Et enfin Léon qui ne lui viendra pas en aide, malgré ses belles promesses.

Résumé au premier abord, Emma Bovary pourrait passer pour une horrible femme qui trompe son gentil mari. Cet ouvrage montre bien tous les stades par lesquels est passée Emma. Sa langueur de vivre une existence sans saveur ressemble fort à ce qu'on nommerait aujourd'hui une dépression. Elle ne trouve nulle part de secours  et la vie privinciale décrite sans complaisance par Gustave Flaubert, n'est pas sans lien avec la destinée tragique d'Emma.

Le texte est mis en valeur par de très beaux dessins, très minutieux, colorés sans être criards.

Les expressions du visage d'Emma sont très bien rendues et soulignent très bien la complexité du personnage.

Cet ouvrage fait partie de la collection « Roman de Toujours » à laquelle collabore des professeurs (français,, histoire, géographie...). À la fin de la bande dessinée, on trouve des informations sur l'auteur, l'œuvre, le contexte historique. C'est vraiment très intéressant !

Par contre, pas sûr que cela aurait plu au Père littéraire d'Emma. Apparemment, Gustave Flaubert ne voulait pas que son héroïne soit dessinée, désirant que chacun la voit comme il le désirait !

Les illustrations ne viendront qu'après sa mort, lorsque ses ayants droit verront là une source de revenus possibles !