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Mon maître et mon vainqueur

Désérable François-Henri

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Gallimard, 2021,

Grand Prix de l'Académie française 2021.


« Le cahier, c'était la première chose que m'avait montrée le juge, quand tout à l'heure j'étais entré dans son bureau. Sous la couverture souple et transparente, on pouvait lire au feutre noir : MON MAÎTRE ET MON VAINQUEUR.  Sur les pages suivantes, il y avait des poèmes.

Voilà ce qu'on avait retrouvé sur Vasco : le revolver, un cahier noirci d'une vingtaine de poèmes et plus tard, après expertise balistique, des résidus de poudre sur ses mains.

Voilà ce qu'il en restait, j'ai pensé, de son histoire d'amour. »


Le maître, le vainqueur, sont bien évidemment le cœur. Ce roman illustre parfaitement bien l'adage « le cœur a ses raisons que la raison ne connaît pas. » Le titre, emprunté à un poème de Verlaine, n'est pas un hasard. Le poète, et surtout son histoire personnelle avec Rimbaud, sont présents au fil des pages, comme une musique de fond pour l'histoire d'amour entre Vasco et Tina.

Cette dernière, admiratrice de Paul Verlaine,  en connaît les poèmes par cœur. On retrouve la présence du poète à travers une photo célèbre , sur laquelle il est attablé dans un café, qui servira de cadeau d'anniversaire, un manuscrit originel qui, à la BNF, sera le témoin d'ébats amoureux mais aussi le pistolet avec lequel Verlaine tire sur Rimbaud.


Vasco et Tina n'avaient rien pour se plaire, ni elle, ni lui, n'étaient « le genre » de l'autre. et pourtant leur attirance va les entraîner dans une histoire d'amour hors de contrôle.

L'évolution de cette relation et les péripéties qu'elle engendre nous sont dévoilées progressivement, au rythme de l'interrogatoire d'un témoin privilégié par un juge.

Dès le départ, le lecteur pressent un drame, mais il faut patienter jusqu'à l'ultime fin pour découvrir lequel.


Ce roman pourrait être tout à fait banal. Les histoires de passions amoureuses et d'adultères peuplent la littérature et sont vieilles comme le monde. Mais ici, l'auteur mêle habilement la gravité et la fantaisie. Le sentiment amoureux est très bien décrit. Le décryptage des poèmes de Vasco par le narrateur, qui est l'ami des deux protagonistes, pour éclairer le juge sur la situation, marque chacune des étapes de la relation de Vasco et Tina :  l'attirance, la frénésie de leurs ébats, la multiplication des prises de risques pour des rencontres qu'ils désirent de plus en plus fréquentes, la tentative pour se raisonner et se séparer…


Les sentiments sont considérés avec sérieux mais l'ensemble est écrit avec beaucoup de légèreté et d'humour.

Certaines situations sont cocasses. Ce qui pourrait être triste à pleurer devient presque drôle, en tout cas prête à sourire, sans pour autant nous faire perdre l'empathie que chaque personnage suscite.

L'ensemble est très bien écrit et l'auteur parvient à faire un roman très original sur un thème qui ne l'est pourtant pas.

Mon maître et mon vainqueur offre un moment de lecture très agréable.

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