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Le péché de Monsieur Antoine

Sand George

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Le péché de Monsieur Antoine de George Sand

édition Paléo, 2012 (première édition en 1845)


« À Gargilesse, Monsieur Antoine de Châteaubrun est un aristocrate ruiné qui vit avec sa fille Gilberte, dans les décombres de son château. Grâce à leur servante et amie qui a le sens de l'économie, ils ne souffrent pas de la misère. Un jour, Émile Cardonnet, fils d'un industriel, pris dans un orage est secouru par Jean Jappeloup qui le présente à Monsieur Antoine.

Émile rencontre Gilberte… »


Bien des aspects de ce livre peuvent sembler désuets et ennuyeux mais si on s'accroche un peu et qu'on remet l'écriture dans son contexte (auteur, époque) c'est passionnant et finalement terriblement d'actualité.

L'histoire d'amour et les bons sentiments entre le riche fils d'un industriel qui a une bourse à la place du cœur et la jeune aristocrate déchue, amoureuse de la nature m'a peu emballée.

Par contre le fond du sujet est captivant, leur différence de milieu social donnant lieu à un débat d'idées qui fait l'essence du livre.

La forme l'est moins, la narration de l'exaltation du sentiment amoureux étant parfois pénible car poussée à l'extrême.

C'est au-delà de l'histoire d'amour entre deux beaux jeunes gens qu'il faut regarder et plonger dans ce « roman socialiste ». George Sand y développe une réflexion essentielle sur le capitalisme, le pouvoir, la condition des ouvriers...

Chaque personnage est l'occasion de présenter une idée, une théorie sur l'organisation de la société et une voie pour améliorer la condition des travailleurs. Les portraits sont excellents et ont une large résonance avec notre époque.

Monsieur Cardonnet, riche industriel, entend avec son argent soumettre les âmes, les cœurs et même la nature. Il symbolise à lui seul, le capitalisme libéral sauvage pour qui tout s'achète, ce n'est qu'une question de prix.

Son fils, tiraillé entre le respect dû à son père et l'attrait d'un monde où les pauvres le seraient moins, symbolise le chemin à parcourir pour résister à la dictature du pouvoir par l'argent et la force.

Jean Jappeloup, personnage haut en couleur est l'être libre par excellence.

En cavale au début du roman, cet ouvrier qui aime son métier, vend sa force de travail mais entend choisir à qui et quand. La nécessité de travailler ne signifie pas être corvéable à merci.

Pourquoi l'ouvrier n'aurait-il pas droit à du temps de loisir ?

Gilberte, fille de la nature est la bonté d'âme. Son bonheur ne passe qu'à travers celui des autres. Elle semble représenter l'idéal de son auteure : s'occuper de plus faibles que soi à la hauteur de ses moyens.

« Le péché de Monsieur Antoine » est un très bon roman. George Sand précise qu'elle l'a écrit à « une époque où la critique de la société réelle et le rêve d'une société idéale étaient possibles car cela inquiétait encore peu le pouvoir en place. »

Si les conditions de vie ont beaucoup changé, on est frappé à la lecture de ce roman de constater qu'on a bien peu avancé sur les rapports de force soumis à l'argent.


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