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Regardez-nous danser, le pays des autres, 2

Slimani Leïla

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Gallimard, 2022


« Année après année, Mathilde revint à la charge. Chaque année, quand soufflait le chergui et que la chaleur, écrasante, lui portait sur les nerfs, elle lançait cette idée de piscine qui révulsait son époux. Ils ne faisaient aucun mal, ils avaient bien le droit de profiter de la vie, eux qui avaient sacrifié leurs plus belles années à la guerre puis à l'exploitation de cette ferme. Elle voulait cette piscine, elle la voulait en compensation de ses sacrifices, de sa solitude, de sa jeunesse perdue. »


Nous avions quitté Mathilde, Amine et leur famille, juchés sur le toit de leur ferme, regarder le Maroc s'embraser et conquérir son indépendance.

Presque sommé de choisir un camp, Amine étant marocain et Mathilde, française, ils voulaient rester en dehors de la politique. Leur unique objectif était de survivre et de sortir de la misère en tentant par tous les moyens de faire prospérer des terres particulièrement arides.


On les retrouve en 1968.

Amine est devenu un propriétaire terrien prospère. Mathilde voudrait profiter sereinement de leurs nouvelles conditions de vie. Leur fille, Aïcha, fait connaissance avec la France en y allant faire des études de médecine. Leur fils, Selim, peine à trouver sa voie auprès d'un père autoritaire.


Si le Maroc a acquis son indépendance, il n'a pas fait sa révolution. Finalement, l'ordre social n'a été que très peu bousculé. Beaucoup d'anciens colons, sont restés. Ils se font plus discrets, moins arrogants mais continuent à détenir une grande partie du capital du pays. Ils sont rejoints par une nouvelle bourgeoisie marocaine, élite qui n'a pas l'intention de céder ses privilèges pour le bien du pays. Le peuple est resté une masse d'exploités. La nouvelle génération peine à donner un nouveau visage à son pays. Si chacun veut profiter de la fête, certaines consciences s'aiguisent et le pouvoir se durcit.


Entre la France, où elle est accueillie en animal curieux, et le Maroc, qu'elle connaît si peu en dehors des limites de la propriété de ses parents, Aïcha va faire des rencontres qui vont modifier le cours de sa vie. Selim lui, va se perdre dans les brumes d'une nouvelle forme de tourisme qui investit le Maroc. L'arrivée des hippies fascine les uns mais pour les autres, elle jette le discrédit sur le monde occidental.


Dans ce deuxième volet, chacun se cherche. Il y a ceux qui partent, ceux qui restent, ceux qui rentrent dans le rang, ceux qui sentent naître en eux le vent de la révolte.

Comme à la fin du premier volume, on ne peut, qu'attendre avec impatience, la suite. On sent bien que l'histoire du Maroc n'a pas fini de bousculer la vie de cette famille.

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