Actes Sud, 2002

« Dans les derniers jours de la guerre civile espagnole, l'écrivain Raphaël Sánchez Mazas, un des fondateurs de la phalange, échappe au peloton d'exécution des troupes républicaines en déroute, grâce à un soldat qui, bien que l'ayant vu, lui laisse la vie sauve…

Soixante ans plus tard, un journaliste s'attache au destin des deux adversaires qui ont joué leur vie dans un seul regard et entreprend de recueillir des témoignages pour transformer cette histoire en fiction. »

Ce livre est aussi intéressant qu'il est original dans sa forme narrative. Javier Cercas se met en scène en tant que narrateur. Le lecteur suit au plus près le travail de l'écrivain qui se débat pour écrire, cherchant inlassablement la frontière entre le récit et la fiction.

Les soldats de Salamine est à la fois un livre sur la guerre civile espagnole et sur le processus d'écriture.

Composé de trois parties, le livre nous fait naviguer entre passé et présent, nous interrogeant sur le devoir de mémoire et la notion de héros.

Sur ce dernier thème, si la démonstration de Cercas peut être dérangeante, elle n'en est pas moins tout à fait juste. L'héroïsme est une notion fluctuante, dépendante de l'évolution de l'Histoire avec un grand H.

Chaque camp ayant ses héros, on ne peut que nager dans une subjectivité, pas forcément plaisante, pour qui souhaiterait que tout soit toujours tout blanc ou tout noir.

Dans la première partie, le lecteur fait connaissance avec un écrivain, qui après avoir publié deux livres (qu'il pense déjà oubliés des lecteurs) est en mal d'inspiration.

De retour à la rédaction du journal dans lequel il travaillait, une rencontre va lui ouvrir la perspective d'écrire à nouveau.

Ce livre, nous le découvrons dans la deuxième partie. Le lecteur est alors plongé dans la guerre d'Espagne, à travers un personnage bien peu sympathique.

Javier Cercas retrace le parcours du phalangiste Sánchez Mazas. Le point central de ce récit est la recherche de la vérité sur les circonstances qui ont permis à cet homme d'échapper in extremis au peloton d'exécution.

En la matière, les événements factuels sont parfois terriblement romanesques. Sans tout dévoiler, on peut tout de même noter que Cercas est sans complaisance pour chacun des deux camps, ni même envers le peuple espagnol.

Son récit lui semble inachevé. Il lui manque la version des faits du républicain qui a laissé la vie sauve à Sánchez Mazas.

Cette recherche sera l'objet de la dernière partie du livre.

Les soldats de Salamine est un livre très bien écrit qui bouscule intelligemment le lecteur.