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Théâtre I

Badinter Robert

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Fayard, 2021


« J'ai toujours aimé le théâtre. Au lendemain de la guerre, j'ai découvert son pouvoir d'envoûtement au troisième balcon où se juchaient les étudiants. La jeunesse s'est enfuie, mais la passion est restée. Elle devait porter ses fruits. J'ai écrit en secret des pièces de théâtre.

Nombre d'ébauches ont pris le chemin de la corbeille à papier, mais quelques-unes ont échappé à ces excès de dépit amoureux.

Les voici réunies sous le titre optimiste de Théâtre I.

Au lecteur d'être, par la grâce de l'imagination, le metteur en scène et l'acteur de ces pièces. Frappons les trois coups. Instant magique, le rideau se lève…»


Robert Badinter propose dans ce recueil, trois pièces de théâtre : Cellule 107, Les briques rouges de Varsovie et C.3.3.

Si, en tant que pièces, leur qualité est inégale, on apprécie tout de même la plume de Robert Badinter. Les codes du théâtre sont bien particuliers et lire une pièce coule moins de source que de lire un roman.


Si la première pièce, Cellule 107, est très intéressante sur le fond, c'est la moins réussie des trois, tout du moins à la lecture. Il va falloir espérer la voir jouer sur scène pour se faire une meilleure idée. La mise en scène et le jeu des comédiens seront décisifs pour ôter le côté artificiel qui se dégage à la lecture.

Deux personnages se font face : Laval et Bousquet.

Nous sommes dans la prison de Fresnes, la veille de l'exécution de Pierre Laval. René Bousquet vient s'entretenir avec lui dans sa cellule. Cet entretien a bien eu lieu mais aucun témoignage ne rend compte de ce qu'ils se sont dit.

Robert Badinter a donc imaginé le dialogue entre l'homme politique, collaborateur de l'Allemagne nazie et le chef de la police de Vichy, organisateur de déportations.

C'est l'occasion de retracer le parcours des deux personnages tristement célèbres. C'est très intéressant d'un point de vue historique mais le dialogue est très artificiel, chacun des personnages semble plaquer son histoire personnelle sans réel but autre que d'informer le lecteur.


Les pièces suivantes souffrent beaucoup moins de ce défaut, entre autres parce qu'il y a plus de personnages et d'interactions entre ceux-ci.

Avant de se lancer dans la lecture de Les briques rouges de Varsovie, Robert Badinter à la riche idée de proposer un texte qui explique pourquoi il a eu le désir d'écrire cette pièce et  rappelle l'organisation, le mode de fonctionnement du ghetto de Varsovie.

La pièce se déroule le dernier jour de l'insurrection du ghetto en mai 43. Un rabbin, un ouvrier bundiste, un policier juif et une étudiante sioniste sont coinçés dans la même pièce. Chacun se confronte à la vision des autres. Leur point commun est d'être persécutés parce que juifs, pourtant leur vision du monde, du bien et du mal n'est pas la même.


La dernière pièce change de registre en mettant la lumière sur le procès d'Oscar Wilde.

Contrairement aux deux autres, celle-ci a été créée en 1995 et a été jouée au Théâtre National de la Colline. Cette excellente pièce est la démonstration d'une injustice organisée.

D'une part, c'est le procès de l'homosexualité puisque les faits reprochés sont des relations sexuelles librement consenties entre deux adultes. D'autre part, l'évidente inégalité de traitement entre les justiciables est mise en évidence.

Avec cette pièce de théâtre, Robert Badinter rend un bel hommage à un dandy poète, un génie littéraire prétentieux, détruit par la justice de son pays.

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