L'Iconoclaste, prix Goncourt 2023.

« Au grand jeu du destin, Mimo a tiré les mauvaises cartes. Né pauvre, il est confié en apprentissage à un sculpteur de pierre sans envergure. Mais il a du génie entre les mains.

Toutes les fées ou presque se sont penchées sur Viola Orsini. Héritière d'une famille prestigieuse, elle a passé son enfance à l'ombre d'un palais génois. Mais elle a trop d'ambition pour se résigner à la place qu'on lui assigne.

Ces deux-là n'auraient jamais dû se rencontrer… »

Ce livre est une pépite dans le domaine du romanesque. L'auteur embarque littéralement son lecteur aussi bien avec l'histoire qu'il met en œuvre, que par les subtiles techniques d'écriture qu'il déploie.

Dans les années 1980, un homme qui vit reclus dans un monastère est aux portes de la mort. Il serait en lien avec une sculpture mystérieuse, soigneusement cachée par le Vatican. Cet homme, c'est Michelangelo Vitaliani, surnommé Mimo, et c'est sa vie, parsemée d'embûches, d’échecs  et de réussites qui va se dérouler sous les yeux captivés du lecteur.

Avec Mimo, on traverse le siècle entre l'Italie et la France, durant la Première Guerre mondiale puis la montée du fascisme avec Mussolini.

Mimo est confié à un sculpteur violent et alcoolique qui jalouse son talent, faisant redoubler les coups plus que les encouragements.

La rencontre avec la jeune Viola Orsini est l'union de deux êtres qui souffrent de leurs différences.

Viola, qui retient tout ce qu'elle lit, est d'une culture sans égale dans une époque et un milieu où les femmes ne peuvent sortir du rôle qui leur est assigné depuis leur naissance.

À travers sa famille, on découvre les liens entre Mafia, fascisme et l'église. Son père propriétaire terrien, un frère dans les chemises brunes et un second dans les ordres, entendent mener la danse de la vie de la jeune fille, tout autant que celle du pays.

L'amitié entre Mimo et Viola va les mener dans des aventures souvent douloureuses mais inévitables pour gagner leur liberté. Mimo, grâce à ses talents de sculpteur prendra une revanche sur la vie.

Si les chemins qu'il prend ne sont pas toujours louables, Viola sera là pour réveiller sa conscience.

Jean-Baptiste Andrea sait ménager le suspense. Laissant le lecteur sur un événement important à la fin du chapitre et ne répondant à ses questions que  quelques chapitres plus tard.

Le va-et-vient entre le déroulé chronologique des péripéties des deux héros et le mystère de cette sculpture situé en 1980 est très bien mené. La curiosité du lecteur est piquée dès le début du roman et ce jusqu'à son terme avec un rythme qui ne s'essouffle jamais.

Veiller sur elle est un beau roman !