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Escapade à Lyon (69)

23 décembre 2019

« Si Paris est la capitale de la France, Lyon est la capitale de la province. »

Albert Thibaudet (critique littéraire français, 1874 – 1936)

 

Cette citation est un parfait préambule pour expliquer la non exhaustivité de cette escapade. Vous ne trouverez ici qu'un petit morceau des possibles qu'offre cette ville mais, ce n'est que pour mieux y retourner.

Riche de plus de 2000 ans d'Histoire, Lyon mérite plusieurs escapades. Chacun des neuf arrondissements dévoile un visage qui suscite un intérêt particulier : une histoire ancienne ou plus récente, une architecture spécifique, une proposition culturelle attrayante......

Certains incontournables ne seront même pas évoqués ici (les Canuts, la Croix Rousse.....) mais considérez qu'il s'agit ici de l'épisode un de la saison un !

Bonne lecture.....bonne balade.

Balade dans la ville...

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Place Bellecour

Créée au début du XVIIe siècle, c'est aujourd'hui la plus grande place piétonnière d'Europe. Au centre, trône le Roi Soleil, belle statue équestre un peu perdue sur ce vaste emplacement.

Cette place, toute poudrée d'ocre-rouge est le cœur de Lyon, témoin des grandes périodes de l'histoire.

Durant la Révolution, c'est en son centre qu'on installe la guillotine avant de détruire la statue royale.

C'est en 1800 que Bonaparte, de passage à Lyon, pose la première pierre des nouveaux édifices. Lors de la restauration, la place accueille de nouveau une statue de Louis XIV (celle qu'on voit actuellement).

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Grand Hôtel Dieu

C'est un très beau bâtiment néoclassique qui s'étire en bordure du Rhône.

Premier hôpital Lyonnais, on trouve la trace des premiers bâtiments en 1184.

Le médecin le plus illustre a sûrement été Rabelais de 1532 à 1535.

Le lieu à tout connu de l'histoire de la médecine. Centre actif de la chirurgie au 19e siècle, c'est ici qu'est ouvert le premier service de radiologie au début du 20e siècle.

Durant la Seconde Guerre mondiale, l'Hôtel-Dieu est assez largement endommagé. Le lieu a gardé ses fonctions d'hôpital jusqu'en 2010.

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Les rues piétonnes de la presqu'île

Les grands sites de la presqu'île se rejoignent par des rues piétonnes, ce qui est bien agréable pour les flâneurs.

 

La rue de la République ravira les amateurs de shopping. La création de cette rue est d'inspiration haussmannienne. Longue de plus de 1 km, c'est dans cette rue que le Président de la République, Sadi Carnot a été assassiné le 24 juin 1894 par le jeune anarchiste Santo Geronimo Caserio.

Dans les beaux bâtiments, on notera le superbe édifice imaginé pour être un théâtre, ancien siège du journal Le Progrès, aujourd'hui occupé par la FNAC.

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La rue Mercière, tout aussi fréquentée présente un visage plus intéressant et intimiste. Ce serait une des plus anciennes rues de Lyon, attestée dès le 13e siècle.

À partir de la Renaissance, et jusqu'à la Révolution, la rue Mercière est le centre lyonnais de l'imprimerie.

Dans les années 1980 le quartier a été réhabilité.

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l'Opéra

 

Bâtiment très original, bel exemple d'une superposition d'époques.

Construit en 1831, il a été restructuré et agrandi entre 1989 et 1993 par Jean Nouvel.

Lieu de résidence du Ballet de l'Opéra de Lyon, il peut accueillir 1100 spectateurs.

La façade principale est surmontée de 8 statues (représentant 8 des 9 Muses) l'ensemble est dominé par une verrière dont le sommet se trouve à 42 m du sol.

À quelques pas de l'Opéra  on trouve la place des Terreaux.

Créée au 17e siècle, la place, réaménagée en 1994 par l'architecte Christian Drevet et l'artiste Daniel Buren, est classée depuis 1995, monument historique.

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De l'autre côté de la Saône

 

C'est ici qu'on découvre que Fourvière n'est pas qu'un tunnel embouteillé sur la route des vacances !

Au pied de la colline, c'est tout le vieux Lyon qui s'offre aux promeneurs, avec ses ruelles, ses escaliers, ses traboules et ses célèbres bouchons.

La rue Saint-Jean avec ses couleurs italiennes aligne ses demeures Renaissance, plus loin la rue Juiverie était anciennement vouée aux artisans d'art.

L'ascension de la colline peut se faire à pied ou par le funiculaire. C'est le plus ancien lieu d'occupation de Lyon. C'est sur ce sommet que les Romains fondent Lugdunum. La balade est superbe !

Du parvis de la basilique Notre-Dame de Fourvière, on a une vue imprenable sur la ville et ses alentours. On peut faire un grand tour pour redescendre en passant par « la petite tour Eiffel », le parc des Hauteurs, et les théâtres romains

Tous les étés, le festival "Les Nuits de Fourvière" investit l'un des plus anciens théâtres de Gaulle (vers 15 avant JC)

Des musées...

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Institut Lumière

25 rue du Premier Film

Lyon, 8e arrondissement

 

L'Institut Lumière est installé sur le site des usines Lumière où le cinématographe a été inventé en 1895.

Une très agréable visite au cœur de la mémoire du cinéma et à travers une villa magnifique.

À la fin du 19e siècle, les "Lumières" s'installent dans le quartier rural de Monplaisir.

Peu à peu, leur usine photographique se développe créant un véritable Quartier Lumière.

Antoine et ses fils y construisent alors leur demeure.

La Villa, ou le « Château Lumière », comme l'appelaient les habitants du quartier Monplaisir, est de toute beauté avec son jardin d'hiver, ses mosaïques en céramique, ses cheminées en marbre sculpté…

Le parcours de visite suit la chronologie de l'invention du cinéma. Les appareils qui ont précédé et succédé au cinématographe sont installés sur le « Comptoir de l'évolution ».

La pièce maîtresse de cette présentation est le « cinématographe numéro 1 » qui assura la première projection publique et payante en 1895. En plus de cette invention ,on découvre ici une famille d'inventeurs dans bien des domaines…

Autour de la villa, tout tourne autour du cinéma : le mur des Cinéastes, le hangar du premier film, une salle de cinéma.

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Centre d'Histoire de la Résistance et de la Déportation

14 avenue Berthelot

Lyon 7e

 

En plus du musée, on peut y voir des expositions temporaires.

Jusqu'au 26 janvier 2020 « la chute des Murs Street-Art et Happening»”

En lien avec le 30e anniversaire de la chute du mur de Berlin, 6 Street artistes de la scène lyonnaise ont été invités à investir le musée autour du thème” La chute des murs”.

 

Le CHRD de Lyon est inauguré le 15 octobre 1992, c'est un musée consacré à l'histoire de la Seconde Guerre mondiale.

La scénographie est très bien pensée, le parcours est plus thématique que chronologique.

Les supports sont variés, composés de témoignages, d'objets et de photographies. Chaque espace met en lumière l'histoire de Lyon durant les années de guerre.

C'est le portrait d'une ville en guerre qui est brossé au fur et à mesure de la visite : vie quotidienne, politiques antisémites, Résistance, répression.

Attention, il y a beaucoup à lire, il faut prévoir un temps de visite assez long ou y revenir plusieurs fois.

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la Sucrière

49-50 quai Rambaud

Lyon 2e

 

Les docks de Lyon-Confluence ont été entièrement rénovés. Le quartier, très moderne est un peu froid et désert en pleine semaine, par temps gris.

La Sucrière, construite en 1930 est le seul bâtiment historique encore présent dans le quartier.

C'est une ancienne usine de sucre, utilisée comme entrepôt jusqu'à 1993.

Aujourd'hui, en plus d'être un témoignage d'un temps révolu, c'est un lieu vivant. Transformé en espace d'expositions et d'événements comme des concerts, c'est un des sites majeurs de la Biennale d'Art Contemporain de Lyon ( depuis 2003).

 

Jusqu'au 2 février 2020 : “ imagine Picasso”

Une très belle exposition immersive. On se promène au centre de 200 tableaux de Picasso, les projections permettent tour à tour de voir des détails, comme d'appréhender les œuvres remises dans leur contexte de « série. »

Cette visite est une véritable expérience artistique et ludique à ne pas manquer !

Pour se restaurer...

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Le Bistrot de Lyon

64 rue Mercière, 69002

 

Une grande et belle brasserie des années 1900. L'accueil est très sympathique, d'un humour charmant.

L'intérieur, orné de boiseries est chaleureux. On trouve ici toutes les spécialités lyonnaises. La quenelle est bonne mais pas transcendante eu égard au prix. C'est plus l'ambiance générale qui fait l'intérêt du lieu.

Un menu Lyonnais à 25 €

Entrée + plat ou plat + dessert

32 € pour le menu complet

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le café du soleil

2 rue Saint-Georges, 69005

 

Une excellente adresse dont on dit que c'est le plus ancien café de Lyon.

Un petit resto typique plein de charme, considéré comme le véritable bouchon lyonnais.

Le midi, un menu du jour 16 € 90, entrée, plat, dessert, offre un sans-faute du début à la fin.

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Café Lumière

20 rue du premier film, 69008

Un petit endroit super sympa avec une terrasse charmante, à l'ambiance fête de village. C'est de la petite restauration mais de qualité : des quiches aux saveurs originales, des soupes…

Le lieu est à la fois chaleureux et décontracté, idéal pour passer un agréable moment sans se ruiner en sortant de la visite de l'Institut Lumière.

Trois librairies...

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Librairie Rive Gauche

19 rue de Marseille, 69007

 

Une très belle librairie de quartier. L'accueil est très agréable. Claire et spacieuse, la déco de cette librairie est soignée.

De nombreux ouvrages sont mis en valeur en étant présentés par la première de couverture et certains bénéficient d'une petite fiche qui donne l'avis des libraires.

Le rayon jeunesse n'est pas en reste. Bien fourni tous les publics y trouveront leur bonheur.

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Librairie de l'Institut Lumière

20 rue du Premier Film, 69008

Dissimulée dans une charmante petite cour (terrasse du café) c'est le paradis des cinéphiles. Livres , DVD, CD, tous en rapport avec le cinéma. On saura tout sur le films, les réalisateurs, les acteurs de toutes les époques, du cinéma mythique au plus confidentiel.

Ceux qui ne sont pas intéressés par ce type d'ouvrage trouveront tout de même quelques romans dont le thème touche de près ou de loin le monde du cinéma.

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Le Bal des Ardents

17 rue Neuve, 69001

On est accueilli par une arche de livres au dessus de la porte d'entrée. L'endroit offre une ambiance un peu magique... c'est une véritable caverne du livre. Il y en a partout, du sol au plafond, dans les coins et les recoins...

Tous les domaines sont représentés ici, on ne sait plus où porter le regard !

Trois livres...

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Le cœur de l'Angleterre de Jonathan Coe,

Gallimard, 2019

 

“Comment en est-on arrivé là ? C'est la question que se pose Jonathan Coe dans ce roman qui chronique l'histoire politique de l'Angleterre des années 2010.

Du premier gouvernement de coalition de Grande-Bretagne aux émeutes de Londres en 2011, de la fièvre joyeuse et collective des Jeux olympiques de 2012 au couperet du référendum, le cœur de l'Angleterre explore les désillusions publiques et privées d'une nation en crise”.

 

Un livre que j'ai eu plaisir à lire, comme souvent la plupart des livres de Jonathann Coe. Cet auteur a toujours l'art et la manière de nous embarquer, alors même qu'il nous entraîne dans des vies sans extraordinaire, des vies quotidiennes qui sous sa plume prennent un intérêt qu'on ne leur trouverait pas ailleurs. L'humour n'est pas étranger à cette réussite. Jonathan Coe n'hésite pas à moquer ses personnages pour mieux souligner les travers de notre société.

 

Cependant, il manque un petit préalable à la lecture de ce livre. Il faut avoir lu et se souvenir de « Bienvenue au club » et « le cercle fermé ». On retrouve avec plaisir les personnages de ces deux livres mais si on ne les a pas suivis sur les décennies précédentes, il me semble qu'on risque d'une part, de moins s'attacher à eux, et d'autre part, de passer à côté de certains événements.

 

Une fois de plus, en multipliant les personnages, l'auteur peut nous brosser un tableau assez complet de la société britannique. Ainsi, les grands thèmes nés du Brexit ou resurgis à cette occasion sont mis en lumière : le nationalisme, l'austérité, le politiquement correct, les identités…

Les destins individuels sont subtilement mêlés au destin collectif. Le Brexit donne lieu à des remises en cause personnelles, c'est la société britannique dans son ensemble qui semble en plein divorce.

Les aspects politiques, parfois, ne sont pas assez explicites pour le lecteur néophyte. Mais tout de même, on comprend l'essentiel : David Cameron et son équipe ont proposé le référendum sur le Brexit en étant persuadé que la réponse serait «  non » !

 

Avec le cœur de l'Angleterre, Jonathan Coe nous offre une analyse instructive de l'état d'esprit britannique du début des années 2000.

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Clic-clac de Nathalie Azoulai,

POL 2019

“C'est l'histoire d'un film, Clic-Clac, celui que veut faire Claire Ganz à la mort de sa mère. Pour couper la tête à son mélodrame et à ce cinéma d'hommes qui ne montre jamais que des femmes éternellement transies d'amour. Comme on a sorti la scène d'adieu, on la range. Une scène pliable, clic-clac. Dire, c'est tout, fini, terminé, cut.”

 

Un livre, certes original et bien écrit, mais qui n'a suscité chez moi aucun intérêt. Peut-être parce qu'il me manquait certains préalables. Nathalie Azoulai a construit un livre à tiroirs. Le procédé en lui-même est intéressant, c'est le contenu des tiroirs qui m'a laissée froide.

Peut-être qu'un sérieux cinéphile pourra lui, trouver son compte.

 

Claire Ganz veut faire un film dont la scène d'ouverture serait la scène de fin d'une histoire d'amour. Nous ne saurons rien sur le reste de son film, seule cette scène qui devient une obsession, sera décortiquée tout au long du roman. C'est le seul point qui m'a un peu accrochée. J'ai assez bien aimé suivre la construction de cette scène, voir comment la cinéaste essaie de guider les deux acteurs qui ont toutes les peines du monde (comme le lecteur) à comprendre comment jouer la fin d'une histoire sans avoir les tenants et aboutissants de l'ensemble.

N'ayant pas une vue d'ensemble, la psychologie des personnages qu'ils doivent incarner, leur échappe.

Cette obsession de la cinéaste est liée à des sentiments si personnels que la difficulté en devient compréhensible et inévitable. C'est sur ce versant de l'histoire que l'auteur m'a perdue !

 

Le roman m'a fait l'effet d'un grand bavardage sur des films qui ont, certes, un lien avec l'histoire mais que je n'ai pas vus : "Nos plus belles années" de Sydney Pollack (1973) avec Barbra Streisand et Robert Redford ainsi que "La fièvre dans le sang" de Elia Kazan avec Warren Beatty et Natalie Wood.

Nathalie Azoulai semble s'adresser à ceux qui ont des idées précises sur ces deux films.

Les autres restent sur le bord du chemin et s'ennuient un peu.

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Où passe l'aiguille,

de Véronique Mougin

"J"ai lu" 2018

“Tomi est indomptable. Espiègle, têtu, malin, rebelle, bref Tomi a 14 ans. Du haut de son arbre préféré, il rêve de filles, d'avenir, de gloire.

Mais nous sommes en Hongrie et en 1944. L'adolescent juif est déporté avec sa famille. Pour échapper à la mort, il se dit tailleur : le voilà affecté au raccommodage des uniformes rayés. Son coup de bluff se transforme en coup de foudre, la couture deviendra une vocation.”

 

“Où passe l'aiguille” est un roman témoignage à la fois très bien écrit et très bien construit. Tomi nous livre sa vie, un destin hors du commun, d'un village hongrois au camp de concentration, du retour de la déportation au monde de la haute couture parisienne.

 

Son témoignage est entrecoupé de prises de parole des autres protagonistes nous donnant un autre éclairage sur les événements ou sur la personnalité de Tomi.

Le jeune garçon que nous découvrons au début du roman n'est pas un enfant sage et studieux. C'est un adolescent rebelle et en colère. Colère qui, cela dit, n'est pas toujours injustifiée. Menteur, parfois chapardeur, il aime disparaître pour inquiéter ses parents et “vérifier” leur amour pour lui.

Les pages de la vie dans le camp de concentration sont effroyables, il ne peut pas en être autrement.

Dès l'arrivée, sa mère et son frère sont dans la mauvaise file... il ne les reverra jamais.

Les terribles conditions de survie, la faim, le froid, la violence sont très bien retranscrites. Parfois, la personnalité de Tommy permet un trait d'humour qui fait baisser la pression et laisse un peu respirer le lecteur.

“Où passe l'aiguille” montre également très bien que, pour survivre, Tomi a eu une part de chance mais aussi une force qu'il ne doit qu'à lui-même. La chance, c'est de ne pas tomber sur un fou furieux (SS, kapo..) à qui votre tête ne revient pas. La force, c'est de ne pas penser aux cheminées qui ont vu passer votre famille en fumée. C'est savoir mentir, se rendre indispensable, chaparder tout ce qui peut s'échanger contre de la nourriture...

 

Le camp n'a pas assagi Tomi et c'est tant mieux pour lui!

Le retour dans son village puis l'arrivée à Paris sont également des moments assez forts du roman.

 

La toute dernière partie m'a tout de même moins passionnée. On est presque exclusivement plongé dans la couture. Les considérations sur la préparation des collections ne sont pas inintéressantes mais l'aspect répétitif, la profusion des détails, les nombreux termes techniques ont fini par me lasser et détourner mon intérêt ! Parallèlement, des événements plus intimes sont passés sous silence, notamment sa relation avec ses enfants. C'est un peu frustrant.

 

“Où passe l'aiguille” est un bon livre. L'auteure à subtilement évité le pathos pour livrer un témoignage à la fois plein d'émotions et de force.

Un cinéma...

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Comoedia

13 avenue Berthelot, 69007

Sur ce lieu, le « premier » cinéma existe depuis 1914 ! La salle appelée alors le Berthelot est rachetée en 1924 et devient le Comoedia.

Détruit par les bombardements du 26 mai 44, il est reconçu et ouvre de nouveau en 1949, avec un écran plus moderne de 100 mètres carrés. En 1974, il sera doté de deux salles supplémentaires puis encore trois autres en 1987.

UGC a failli mettre fin à ce beau lieu. Le groupe achète le Comoedia en 1993 et malgré le succès apparent, le ferme en 2003. De nouveaux acquéreurs le remettent sur pied en 2006.

Un long-métrage documentaire « Comoedia, une renaissance » retrace la longue aventure de ce cinéma.

Estampillé Art et Essai, le Comoedia propose une programmation variée et des événements comme des avant-premières en présence des équipes des films.

Deux films...

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Gloria Mundi de Robert Guédiguian

avec Ariane Ascaride, Jean-Pierre Darroussin, Gérard Meylan,

1h47, drame, France

“Daniel sort de prison où il était incarcéré de longues années et retourne à Marseille.

Sylvie son ex-femme l'a prévenu qu'il était grand-père. Leur fille Mathilda vient de donner naissance à une petite Gloria. Le temps a passé, chacun a fait ou refait sa vie…”

Un film assez bouleversant, qui ne va pas nous réconcilier avec le projet de société qu'on nous impose de plus en plus aujourd'hui. Robert Guédiguian dresse un constat tristement amer de notre société et, si on trouve «la barque bien chargée», l'essentiel reste malheureusement très plausible !

Dans cette galerie de portraits brossés à partir des membres d'une même famille, il me semble que les « anciens » sont plus réussis que les représentants de la jeune génération. Il n'en reste pas moins sûr qu'ils sont beaucoup plus attachants.

Ariane Ascaride incarne parfaitement bien la mère (devenue grand-mère dès le début du film) usée par une vie d'un travail physique et inintéressant. Désabusée, Sylvie n'a même plus foi en la possibilité d'une avancée sociale quelconque. Avec son mari, ils forment un couple de travailleurs modestes qui constate et se désespère de ne pouvoir aider leurs enfants.

Les deux jeunes femmes (demi-soeurs), filles du couple, incarnent les différents visages de la nouvelle génération de travailleurs. On retrouve, comme dans le dernier film de Ken Loach, le fantasme de l'auto entreprenariat. Le compagnon de Mathilda se lance comme chauffeur avec son lot de précarité tandis que cette dernière enchaîne les contrats à durée déterminée et se sent (à raison) exploitée.

Face à eux la sœur de Mathilda et son compagnon sont atroces ! Avides, sans scrupules, ils n'hésitent pas à exploiter plus pauvres qu'eux.

L'analyse est fine mais légèrement écornée par certains aspects plutôt inutiles et qui viennent brouiller le propos. Des histoires « de coucheries » restent un peu énigmatiques. Peut-être Robert Guédiguian a-t-il voulu creuser encore plus le fossé entre les générations ? Si tel est le cas, il me semble que c'est un peu hasardeux...

Au centre de ce "tableau social", Daniel qui a passé de nombreuses années en prison est, durant la majeure partie du film, spectateur de notre nouveau monde. Faisant le point sur les changements dans la ville, dans la vie, il peine à trouver sa place dans cette société qui ne semble que reproduire les inégalités et les drames. 

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Les éblouis de Sarah Suco

avec Camille Cottin, Céleste Brunnquell, Jean-Pierre Darroussin.

1h39, drame, France

 

“Camille, 12 ans, passionnée de cirque, est l'aînée d'une famille nombreuse. Un jour, ses parents intègrent une communauté religieuse basée sur le partage et la solidarité, dans laquelle ils s'investissent pleinement. La jeune fille doit accepter un mode de vie qui remet en question ses envies et ses propres tourments”.

 

Un film sensible et très intelligent. Le regard est porté sur l'enfance, l'analyse de l'emprise sur les cerveaux est minutieuse et intéressante. Le cheminement de la jeune Camille est bouleversant.

Voyant sa mère s'épanouir dans cette communauté qu'on découvre de plus en plus sectaire, le combat de Camille pour affirmer sa liberté n'en est que plus difficile et douloureux.

La question posée est subtile, jusqu'où un enfant peut-il aller pour plaire ou pour ce qu'il pense être le bien-être de ses parents ?

 

Le film est très bien ficelé et porte habilement deux propos qui cheminent en parallèle. D'un côté, on prend la mesure de l'emprise insidieuse de tout groupe qui s'apparente à une secte. La mère de Camille semble retrouver un sens à sa vie au cœur de cette communauté. Le « berger » de cette dernière n'a pas son pareil pour couper ses ouailles d'une vie sociale en dehors de son cercle, pour éloigner les familles clairvoyantes sur ses intentions... On est alors spectateur du terrible glissement de la famille de Camille, pris entre l'horreur et l'envie de rire du ridicule des pratiques.

 

D'un autre côté, on prend également la mesure de la difficulté des enfants à prendre leur autonomie de penser. Camille est ado, elle va apprendre à faire semblant. Cette dualité permanente, très bien jouée par la jeune actrice Céleste Brunnquell, nous fait craindre au fur et à mesure du film, pour sa santé psychique.

Ses jeunes frères n'ont pas sa maturité naissante. L'évolution de leur comportement témoigne des effets dévastateurs de l'emprise psychologique d'un berger néfaste.

 

Le film est prenant du début à la fin. Évitant tout sensationnel, il procure pourtant toute une gamme d'émotions fortes.

... pourquoi pas ?

... vraiment pas mal

... à ne pas manquer

... à fuir !

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Spécial camping-car
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