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Escapade à Amiens (80)

20 décembre 2017

“Sur le désir de ma femme, je me fixe à Amiens, ville sage, policée, d'humeur égale, la société y est cordiale et lettrée. On est près de Paris, assez pour en avoir le reflet, sans le bruit insupportable et l'agitation stérile.”

Jules Verne 1871 (correspondance)

 

Amiens est la commune la plus peuplée de la région Hauts-de-France après Lille.

Labellisée en 1992 ville “”d'art et d'histoire”, sa position géographique ne lui a épargné aucune guerre.

Amiens est souvent surnommée “La Petite Venise du Nord” en raison des nombreux canaux qui la traversent.

Sur la route du marché de Noël...

De la cathédrale à la place Gambetta.

 

La cathédrale Notre-Dame d'Amiens (13e siècle) est le plus vaste édifice gothique de France avec ses 200 000 mètres cubes de volume intérieur, elle pourrait contenir 2 fois Notre Dame de Paris !

Du 24 novembre au 31 décembre, “Chroma” un spectacle son et lumière est projeté tous les soirs à 19h, sur la façade de la cathédrale.

C'est beau, mais la multiplication de ce genre de spectacle à fait perdre l'originalité de la nouveauté. On finit par avoir l'impression de voir toujours la même chose.... de Reims à Rouen... de Chartres à Amiens !

Avant d'aller se perdre dans la forêt enchantée, place Gambetta où on voyage dans le monde féerique d'Alice au pays des merveilles, on fait une halte devant une bien belle horloge, œuvre collective qui mettra quatre ans à voir le jour.

Une colonne métallique rococo accompagnée d'une statue de bronze, qui fit polémique en son temps, cette horloge porte le nom de Dewailly, ancien maire d'Amiens qui en 1892 fit un legs pour sa construction.

En allant vers la maison de la culture...

 

La rue des trois cailloux est investie par les chalets du marché de Noël. Une patinoire gratuite est installée devant l'hôtel de ville.

Au milieu du 16e siècle, la commune récupère les terrains, jadis occupés par l'amphithéâtre gallo-romain, pour y bâtir un véritable palais municipal.

Au bout de la rue, la Maison de la culture, place Léon Gontier. Inaugurée en 1966, elle propose depuis son ouverture, des spectacles de théâtre, de danse, des concerts ainsi qu'une programmation de cinéma et d'expositions d'art contemporain.

Le bâtiment moderne est plutôt beau. Les maisons d'en face se reflètent dans une partie de la façade de verre, c'est du plus bel effet !

Sur le chemin de la gare

Si on prend la rue des trois cailloux dans l'autre sens, outre les chalets boutiques, il y a quelques vitrines animées sur la thématique des voyages extraordinaires de Jules Verne.

Ne pas manquer la maison du Père Noël, dans le square Saint-Denis et si le locataire n'est pas présent à toute heure, pas d'inquiétude , une boîte aux lettres reste accessible jour et nuit !

Au bout du parcours, la grande roue de 50 mètres tente de rivaliser avec la Tour Perret , mais sans succès, puisque cette dernières fait un peu plus du double !

Construite entre 1949 et 1952, elle a été conçue par l'architecte Auguste Perret dans le cadre du projet de reconstruction de la place Alphonse Fiquet et de la gare d'Amiens, à la suite des destructions massives de la Seconde Guerre mondiale.

Immeuble résidentiel et de bureaux, cette tour constituait à l'époque un exploit, quant à l'utilisation du béton armé ! Elle fut longtemps le plus haut gratte-ciel d'Europe de l'Ouest !

Pour se restaurer...

Le T'chiot zinc

18 rue de Noyon

Une très bonne adresse : bon, copieux, serveurs agréables, pour une salle tout en longueur avec des demi-étages.

Certaines tables pour deux sont dans des alcôves et certaines pour deux n'ont pas de voisinage trop proche, ce qui de nos jours,  devient un luxe ! Un endroit agréable pour découvrir les spécialités locales : la ficelle picarde (crêpes garnies de jambon, de champignons, de crème fraîche et cuites au four), la Caghuse (sorte de blanquette de porc avec oignons, crème et vinaigre)

Deux librairies...

La librairie du Labyrinthe

3 rue du Hocquet

 

Des livres, en veux-tu en voilà.... il y en a partout, dans tous les coins de cette petite librairie très chaleureuse . Un libraire sympathique pour cette caverne d'Ali Baba de la lecture !

Librairie Martelle

3 rue des vergeaux

 

On est dans un petit supermarché du livre mais la déco et l'ambiance fait qu'on s'y sent très bien. La taille du lieu permet d'offrir un très large choix : tous les genres littéraires, de la papeterie, des jeux éducatifs...

Le rayon jeunesse est très impressionnant.

À noter, une idée très originale : le bac des “livres à l'aveugle” ! Des livres au format de poche sont joliment emballés dans du papier kraft. On ne peut donc voir ni la première, ni la quatrième de couverture, seulement trois ou quatre mots clés, écrits sur l'emballage ! Exemple” Amérique, années 50, nouveau départ” ou encore” Espagne, musique bouleversements

Deux livres...

Fille de révolutionnaires de Laurence Debray

Stock, 2017

 

"Pourquoi m'avoir exclue de leur histoire ? Voulaient-ils m'épargner le rôle asservissant de gardienne du Temple ? Où était-ce parce que je ne me montrais pas à la hauteur de la légende ?

La culpabilité du rescapé les empêcherait-elles de se confier ? D'un commun accord, ils ne tenaient pas à me relier à leur passé. J'aime à croire qu'ils voulaient me protéger."

 

Un livre qui met en colère tant il suinte de malhonnêteté intellectuelle !

La quatrième de couverture, prometteuse, est terriblement trompeuse !

La fille de Régis Debray est censée nous faire revivre le parcours de ses parents, de Saint-Germain-des-Prés à Cuba, de Che Guevara à la France de Mitterrand.

 

La narration est parfois intéressante mais les analyses personnelles de l'auteure sont d'une mauvaise foi affligeante. Bien sûr, qu'aujourd'hui, on sait que la révolution cubaine a été un échec. Mais qui peut repprocher à la jeune génération, contemporaine de ces événements, d'y avoir cru ?

Laurence Debray, elle, se le permet, à priori plus maligne que tout le monde, elle fait passer son père et ses “acolytes” pour une bande de naïfs, voire d'illuminés.

Cette auteur nous livre des analyses simplistes, réacs, sans aucune profondeur, ni mise en perspective.

C'est un pur règlement de compte avec son père. Les reproches contre celui-ci sont divers et variés : il ne sait pas s'adresser aux gens qui n'auraient pas un bac + 8, il s'est plus occupé du tiers-monde, que d'elle....Il l'a empêchée de boire du coca et de manger des corn-flakes !!

Au fur et à mesure de la lecture, on sombre dans le ridicule. Est-ce du 15 ème degré où cette jeune femme prend-t-elle au sérieux ses complaintes ? À vouloir nous faire pleurer sur son enfance, elle en arrive à nous faire rire !

Pauvre petite fille qui a côtoyé les plus grands intellectuels, qui a voyagé partout dans le monde, dont le père a annulé un rendez-vous avec le président Mitterrand pour partir à la recherche d'un doudou,  offert par Jane Fonda !!

Comme je regrette d'avoir acheter ce livre, catalogue d'inepties !

Nos richesses de Kaouther Adami

Seuil, 2017

En 1935, Edmond Charlot a 20 ans, il décide de devenir libraire et éditeur.

Placée sous l'égide de Giono, sa minuscule librairie à Alger est baptisée “Les vraies richesses”

En 2017, Ryad a le même âge que Charlot à ses débuts.

Mais lui n'éprouve qu'indifférence pour la littérature. Étudiant à Paris, il est de passage à Alger avec la charge de repeindre une librairie poussiéreuse, où les livres cèderont bientôt la place à des beignets.

 

Un très beau livre qui ravive le souvenir du premier éditeur d'Albert Camus. La vie d'Edmond Charlot est une belle aventure humaine et littéraire.

L'auteure nous prend littéralement la main pour nous conduire dans les rues d'Alger : les ruelles baignées de soleil, les cafés, les marchés aux légumes... On assiste, ému, à l'ouverture de la minuscule librairie rue Hamani, ex rue Charras. Edmond Charlot veut éditer de jeunes écrivains de la Méditerranée, sans distinction de langue ou de religion. C'est donc tout naturellement que nous croisons dans ces pages Albert Camus installé dans le petit local pour corriger ses manuscrits.

Cette belle histoire d'un amoureux de la littérature ne va pas sans heurts. Les époques troublées de la Seconde Guerre mondiale et de la guerre d'Algérie ne seront pas sans conséquence sur la vie de Charlot que ce soit dans le domaine des idées politiques ou dans un domaine plus matériel : le manque de papier.

Être un petit libraire indépendant n'était déjà pas une sinécure il y a 80 ans !!

Le contraste est saisissant avec le jeune Ryad de 2017.

Les livres lui font presque peur. Il pense donc pouvoir vider la vieille librairie sans état d'âme. Mais c'est sans compter sur la présence du vieil Abdallah, le gardien du temple, le dernier occupant du lieu qui avait été transformé en annexe de la bibliothèque d'Alger.

 

Ce livre est multiple, sur le fond et la forme ce qui l'éloigne d'un potentiel ennui. C'est à la fois un bel hommage à Edmond Charlot, aux livres mais aussi à la ville d'Alger.

"PourvuQu'on Ait Livre's" en a parlé !

L'ordre du jour de Éric Vuillard, Acte Sud, 2017

Nous en avions parlé dès le mois de juillet. Retrouvez notre critique dans l'escapade à Arcachon.

La disparition de Joseph Mengele de Olivier Guez, Grasset, 2017

Nous en avions parlé dès le 2 octobre. Retrouvez notre critique dans l'escapade à Orléans.

Un cinéma...

Le Ciné Saint-Leu

23 rue van Marcke

 

Il se trouve dans un quartier ne pas manquer. C'est le plus vieux quartier d'Amiens,

les bords de la Somme ont été joliment aménagés avec la création de commerces de restauration.

Avant ou après la séance, on peut trouver un resto sympa ou flâner dans les vieilles rues, le long des canaux avec des maisons traditionnelles en torchis ou en briques.

Le ciné Saint-Leu est un cinéma d'art et d'essai qui dispose d'une très belle salle spacieuse et confortable.

La programmation est faite avec soin, pour des prix très raisonnables, ce qui n'est pas le cas du grand complexe qui se trouve à côté de la gare d'Amiens !

Deux films...

Un homme intègre

de Mohammad Rasoulof avec Reza Akklaghirad, Soudabeh Beizaee, Nasim Adabi,

1h 58, Iran, drame.

 

 

Reza, installé en pleine nature avec sa femme et son fils, mène une vie retirée et se consacre à l'élevage de poissons d'eau douce.

Une compagnie privée, qui a des visées sur son terrain, est prête à tout pour le contraindre à vendre. Mais peut-on lutter contre la corruption sans se salir les mains ?

 

Un film glaçant, tant sur le fond que sur la forme. Sur le fond, on s'en doutait un peu. “Pourvu qu'on ait livre's” a fait de nombreuses critiques de films et de livres sur l'Iran.

Dans ce film, sorte de conte moral et politique, la démonstration est implacable. Non seulement la corruption se pratique à tous les niveaux mais en plus, si on n'entre pas dans ce jeu, c'est sa liberté et sa vie que l'on risque.

Pour résister, il faut être fort. Mais le point d'équilibre est ténu et la force peut vite vous faire passer du côté des oppresseurs.

La forme du film est abrupte. Certes, cette sécheresse sert le propos. On n'assiste pas à une joyeuse partie de pêche mais à une lutte pour garder son bien matériel et sa conscience

Cependant la rareté des dialogues (décidémment les rôles de “taiseux” sont de plus en plus présents dans nos derniers films !) ne nous permet pas de saisir aisément l'état d'esprit des protagonistes .

Un homme intègre est un film austère, avec des paysages sinistres, à l'image d'une violence sociale qui semble être inextricable.

On assiste, plombés, à la description d'une société iranienne binaire : les corrupteurs/les corrompus, les oppresseurs/les opprimés...

L'avenir ne semble guère optimiste !

Bienvenue à Suburbicon

de George Clooney avec Matt Damon,  Julianne Moore, Noah Jupe,

1h44, policier, comédie, USA.

 

Suburbicon est une paisible ville résidentielle aux maisons poprettes et aux pelouses impeccablement entretenues. L'endroit parfait pour une vie de famille.

Durant l'été 1959, tous les résidents semblent vivre leur rêve américain. Dans cette parcelle de paradis pourtant, entre les murs de ces pavillons, se cache une réalité toute autre...

 

Un scénario des frères Coen, adapté par George Clooney, ça donne forcément un film au-dessus de la moyenne dans le paysage cinématographique hollywoodien si prévisible !

Bienvenue à Suburbicon est une satire grinçante et sanglante du rêve américain.

Dans un décor de carte postale et derrière des sourires de publicité se cache une terrible violence.

Cette violence est partout, aussi bien sociale que familiale et les enfants en sont les spectateurs et les victimes.

Tensions et "horreurs" vont crescendo tout au long du film. On suit en parallèle, l'enfer d'une paisible famille noire qui s'installe dans cette banlieue faussement paradisiaque et contre laquelle va se déchaîner la haine d'un racisme primaire, et l'enfer d'un petit garçon dont la famille modèle va s'avérer un nid d'escrocs et de tueurs.

 

Ceux qui ont aimé Clooney dans “O'Brother”, “Burn After Reading” seront réjouis de ce qu'il a fait du scénario des frères Coen : un film critique sur les États-Unis mais aussi une farce macabre qui donne envie de rire avec ses personnages qui s'enlisent petit à petit et meurent dans des situations grotesques.

Ceux qui ne goûtent pas ce genre d'humour proscrirront ce film qui leur paraîtra forcément trop décalé et terriblement improbable.

Pour “Pourvu qu'on ait livre's”, ce fut un très bon divertissement !

Un musée...

La maison de Jules Verne

2 rue Charles-Dubois

 

 

La visite peut se faire seul, avec un dépliant mais c'est vraiment dommage de se priver d'un guide (gratuit) qui rend la visite vivante et agrémente l'histoire officielle de petites anecdotes.

(Visite guidée pour individuel, les mercredis, samedis et dimanches à 15h pour une durée de 1h).

La maison qui date du milieu du 19e siècle est très belle et bien conservée. Jules Verne et sa femme, qui était amiénoises, y ont vécu de 1882 à 1900.

Au rez-de-chaussée, on retrouve la disposition classique d'un intérieur bourgeois de l'époque. Les pièces ont conservé en grande partie leur décor d'origine et le jardin d'hiver est sublime.

Dans les étages, on s'intéresse plus à l'œuvre de Jules Verne, avec une large place faite à son éditeur Pierre-Jules Hetzel.

La liste est longue de tout ce que l'on trouve,  tant l'oeuvre de cet auteur est conséquente et son imagination débordante : des livres, les siens mais pas que,  puisqu'il se documentait beaucoup pour écrire : des notes, des maquettes, les produits dérivés de ses œuvres (cartes à collectionner, jeux, affiches..)

Une visite vraiment très sympathique.

... pourquoi pas ?

... vraiment pas mal

... à ne pas manquer

... à fuir !

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